NETTALI.COM - Dans les colonnes de Walf Quotidien, la semaine passée, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SENELEC), Pape Mademba Bitèye a tenté de faire comprendre que le patron d'Akilee ne cherche qu’à protéger un business de compteurs de 130 milliards F Cfa qu'il ne veut point "lâcher". Amadou Ly n'a pas tardé à répondre, ce lundi 31 Août. Il a abordé plusieurs questions notamment le contenu réel du contrat qui n'est pas selon lui une affaire de compteurs à laquelle on veut le réduire. Il s'agit au contraire de déployer un système de comptage intelligent avec pour objectif de réduire les pertes commerciales essentiellement composées de vol et de fraude. Le DG d'Akilee n'a pas fait que cela puisqu'il a rejeté la rupture évoquée par la Direction Générale de Senelec qui l'a poussée à commander des compteurs auprès de la société Israêlienne Powercom. Tout au plus, a t-il dit, le but est de "servir des intérêts privés"
Réduire les pertes commerciales et les charges d’exploitation de 500 milliards FCFA en 10 ans pour un coût total du projet de 187 milliards
En effet, l’actuel DG de Senelec a prétendu que la durée du contrat était longue sans tenir compte de la baisse des prix. Nous souhaitons rappeler que le contrat signé entre SENELEC et AKILEE a pour objet de déployer et d’exploiter un système de comptage intelligent aux fins de réduire les pertes commerciales (fraudes, anomalies diverses…) et les charges d’exploitation, ainsi que de transformer radicalement et positivement l’expérience des clients de SENELEC.
La durée de ce projet découle d’un benchmark fait à travers le monde. Il faut rappeler qu’il s’agit de réduire les pertes commerciales et les charges d’exploitation de 500 milliards FCFA en 10 ans pour un coût total du projet de 187 milliards. Je rappelle encore une fois que SENELEC a déjà perdu près de 800 milliards au cours des dernières années, que si rien n’est fait de manière structurelle, c’est 1273 milliards FCFA que nous pourrions perdre dans les 10 ans qui viennent. La plupart du temps, ces projets se déroulent sur une période de 8 à 15 ans puisqu’il y a une limite physique en termes de capacité de déploiement à un coût optimal, mais également une question de soutenabilité financière, notamment en termes de trésorerie.
Et dans ce cadre le prix proposé est un prix moyen sur les dix prochaines années qui tient compte à la fois de l’effet d’échelle mais également de l’évolution future possible des prix. Ainsi, les prix actuels sur le marché sont sans conteste supérieurs aux prix proposés par AKILEE. Par ailleurs, nous avons proposé un prix fixe avec la garantie de toujours offrir la meilleure technologie disponible sans surcoût (cf. Annexe 5 du contrat). Je ne vois pas où se trouve le lien de causalité entre la validité du contrat et la durée et les prix qui découlent d’une analyse technico-économique réalisée en toute objectivité.
Concernant l’exclusivité, le DG de Senelec essaye par tous les moyens de réduire le projet AMI à une question de fourniture de compteurs. Preuve s’il en fallait une qu’il n’a pas saisi les enjeux. La mission confiée à AKILEE est une mission globale de déploiement et d’exploitation de ce système, en ce compris tous les équipements et matériels requis dans le cadre du projet. Une des raisons principales de ce choix est l’assurance de la qualité afin de maximiser les chances de réussite du projet. On ne peut donc pas prendre le risque de laisser des composants essentiels pour l’intégrité du système de comptage être approvisionnés par ailleurs. Il n’est point besoin de verser dans la démagogie pour créer la confusion dans l’esprit des Sénégalais. Cela justifie l’exclusivité qui permet de garder la cohérence matérielle et opérationnelle du projet. Cette exclusivité prévoit plusieurs voies de rupture si AKILEE devenait défaillante pour des raisons économiques, opérationnelles ou juridiques.
Enfin, ce qu’il faut sans doute rappeler, c’est que Senelec avait de gros problèmes d’approvisionnement liés aux appels d’offres, avec de sérieuses contraintes de trésorerie pour commander des compteurs qu’elle devait payer à 100% avec un acompte de 30% à la commande et un solde de 70% à la livraison. Avec ce contrat, nous leur demandons désormais 15% d’acompte et le solde de 85% est pré financé par AKILEE et payée sur 4 ans à partir de la livraison. Ce qui signifie qu’AKILEE est payée sur 14 ans pour un contrat de 10 ans ; ce n’est donc pas comme si on avait pris 187 milliards dans les comptes de SENELEC qu’on aurait donné à AKILEE pour qu’elle en fasse ce qu’elle veut.
Le stock de compteurs était largement suffisant
La commande passée à Powercom a été faite uniquement pour servir des intérêts privés car rien ne la justifiait au regard du fait que :
- Le stock de compteurs était largement suffisant car AKILEE avait livré 100 000 compteurs en décembre qui devaient tenir jusqu’à fin mai d’une part, que les compteurs intelligents commandés dans le cadre du contrat avec AKILEE, permettaient d’assurer la satisfaction des besoins par la suite.
- La crise du Coronavirus a eu pour effet de ralentir l’activité de branchement et a baissé la demande en compteurs pendant toute la période allant de mars à mai.
AKILEE dans sa démarche responsable a toujours tenu à être informée du niveau des stocks ; jamais Senelec n’a répondu, fait inédit au cours des 3 années de collaboration passées. D’après mes informations, la directrice commerciale a préparé une note qui n’avait aucun autre but que de justifier, sur la base de faux prétextes, comme cela a toujours été le cas dans cette affaire, le marché que Monsieur BITEYE voulait engager avec Powercom.
Ainsi, comprenant les agissements de la direction générale de SENELEC, AKILEE a engagé la fabrication de 57500 compteurs à la fin mars ; ces compteurs ont commencé à être livrés en mai bien avant ceux de Powercom livrés à partir de juillet. A côté de cela, il y avait des compteurs commandés dans le cadre de la coopération avec la KFW qui devaient être livrés courant avril. Ce qui veut dire qu’il n’y avait absolument aucun risque de rupture de stock. Et au moment où on parle AKILEE a livré 30000 compteurs supplémentaires, auxquels vont s’ajouter 54000 autres dans les prochaines semaines. C’est donc près de 144 000 compteurs qui seront déjà livrés au Sénégal dans le cadre du contrat qui nous lie avec SENELEC. Ces compteurs et leurs accessoires, c’est beaucoup d’argent que personne n’a le droit de jeter par la fenêtre dans la mesure où il s’agit de deniers publics que nous devons préserver.
Je voudrais terminer en disant que sur cette affaire Powercom les organes chargés de veiller à la bonne utilisation des ressources publiques (DCMP) et à la bonne gestion de Senelec (Conseil d’Administration) ont été sciemment et volontairement induits en erreur dans leur décision. Ce, pour les pousser à autoriser cette transaction avec Powercom, sans appels d’offres et en totale violation du contrat avec AKILEE qui n’a jamais connu la moindre défaillance dans l’approvisionnement des compteurs.
Le contrat signé avec AKILEE gênait toute une économie parallèle qui vivait de commissions
A supposer qu’il y ait un déséquilibre, ce que nous contestons formellement, y avait-il vraiment besoin de faire autant de bruits autour de ce contrat ; particulièrement quand on sait que SENELEC est actionnaire d’AKILEE à 34%. La vérité est bien plus simple que Monsieur BITEYE ne le dit. Le fait est que le contrat signé avec AKILEE gênait toute une économie parallèle qui vivait de commissions dans le cadre des appels d’offres. Il fallait bien que quelqu’un acceptât d’être la marionnette qui allait essayer de saboter le contrat avec AKILEE pour servir ces intérêts privés.
En ce qui nous concerne, notre partenaire HEXING a même été approchée à plusieurs reprises par un ancien haut cadre de SENELEC, actuellement à la retraite et qui continue à être très proche de certains hauts responsables de la société nationale. Or, ce qui a conduit à s’orienter vers ce contrat, c’est uniquement la recherche d’une plus grande performance financière (réduction des pertes et charges d’exploitation) et d’une plus grande efficacité opérationnelle de Senelec. En effet, on a vu la situation de blocage dans laquelle SENELEC était en 2016 et 2017 concernant son approvisionnement en compteurs. C’est avec AKILEE que la situation s’est décantée avec à la clef, de meilleurs prix, des délais d’approvisionnement fortement réduits de 12 à 3 mois et des charges financières supprimées.
Par contre, Monsieur BITEYE ne vous dira pas tous les manquements extrêmement graves et répétés de SENELEC qu’ils ont sciemment orchestrés pour empêcher la bonne exécution du contrat. Le plus remarquable d’entre eux est le fait de ne pas avoir accepté de lancer le pilote prévu avec les 2000 premiers compteurs que nous avons livrés en novembre 2019 ; ce, malgré toutes nos relances. Or, on vient d’assister à un simulacre de lancement du programme de généralisation des compteurs intelligents le jeudi 27 août 2020 à Gorée. Le plus cocasse dans tout cela, c’est qu’on n’a vu aucun représentant du ministère de l’énergie, du ministère des finances ou encore, et c’est normal au regard de l’objectif de ce projet, aucun représentant de la Présidence de la République. Un lancement au forceps donc en ignorant ceux qui ont été à la base de ce projet, à savoir AKILEE. Ma conviction est que la justice divine opérera inévitablement ; laissons le temps nous édifier.