NETALI.COM - Une autre polémique pollue l’atmosphère au Soleil. Sauf que, cette fois-ci, elle vient de l’extérieur, du Ben du Synpics qui accuse le directeur général de harceler la journaliste Dié Maty Fall. Le Dg Yaxam Mbaye s’en défend et a reçu le soutien du Synpics maison qui s’inscrit également en faux contre de telles allégations. Une affaire rocambolesque.
Dans un communiqué du Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), il est dénoncé des agissements du directeur général Yakham Mbaye. “Après l’épisode de la dame Fatou Ly épouse Croquette, brutalement et abusivement licenciée pour avoir éternué au bureau en plein période de Covid et refusé d’être ostracisée, nous apprenons que la journaliste, doyenne dans la profession, Dié Maty Fall, est dans le collimateur du directeur général du ‘Soleil’ qui lui en fait voir de toutes les couleurs’’, lit-on dans la note signée par le Bureau exécutif national du Synpics.
A l’origine du conflit, le refus de la dame Fall de ne pas traiter certains sujets. “Dié Maty Fall, journaliste sénior avec près de trente ans de service, est depuis quelques jours la cible privilégiée du ’commandement’ du ‘Soleil’ qui lui refuse même d’invoquer sa clause de conscience et veut l’obliger à traiter de sujets politiques, alors qu’il est de notoriété publique qu’elle est membre du Bureau politique du Parti socialiste sénégalais. Malgré ses protestations d’ordre éthique, la dame est aujourd’hui victime d’un harcèlement qui répond simplement à la technique du management par la terreur’’, regrette le Ben du Synpics.
En outre, le Ben “exige la mise à l’arrêt de la machine de l’intimidation mise en branle avec une demande d’explication aux motifs honteux, puis une mise au placard consistant à traiter des communiqués ! Pour une journaliste de sa trempe, s’obliger à traiter de communiqués de presse, qui plus est obsolètes et dépassés, c’est le comble de l’humiliation’’. Aussi, il “prend à témoin l’opinion qu’au-delà des questions de droits du travail, il est inacceptable de laisser des pratiques dictatoriales avoir cours et pour victime des femmes dont le professionnalisme et l’honnêteté intellectuelle n’est plus à démontrer’’.
En effet, le Ben dit avoir constaté qu’au Sénégal, “les femmes continuent d’être victimes de la furie des directeurs généraux de médias publics’’. Ainsi, “ostracisées, violentées, harcelées sans raison autre que se trouvant sur le chemin de dirigeants de boites sous perfusion de l’Etat et qui usent de la technique du management de la terreur pour imposer un semblant d’autorité.
Le Bureau exécutif national du Synpics note avec effroi une vendetta en cours dans deux des médias publics sénégalais, le ‘Soleil’ et l’APS, ciblant exclusivement des femmes, victimes faciles de prédation et d’abus de pouvoir sur fond de sexisme mal placé’’. Les cas de Yaye Fatou Ndiaye et Fatou Diop, “illégalement licenciées pour avoir osé porter plainte contre le directeur de l’APS pour violence et voies de faits’’, de Mme Croquette et aujourd’hui de Dié Maty Fall en sont des exemples patents.
YAXAM MBAYE (DIRECTEUR GÉNÉRAL DU “SOLEIL’’) - “Dié Maty Fall ne subit aucun tort au ‘Soleil’’’
“Je suis le 8e directeur général du ‘Soleil’. Aucun directeur, avant moi, n’a promu aucune des femmes à des postes de responsabilité. Le n°3 du ‘Soleil’ est une femme. On a une directrice commerciale. On a une cheffe de service des ventes. Le chef du desk Sports a pour adjoint une femme. La liste est longue.
Le communiqué du Ben du Synpics est un tissu de mensonges. Je pèse bien mes mots. Aucun acte administratif n’a consigné Dié Maty Fall à la rédaction de communiqués. Et même si c’était le cas, c’est quand même insultant, à l’endroit des journalistes, de dire que rédiger un communiqué est une tâche avilissante. Un communiqué, c’est de l’information. C’est honteux pour un syndicat, qui dit représenter les journalistes, de ne pas savoir ce que c’est la clause de conscience. Je les renvoie à Internet.
Aussi, quand on est journaliste, il y a une chose élémentaire qui est la confrontation de l’information. Libre à un travailler du ‘Soleil’ d’aller se plaindre au niveau du Synpics. Mais le Synpics n’avait-il pas l’obligation morale de recueillir l’avis de la direction ? Ce communiqué est une sorte d’inquisition. Dié Maty Fall est une reporter au desk Politique et International. Elle se refuse à faire des reportages, à écrire. Tout ce qu’elle fait, c’est tripatouiller des dépêches. Elle avance qu’elle est porte-parole adjointe du Parti socialiste, c’est pour cela qu’elle n’écrit pas. Mais elle est liée au ‘Soleil’ par un engagement politique ou un lien contractuel ? Quel journaliste peut se prévaloir de ne pas écrire dans un domaine parce que je suis tel ?
Dié Maty n’a reçu aucune sanction. Aucune ! Elle a été interpellée verbalement sur des agissements. ‘Le Soleil’ est un journal gouvernemental. Ses écrits engagent le gouvernement du Sénégal. La politique étrangère du Sénégal est définie par le chef de l’Etat et conduite par son gouvernement. On ne peut pas se permettre qu’un journaliste puisse rebondir sur des dépêches qui dégagent des contentieux sur des pays amis du Sénégal. Elle a été rappelée à l’ordre. On lui a dit qu’elle n’était pas garante de la ligne éditoriale du ‘Soleil’. Arrêtez d’engager, par vos écrits, ‘le Soleil’. C’est ce qu’on lui a dit.Pour harceler une personne, il faut avoir le contact avec elle. En trois ans de présence au ‘Soleil’, elle n’est entrée dans mon bureau qu’une seule fois. S’il y a quelqu’un qui harcèle les gens au ‘Soleil’, c’est elle. On lui a dit que c’était au rédacteur en chef de s’occuper maintenant des dépêches internationales.
C’est tout ce qu’on a fait. On lui a demandé d’écrire surtout ce qu’elle voulait en politique. Mais le lendemain, elle a récidivé en écrivant un commentaire sur la Turquie et la Grèce. Son chef de service lui a adressé une demande d’explication. Elle a répondu en se confondant en excuses et dire qu’elle n’allait plus le faire. C’est après qu’elle est allée voir les syndicats. Dié MatyFall ne subit aucun tort au ‘Soleil’. Je défie le Synpics de sortir le bout d’un document dans lequel il y a quelque chose qui ressemble à un harcèlement à l’endroit de Dié Maty. Cette affaire du Synpics, je la prends comme une réaction unilatérale de Bamba Kassé qui veut régler des comptes personnels. Le licenciement à l’APS, qu’il soit fondé ou pas, ne concerne pas‘. Le Soleil’ et l’affaire Croquette est entre les mains de la justice.
En résumé, il faut arrêter cette diabolisation, parce que Yakham est de l’APR, du pouvoir, etc. On veut me dépeindre en diable. Je suis d’avis qu’il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes.
Nous sommes tous des humains. Qu’il liste cette discrimination. L’époque du ‘Soleil’ où il y avait ce baronnât est révolu.
Si on est agent, on travaille. Aucun agent n’est plus puni qu’un autre. Ce n’est pas parce que Dié Maty est du Parti socialiste.
Je suis le DG, je traite des communiqués, j’écris et je vais en reportage. Il faut que le Ben du Synpics comprenne que moi Yakham Mbaye, je suis insensible au terrorisme verbal. Mais Dié Maty va se plier, de gré ou de force, à ce qu’on lui dit de
faire. Au ‘Soleil’, nous sommes tous des agents. Ce ne sont pas les noms qui font les gens. C’est plutôt le travail, la production. Le DG est également le directeur de publication.’’
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