NETTALI.COM - La société civile prend les devants et lance l’alerte, au sujet de la convocation du président de l’Union des magistrats sénégalais. En clair, six organisations plaident pour l’indépendance de la justice.
Une déclaration signée par six organisations de la société civile, sonne l’alerte, pour témoigner soutien et solidarité au président de l’Union des magistrats sénégalais et à tous les magistrats qui luttent. Comme signataires, il y a la Raddho, LSDH, l’ONDH, l’ONG 3D, Africajom Center et Osidea.
Dans le document, ils affirment avec force :“Nous manifestons tout notre soutien et notre solidarité au président de l’Union des magistrats sénégalais, fervent défenseur de l’indépendance de la justice et à l’UMS, eu égard au rôle prépondérant et au combat qu’elle ne cesse de mener pour une justice indépendante, juste et équitable.’’
A en croire les signataires, l’organisation pourra également compter sur eux, dans le cadre de la lutte pour l’indépendance de la justice. “Nous ferons face à toute velléité de fragiliser cette organisation essentielle pour la défense des intérêts matériels et moraux des magistrats, gage d’une justice forte et indépendante. Aussi, restons-nous vigilants quant à la suite qui sera donnée à cette convocation.’’
Joint par téléphone Enquete, hier, en début de soirée, le secrétaire général de la Rencontre africaine des Droits de l’homme, Sadikh Niass, condamnait déjà cette convocation du président de l’Union des magistrats sénégalais. Il disait : “Si le président de l’UMS a été convoqué pour des opinions personnelles qu’il a eu à donner dans le cadre d’interviews, nous le déplorons avec la dernière énergie. Ce serait une violation grave des libertés d’opinion. Ce n’est pas parce qu’il est magistrat qu’il ne peut avoir son avis sur une affaire revêtue de la chose jugée. Je pense que n’importe quel citoyen peut avoir son opinion sur ça.’’
Embouchant la même trompette, son homologue de la Ligue sénégalaise des Droits de l’homme, Alassane Seck, estime que cette convocation n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’intimidation. “Nous sommes très préoccupés par cette situation. Souleymane Téliko parle ès-qualités, en tant que représentant des magistrats. Je pense que le ministère gagnerait à calmer le jeu. Les magistrats luttent pour l’indépendance et le respect de la loi; c’est un combat juste. Des affectations comme celles de Ngor Diop sont inadmissibles. Il faut respecter le principe de l’inamovibilité des juges’’.
Pour beaucoup d’observateurs, c’est la posture inédite de l’Union des magistrats sénégalais dans ce dossier de l’affectation du magistrat Ngor Diop, par le biais des consultations à domicile, qui est à l’origine de l’ire de la chancellerie.
Se prononçant sur ce dossier, Sadikh Niass dénonce : “Tout ça contribue à affaiblir la justice. Cette affectation, nous l’avons fustigée. L’Exécutif ne doit pas pouvoir sanctionner un magistrat juste parce qu’il a rendu une décision. Il y a le principe de l’inamovibilité qu’il faut respecter.’’ Se félicitant du combat mené par l’UMS, il rappelle qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest, les magistrats ont même des syndicats pour la défense de leurs intérêts. C’est le cas du Burkina Faso. Et d’ajouter : “Il faut vraiment se garder de fragiliser l’institution judiciaire. Cela n’arrange personne. La justice est le dernier rempart dans un pays. Tout ce qui l’affaiblit ne peut nous laisser indifférent.’’
Pour sa part, M.Seck a tenu à témoigner tout son soutien au président Téliko et à tous les membres de son organisation. “Nous leur témoignons notre soutien et nous leur demandons de rester fermes et d’avoir le courage de leurs idées. Les magistrats ont juré devant la nation, pas devant un pouvoir. Ils disent le droit pour le peuple, non pour des individus. Un magistrat, quelle que soit la pression, n’a le droit de dévier de son serment. Qu’ils sachent que le jugement de Dieu est au-dessus de toutes ces autres considérations’’, plaide le défenseur des Droits de l’homme.