NETTALI.COM - Qui a raison ? Qui a tort ? Qui a menti, devrait-on peut-être se demander ? Ce sont là les vraies interrogations qui ont occupé les médias si friands de polémiques. Au finish, c’est à un audio qu’on a eu droit et sur lequel l’on peut entendre la voix d’Ousmane Sonko qui interpelle cheikh Issa Sall, le magistrat et témoin de cette fameuse demande de rendez-vous. L’autre question était de savoir qui a supplié l’autre entre le leader de Pastef et le ministre Mansour Faye. Chacun a en tout cas renvoyé la balle à l’autre. Mais au fond que tire-t-on d’une telle polémique qui n’a accouché en fin de compte que d’un « et après » ?
Dans cette histoire sans fin, tout a en réalité commencé avec le sieur Faye qui a déclaré qu’il ne répondrait pas à une convocation de l’Ofnac, s’il venait à être convoqué par l’institution. C’était à « Grand Jury » de la RFM chez Babacar Fall contre lequel Mansour Faye avait menacé de porter plainte s’il osait à nouveau poser sa question embarrassante, lors de cette fameuse conférence de presse. Le journaliste Fall lui demandait pourtant le plus simplement du monde si l’un des fournisseurs est son ami ou pas.
Quoi qu’il en soit la déclaration de Faye selon laquelle, il ne répondrait pas à l’Ofnac a suscité des réactions parmi lesquelles celle d’Ousmane Sonko qui l’a semble-t-il le plus incommodé. Le leader de Pastef a fait savoir que si ce dernier a pu dire cela, c’est parce qu’il est juste le beau-frère du président Sall. Le surlendemain, ce dernier s’est alors invité sur le plateau de la 2 STV et contre toute attente, il s’est mis à faire des révélations, soutenant que celui qui s'attaque à son statut de beau-frère, s’était pourtant adressé à lui à une époque pour solliciter une audience avec le président de la République. Il précisera au passage que l’audience en question est réelle et qu’un haut magistrat en était le témoin. Il brandira même l’existence d’un audio pour prouver la réalité de l’audience. Ousmane Sonko répliquera le même jour en traitant Mansour Faye de « menteur » et en le mettant au défi de sortir l’audio, si tant est qu’il existe. Il lui demandera aussi de préciser la date, le lieu et les circonstances.
Réaction du ministre. Ce dernier demande à Sonko de l’autoriser par voie d'huissier à diffuser l’audio. C’est là que Yakham Mbaye entre en scène. Dans une interview avec Dakaractu, celui-ci confirme l’entrevue et balance l’audio sur lequel, on peut entendre Sonko parler à son ami et camarade de promotion à l’Ena, le magistrat cheikh Issa Sall. "Je ne savais que vos gars descendraient aussi bas. Si l’audience a eu lieu, c’est parce que Mansour Faye l’a sollicitée avec insistance ", a dit M. Sonko.
Puis ce fut autour de Cheikh Issa Sall de faire une sortie sur e-media pour confirmer l’audience et ajouter qu’elle a bel et bien eu lieu en 2013, précisant qu’ils étaient trois dans le bureau de Mansour Faye. Puis celui-ci de s'étonner que Sonko veuille nier l'existence d’une telle rencontre alors que c’est lui qui l’avait sollicitée pour intercéder en faveur d’un de ses amis.
Réponse du berger à la bergère, l’ancien inspecteur des Impôts dans une vidéo, évoque des sociétés immobilières de Macky Sall en ces termes : “Les enquêteurs de la Crei m’ont convoqué en tant que chef de la brigade immobilière des Impôts et domaines. Ils m’ont présenté une fiche de sociétés immobilières me demandant de leur dire celles qui appartiendraient aux dignitaires de l’ancien régime. Je leur ai montré la société Balbassi qui appartient à Macky Sall qui n’a jamais payé d’Impôts. Ils ont mis un terme à l’entretien.” A l’en croire, c’est dans ce cadre qu’il a envoyé un avis de vérification à Macky Sall. “L’agent est allé à Mermoz, on lui a dit qu’il n’y était pas. J’ai dit à l’agent de le lui apporter au palais. Cette procédure a créé beaucoup de bruit aux Impôts. On m’a alors convoqué au ministère pour me dire que je ne pouvais plus être chef de la brigade immobilière parce que, selon eux, ce que j’ai fait est une faute lourde. Je leur ai répondu que Macky Sall est un citoyen sénégalais et ses sociétés doivent être vérifiées comme toutes les autres. C’est dans ce contexte que Mansour Faye a cherché à me rencontrer. Il a envoyé Cheikh Issa Sall pour me supplier d’accepter de le rencontrer“, a répliqué Ousmane Sonko comme pour balancer sur Macky. Le leader du Pastef conclura en avoir fini avec cette histoire et demandera à Mansour Faye de ne faire point de digression, estimant qu’il rendra forcément compte un jour.
L’on sort en effet de ce feuilleton complètement déçu. Qui a tort ? Qui a raison ? Le jeu en valait-il la chandelle ? De petites querelles qui ne grandissent pas leurs auteurs. Elles les rabaissent au contraire car des questions beaucoup plus sérieuses sont aujourd’hui en jeu. Comment par exemple sortir de cette situation de presque récession économique ? Voilà une vraie question de l’heure. Abdoulaye Daouda Diallo a en tout cas tablé sur un budget de 45 00 milliards pour 2021. Et le président de la république a auparavant fait son show lors d’un récent conseil présidentiel sur son plan de relance ou plus exactement le PAP 2 A qui va aider à y arriver. C’est ce qu’on appelle exactement un changement d’option d’autant plus qu’il mise désormais sur l’agriculture, l’éducation, la santé, l’élevage, la pêche, la modernisation des transports, le numérique et surtout le privé national qu’il compte servir dans le domaine de l’eau, l’électricité, l’autoroute à péage. Sacré Macky !
Mais quel que soit le plan de relance servi pour faire rêver, il restera toujours les institutions à renforcer. Et il sera toujours inadmissible que dans une république normale, la famille soit mêlée à la gestion des affaires publiques. Mansour Faye n'aurait jamais pu dire qu’il refuserait de répondre à l’Ofnac, encore moins qu’il ne répondrait pas de sa gestion, s’il venait à être convoqué.
Ce feuilleton a en tout cas livré un enseignement de taille. Macky Sall se sera au moins rendu compte que Mansour Faye n’a ni l'envergure, ni la carrure et encore moins la sérénité pour mériter qu’on lui confie toutes ces responsabilités et ses missions tentaculaires et onéreuses pour ses épaules bien frêles. Sonko a d’ailleurs fait comprendre que le chef de l’Etat veut en faire son successeur. Pour le cas d’Ousmane, ce sera aux Sénégalais de se faire une opinion car en tant qu’opposant qui aspire à diriger le pays demain, c’est sa trajectoire qui permettra de le juger avec le temps.
Pour l’heure Barthélémy, nourri au lait de la politique nous a mis à l’heure de la politique politicienne sous nos tropiques. A « Ndoumbélane », ce vendredi 9 octobre sur la Sen TV, Dias-fils a par exemple informé que Karim Wade et Khalifa Sall ont été écartés du jeu politique en cours et que Bougane Guèye Dany a été éliminé par la voie du parrainage. Il ne reste plus, selon lui que « Sonko, l’homme à abattre » du moment. Eh bien, il a réservé une partie de son commentaire à ce cher Ousmane : « le bon Dieu l’a doté de capacités que Mansour Faye n’a pas. Qu’il conserve alors cela avec ses deux mains. » Une manière pour lui de dire que le « patriote » ne devrait pas descendre au niveau de l’apériste.
Barth n’est d’ailleurs pas loin de penser que Sonko n’est pas un politicien expérimenté : « Ousmane Sonko n’a pas notre culture politique (ndlr- lui, Khalifa Sall et autres). Je vous ai tantôt parlé du silence qui est une forme de communication, un moment dans la communication, une force dans la communication. Ousmane est un homme entier et parfois ça peut parfois être un handicap dans la politique. Ils n’ont aujourd’hui rien d’autre à part le décrédibiliser. Que Dieu lui donne l’intelligence par moments de détecter les pièges qu’on lui tend. Au Pastef, il n y a pas l’école du parti. Nous on a été formés dans une pouponnière politique. Je ne suis pas devenu ce que je suis aujourd’hui par le simple fait du hasard. Et quand j’entends dire que Barthélémy a changé… Non moi en toute modestie, j’ai été au sommet de la politique, puis je me suis retrouvé dans les bas-fonds politiques. Je suis un homme politique, je sais rebondir. C’est ce qu’on appelle le fighting spirit. Ça peut durer 2 ans, 3 ans. J’ai fait l’école du parti. Khalifa Sall a fait l’école du parti. On nous a appris la politique. Eux ils sont arrivés en politique parce que c’est leur destin. Il arrivera des moments où il y aura des manquements que nous décrypterons d’une manière qu’ils ne pourront pas comprendre ; ou alors au moment où ils le décrypteront, le coup est déjà parti. Une chose est claire, Ousmane est l’homme à abattre (…) Si le gouvernement avait la moindre chose sur lui, il l’aurait sortie ».
A la question de Néné Aïcha de savoir si le leader de Pastef est un bon politique, le maire de Sacré Cœur-Mermoz de répondre : « Ousmane n’est pas un politicien, Ousmane est un homme politique. Macky Sall est un politicien. Ousmane doit rendre grâce à Dieu car l’Apr est son premier mouvement de soutien. Si ce n’était pas l’Apr, il ne serait dans le jeu politique. Ils l’ont créé de toutes pièces. Ousmane a beaucoup de mérite. Il n’a pas beaucoup de moyens, il n’a pas une grande expérience, mais il y a tout un système qui lui tombe dessus ».
On a bien compris que l’ancien inspecteur des impôts gagnerait à ne pas être sur tous les fronts et à ne pas s’épancher sur tous les sujets. La rareté de la parole, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est une étiquette collée à Idy par ces temps d’exhibitionnisme médiatique. C’est ce que semble prôner Barth au moment où beaucoup réclament celle d’Idrissa Seck considéré comme aphone depuis quelque temps. Il est accusé d’être de mèche avec Macky Sall et de dealer sur le dos des Sénégalais. La rareté de la parole, soyons d’accord avec le tonitruant maire, peut être une bonne posture politique à condition que celui qui la délivre, ait de l’envergure, du charisme et un certain talent oratoire. Et cela Idy l’a. Ce n’est donc pas par hasard si beaucoup l’attendent car ses sorties ont souvent été des évènements et du pain béni pour la presse. Mais que ceux qui lui demandent de se prononcer dans ce contexte d’ébullition, sachent que la politique, c’est aussi une question de circonstances et de rapports de forces. Il y a aussi ce côté visible et ce côté souterrain qui se mène dans les coulisses. Barth a ainsi conseillé Sonko et espère certainement qu’il médite sur cela, car la politique c’est aussi une course de fond, surtout pour ceux qui sont de l’opposition et n’ont pas beaucoup de moyens comme lui.
Il est en tout cas parfois à se demander s’il ne faut pas désespérer de la politique, avec la sortie d’Aliou Dembourou Sow. Heureusement lynché sur les réseaux sociaux depuis qu’il a appelé à l’utilisation de machettes pour défendre le troisième mandat de Macky Sall. Celui-ci ne regrette d’ailleurs nullement ses propos et compte les répéter dans l’hémicycle. C’est la politique version caniveau qui se met en branle et à ceux-là qui font la promotion du 3ème mandat, eh bien, il ne leur arrivera rien du tout. Mais ce député n’est d’ailleurs pas loin de prendre ses détracteurs pour des demeurés ainsi qu’il l’explique : « On ne peut pas juger mes propos si on n'est pas du Fouta ou du Ferlo. Depuis que Macky Sall a créé l'Alliance pour la République, nous avons l'habitude, dans le Ferlo, d'utiliser le terme arme pour désigner la carte électeur. Parfois, nous utilisons les mots bâton, coupe-coupe ou balle. C'est un effet de langage ». Explication bien tirée par les cheveux.
Dans L'Observateur, le président du Conseil départemental de Ranérou a remis une couche : « Tous ces gens qui s'agitent à gauche et à droite feraient mieux d'aller demander aux politiciens du Fouta l'exacte traduction de mes propos. Et pourtant, ceux qui s'indignent de mes propos font pire dans leurs déclarations. On entend, tous les jours, des gens dire qu'ils vont aller au palais déloger le président de la République parce qu'il n'aurait pas droit à un troisième mandat ». Bon, on en assez entendu. Qu’un discours soit valable dans le Fouta, ne lui donne pas l’onction de validité partout ailleurs. On parle bon sang du Sénégal. Y en a un peu marre de ces dérives ethnicistes qui ne font que créer des clivages.
Et Aliou s’enfonça…
Mais un fait qui n’est pas passé inaperçu, c’est la débâcle des Lions au Maroc. Une humiliation que la presse a relevée en chœur. C’est surtout le lexique hydrique qui a été utilisé pour symboliser le naufrage reconnu et accepté des Gaïndé. « Touché par le Maroc, le Sénégal coule à Rabat », « les Lions prennent l’eau à Rabat », « Les Lions coulent à Rabat », « les Lions en panne sèche », « Douche froide à Rabat », etc. les journaux ont en tout cas rivalisé d'ardeur pour montrer leur déception.
Mais à y voir de près, c’est Aliou Cissé qui doit avoir beaucoup de difficultés à faire face aux équipes maghrébines. Comme avec Algérie lors de la finale de Coupe d’Afrique, le Sénégal n’a été que l’ombre de lui-même, incapable qu’il a été de prendre le jeu à son compte, de créer de l’animation et de se montrer agressif. L'absence de Coulibaly ou de Sadio ne doit point servir de prétexte pour expliquer une déroute. Sans projet de jeu, sans âme et sans tactique, l’équipe a sombré face à des Marocains conquérants et organisés.
Le temps passe et Aliou Cisse si enclin à essayer et à toujours essayer de nouveaux joueurs, prouve qu’il est toujours l'ouvrier du foot qu’il était : beaucoup de « jomm » (hargne) mais zéro technique et une grande dose d’ignorance de la tactique. Et avec les Maghrébins, impossible de rivaliser si on n’est pas bien outillés dans ce domaine. L’expérience montre en effet que les Maghrébins ne sont pas faciles à jouer. Ne lâchant jamais l’adversaire, commettant des petites fautes discrètes, leur bonne culture tactique, permet de dominer des Lions de la Téranga au jeu. Des Lions pas suffisamment rôdés et peu constants dans l’effort. Si on n’y prend pas garde, Cissé continuera à anéantir nos espoirs. Il est peut-être temps de le changer. Comme disait l’autre : « il veut, mais il ne peut pas »