PRAGUE/BRUXELLES (Reuters) - Confrontée à la résurgence de l'épidémie due au nouveau coronavirus, l'Europe se recroqueville à la hâte pour éviter de revivre le scénario catastrophe du printemps avec des hôpitaux débordés par l'afflux de malades du Covid-19.
Fermeture des bars et des restaurants, limitation des rassemblements, report d'interventions chirurgicales non urgentes, recrutement en urgence de personnel de santé... Dans de nombreux pays du continent, les autorités voient déferler une deuxième vague épidémique avec une crainte d'autant plus grande que l'hiver, propice aux maladies, approche.
Alors que la plupart des gouvernements européens avaient levé les mesures de confinement au cours de l'été dans l'espoir de relancer des économies exsangues, le retour à la vie normale s'est traduit par une flambée de nouveaux cas de contamination sur le Vieux Continent.
En France, Emmanuel Macron va s'exprimer dans la soirée à la télévision et devrait dévoiler de nouvelles mesures de restriction. Le Premier ministre, Jean Castex, n'a pas exclu des reconfinements localisés et selon les médias des couvre-feux pourraient également être instaurés dans les territoires les plus touchés par l'épidémie.
"Le couvre-feu (...), c'est un mot que nous n'avons pas entendu depuis longtemps", observe sur un marché parisien Francis Boutry, un retraité pour qui ce mot rappelle le souvenir de la guerre d'Algérie de 1954 à 1962. "Que pouvons-nous faire? Nous devons arrêter ce virus d'une manière ou d'une autre."
HÔPITAUX DE CAMPAGNE
La République tchèque, qui affiche le taux d'infection le plus élevé d'Europe, a décidé de fermer les écoles et d'instaurer l'enseignement à distance. Ses hôpitaux décalent les opérations médicales non urgentes afin de libérer des lits et envisagent de faire appel à des milliers d'étudiants en médecine.
"Parfois, nous sommes au bord des larmes", raconte Lenka Krejcova, infirmière en chef à l'hôpital Slany, près de Prague.
Les bars, restaurants et boîtes de nuit en République tchèque ont également fermé leurs portes.
La Pologne, qui a fait état ce mercredi de 6.526 nouvelles infections et 116 décès, intensifie pour sa part la formation des infirmiers et envisage de créer des hôpitaux de campagne.
En Russie, les autorités moscovites ont annoncé qu'un système d'apprentissage en ligne serait mis en place pour de nombreux étudiants à compter de lundi, tandis qu'en Irlande du Nord, les écoles vont fermer pour deux semaines.
En France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, les pouvoirs publics résistent encore à l'idée d'une nouvelle fermeture des écoles, une décision qui, au printemps dernier, avait entravé le fonctionnement de nombreuses entreprises, les salariés ayant parfois du mal à concilier garde d'enfants leur travail et la garde de leurs enfants.
En Allemagne, la question d'un rallongement de la durée des vacances de Noël est ouverte, des responsables politiques estimant qu'une telle décision pourrait permettre de ralentir la contagion au sein des établissements scolaires.
Aux Pays-Bas, le Premier ministre Mark Rutte a décidé mardi d'imposer un "confinement partiel", qui se traduira par la fermeture des bars et des restaurants et l'interdiction de la vente d'alcool le soir. Les écoles restent cependant ouvertes.
PRÈS DE 100.000 NOUVEAUX CAS PAR JOUR
Avec en moyenne près de 100.000 nouvelles contaminations par jour en Europe, les Etats se sentent dans l'obligation d'agir mais redoutent d'infliger dans le même temps un nouveau coup d'arrêt à l'économie. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, 51.000 nouveaux cas sont rapportés en moyenne par jour.
Le Royaume-Uni, la France, la Russie et l'Espagne représentent plus de la moitié des nouveaux cas signalés en Europe au cours de la semaine s'achevant au 11 octobre, selon l'Organisation mondiale de la Santé.
En Grande-Bretagne, où 19.724 nouveaux cas ont été signalés ce mercredi, le Premier ministre Boris Johnson ne souhaite toujours pas imposer un reconfinement national, malgré les appels en ce sens de l'opposition. Les admissions à l'hôpital dans le pays sont également en hausse mais les hôpitaux de campagne construits au printemps sont à nouveau prêts.
En Irlande du Nord, la Première ministre, Arlene Foster, a annoncé mercredi la fermeture des écoles pendant deux semaines et celle des restaurants pendant quatre semaines.
En Catalogne, région la plus riche Espagne, les bars et les restaurants vont fermer pour 15 jours à compter de jeudi tandis que les horaires d'ouverture des commerces et des parcs vont être limités.
Madrid et certains quartiers de sa banlieue ont déjà été placés en confinement partiel la semaine dernière.
En Belgique, deuxième pays d'Europe le plus touché en termes d'infection par habitant, les hôpitaux doivent désormais réserver un quart de leurs lits pour les patients atteints du COVID-19.
(Avec Emma Thomasson, Geert De Clercq, Antonio Denti, Agnieszka Barteczko, Carl O'Donnell, Michael Erman, Vladimir Soldatkin, Catarina Demony, Miguel Pereira, Emily Roe, Carl O'Donnell, Manas Mishra, Manuel Mucari, Melanie Burton, Conor Humphries et Luis Felipe Castilleja; version française Claude Chendjou, édité par Bertrand Boucey)