NETTALI.COM - Le monde a-t-il changé ? Ou sont-ce les hommes qui ont changé ? Si l’on se permet de poser une telle question, c’est que certains phénomènes surprennent de par leur irruption si subite qu’on ne peut manquer de s’interroger.
Eh oui, ce sont les hommes qui ont hélas changé. Le soleil se lève toujours à l’Est et se couche à l’Ouest, même si l’on peut quelque part admettre que le monde bouge et se nourrit d’échanges féconds entre cultures. Loin de dire qu’il ne faut pas intégrer des souffles nouveaux et bénéfiques, il serait toutefois bien suicidaire de renier sa culture en pensant évoluer, dans le sens positif du terme, avec celle des autres.
Le spectacle qui a lieu samedi 17 octobre à l’émission « Vous et nous » sur la 2 STV en soirée, n’était pas très sénégalais, du point de vue en tout cas des mœurs. Les Sénégalais peuvent bien évidemment dans l’intimité de leur couple adopter des rapports différents, une vie sexuelle libre. Mais cela doit rester de l'ordre du privé et non déborder sur la place publique. Pourquoi vouloir imposer ce qui vient d’ailleurs ? Il y a des limites qu’il ne faudrait essayer de franchir.
Il était au cours de cette émission question de séduction et il fallait bien apprendre ce que c’est aux Sénégalais. Cela d’autant que le sexe est tabou. Ils l’ont-eux-mêmes déclaré (Omar était de la partie). A partir de ce moment-là, se pose la question de savoir qui a mandaté ces animatrices, animateur, ex-miss et danseuse, sur le plateau pour donner une leçon de séduction aux téléspectateurs sénégalais ? En quelle qualité, ceux-ci agissaient-ils ? L’on a pu voir une certaine dame nommée madame Ndiaye se présentant comme spécialiste de la question, débarquer avec son arsenal de jouets et de gadgets sexuels et se lancer dans ses explications coquines. Mais le pire, c’est que la dame en question n’arrivait même pas à placer des mots wolofs pour une émission dans la langue de Kocc Barma. Au grand dam d’Omaro qui avait du mal à saisir le contenu du discours qui visiblement ne le laissait pas indifférent. Il s'en est même plaint. La commerciale de la séduction était de son côté tellement obnubilée par le désir de parler français, mais qu’est-ce qu’il était approximatif son français ! C'était une Choco quoi ! Bref, elle avait toutefois pris les précautions d'usage en remerciant au passage son mari pour l’avoir laissée venir sur le plateau. Mais on voyait bien que ce qu’elle vendait, n’est pas une science digne de ce nom, mais juste une tactique pour écouler ses gadgets, trucs et astuces érotiques.
Aussi, a-t-on eu droit à des fouets, du lubrifiant aux huiles naturelles aromatisées pour homme et femme, des menottes, des produits de massage chauds, des jeux sexuels, etc.
Comment comprendre l’attitude de Ndèye Astou Sall, cette ancienne miss Sénégal qui agitait un fouet avec autant de désinvolture, telle une gamine avec son jouet ? Comme si cet instrument était un banal objet de tous les jours qui se retrouve à chaque coin de rue ? Quelle inconscience ! Quelle insouciance ! Comment peut-on exhiber un outil sexuel de manière aussi suggestive, aussi intime et érotique ?
Dans son insouciance, celle-ci demandera d'ailleurs à la pseudo spécialiste de la séduction venue commercialiser ses produits répartis en haut et bas de gamme (il fallait aussi justifier les différences de prix), d’expliquer objet par objet, gadget par gadget, l’utilité de chacun de ces éléments érotiques, estimant que les enfants doivent être certainement en train de dormir à cette heure. Elle n’était d’ailleurs même pas sûre de cela puisqu’on était samedi soir. Les bambins pouvaient bien se permettre de jouer un peu les noctambules. L’objectif de rentrer dans les détails de l’utilité de chaque objet, pour l’ex-miss Sénégal, est que des femmes célibataires comme elle-même ou une autre dans la même situation matrimoniale sur le plateau, puissent apprendre de cela.
Et là où ils se sont trahis (puisqu’il y avait un homme avec elles), c’est lorsqu’ils ont parlé de « Fowou toubab » pour dire littéralement « jeux sexuels pour blancs » pour traduire des pratiques sexuelles issues d’une autre culture, en l’occurrence occidentale. Manque réelle d’authenticité ? Perte de valeurs ? Pertes de repères. On croit rêver. Ce qui voulait dire d’après eux, que ce qui se conçoit dans les mœurs sénégalaises comme moyen de séduction, ne suffit plus. Il fallait dès lors aller importer chez les autres, des expériences beaucoup plus pimentées et plus corsées. La confusion est à son comble. Nos aïeux vivaient pourtant leurs sentiments et leur intimité sans avoir à se référer à d’autres cultures et faisaient des enfants. Ils étaient bien heureux comme ça. Rien n’interdit toutefois de s’inspirer de pratiques d’ailleurs, d’autres manières de faire, mais encore faudrait-il que cela relève d’une démarche individuelle, personnelle mais dans un cadre strictement privé. Pourquoi vouloir apprendre aux Sénégalais une méthode particulière qui ne relèverait ni de la recherche, ni d’une étude et encore moins d’une science ? Il semblerait bien que l’aspect commercial l’a emporté sur le désir de transmettre gratuitement des expériences. Mais en privé bon sang !
Quel est donc le message que l’on cherchait à transmettre en évoquant des sujets aussi sensibles et si peu pudiques ? Tabous comme ils l’ont dit en guise d’introduction de cette partie de l’émission.
La question se pose ainsi de savoir si l’on peut parler de tout. Ces thèmes relèvent tellement de l’intime. Sur le plateau étaient présents Ndèye Ndack Touré, l’animatrice, Ngoné Ndiaye Guéwel, la danseuse, Les anciennes miss Sénégal Cathy Chimère Diaw et Ndèye Astou Sall, une fille nommée Tima et bien sûr Omaro. Ils nous auront en tout cas gratifié d’un spectacle gênant et contraire à nos mœurs de Sénégalais. Mais à regarder le profil des personnes qui officiaient sur le plateau, difficile de trouver un personnage avec un background particulier. Point de lumière ne suintait de cette assemblée, mais juste des personnages sans niveau d’éducation et formation particulière. C’est aussi cela l’un des grands problèmes des émissions dirigées par certains animateurs.
Le déroulé de l’émission proposait également un micro trottoir improvisé qui avait pour projet de poser des questions assez intimes aux personnes rencontrées au hasard dans la rue afin de saisir leur vision de la séduction. Certaines sans retenue, se sont ainsi prêtées au jeu comme si elles connaissaient la reporter qui était aussi dans le genre bien folklorique. Deux de ces femmes ont pu ainsi révéler des aspects intimes de leur vie privée, notamment ce qu’elles portent autour de la ceinture en évoquant les différents noms de manière vraiment désinvolte. De vraies dévergondées et insouciantes en plus. Un homme accosté, s’est aussi permis de citer les noms de ses amis dont il dira qu’ils ont été retenus à la maison, à l’aide de menottes, par leurs épouses. On tombe des nues. Ou est-ce l'attraction du micro et la "magie" de la télé qui aurait des effets anesthésiants chez ces personnes et qui les feraient dire n'importe quelle connerie ?
Pour Omaro, il faut tout simplement faire l'éducation sexuelle des Sénégalais. Le seul moyen à disposition qu'il voit, est selon lui, la télé. On ne va quand même s'attarder à commenter les propos d'un tel monsieur. Que de conneries en somme ! Sont-ils des spécialistes de la séduction ? Que l'on sache non ? Les deux dames en l'occurrence Madame Ndiaye et Ngoné, le sont-elles ? Assurément non. C'est le comble de la perversion !
On sort de cette émission en tout cas complètement groggy. Et l'on ne peut manquer de se demander ce que fait Mame Makhtar Guèye, à défaut de voir le régulateur de l’audiovisuel intervenir. Faut-il juste qu'il se limite à couper le signal d’une chaîne de télévision parce qu’elle avait comme projet de médiatiser un téléthon dédié aux populations de Terme Sud ? Le gendarme de l’audiovisuel peut bien sûr voir derrière un tel évènement, une dimension politique, mais il doit aussi se montrer plus juste en s’insurgeant contre d’autres dérives que l’on note tous les jours dans les médias. Son indignation doit être moins sélective.
Ndella Madior se lâche
Une autre affaire qui a fait le buzz et qui n’est pas très différente de ce qui a été évoqué ci-avant, c’est bien l’interview de Ndella Madior Diouf à l’émission « Confrontation » face à Bijou Ngoné. Elle nous a sorti qu’elle faisait l’amour tous les jours, étant mariée ; qu’elle aime les hommes bien virils et qu’elle n’est pas lesbienne du tout. Que les hommes peu performants, passent leur chemin, a -elle aussi ajouté. Bref des propos peu pudiques dont on pouvait bien se passer, tant ils relèvent de l’intimité de sa vie privée. Avait-on besoin de savoir tout cela ? Parce qu’elle est accusée d’aimer les femmes, était-elle obligée d’aller sur ce terrain-là ? Elle pouvait juste se limiter à démentir. Des propos qui ont en tout cas bien indisposé sa fille qui a réagi sur Instagram afin de demander à sa mère de penser à elle. Sacrée Ndella, elle commence à bien habituer les téléspectateurs à ses dérapages. L’on se rappelle de ses déballages sur Sada Kane, expliquant à qui voulait l’entendre sa victime qu’elle a été. Elle dévoilera même des aspects de la vie privée de ce monsieur ô combien respecté pour sa réserve, son calme, sa pondération et surtout pour son passé et présent de journaliste très pro. Son problème avec lui ne regardait honnêtement pas le public.
Mais lorsque les limites ne sont pas fixées, les conséquences sont malheureusement toujours fâcheuses. La recherche du buzz ne devrait quand même pas conduire à certains excès. Il y a encore du boulot dans les médias. Et Il ne faut pas compter sur Bijou Ngoné pour recadrer les invités, surtout lorsqu'ils plongent dans les insanités. Elle a fait de l’impertinence son fonds de commerce. Sauf que quand elle n’est pas contrôlée, celle-ci finit par virer à la bêtise. Pour l’heure, ce sont les mœurs sénégalaises jadis bien pudiques qui ont été bien atteintes et secouées. La preuve par ces téléfilms où l’on voit de plus en plus de scènes osées et obscènes. Le mimétisme sénégalais ne connaît décidément pas de limites.
Eclaircie dans le ciel du Fouta
La question du 3eme mandat, elle est toujours agitée. Et elle continuera de l’être tant que Macky Sall ne donnera des signaux plus clairs que ce « ni oui, ni non ». La réponse ambigüe de Macky Sall sert de prétexte à toutes sortes de fantasmes qui font de plus en plus remonter l’affaire en surface. Et la sortie malheureuse d’Aliou Dembourou Sow continue à soulever les passions. Ses propos ont du mal à passer, tant la pilule est amère à avaler. Et l’effet que le président Sall semblait vouloir éviter, ne s’est pas produit. Il ne peut pas penser une seconde empêcher les Sénégalais d’aborder le sujet sur la base des arguments soulevés, alors que pendant ce temps, les personnes qui lui sont favorables, en discutent allègrement et en des termes violents, sans parler de la fracture que cela crée dans la société et le monde politique. Si le couperet est tombé sur Moustapha Diakhaté, Sory Kaba et Me Moussa Diop, ce sont des condamnations bien tièdes qui ont été enregistrées côté Apr. Un communiqué bien laconique. Une sorte de dénonciation de principe très faible par rapport à la gravité des propos.
A « Jakarloo » sur la TFM, ce vendredi 16 octobre, « Fou malade » s’est d’ailleurs demandé si « les militants du parti ont bien interprété les paroles du président Sall lors du dernier conseil présidentiel qui disait : « arrêtez de vous défendre. Il faut attaquer ». Toujours est-il que le député a posé un acte et tenté une explication tirée par les cheveux. Il ne s’est pas pour l’instant excusé malgré les demandes incessantes. N’avait-il pas dit qu’il réitérerait ses propos à l’hémicycle, insultant au passage l’intelligence des Sénégalais en convoquant une assimilation entre les fameuses « machettes » et les « cartes d’électeur » que ne comprennent que les initiés du Fouta et du Ferlo ?
Une chose étonne d’ailleurs Ibrahima Halil Ka de « Taxawu Senegal » qui a estimé qu’Aliou Dembourou Sow n’a pas dit que cela. « Il a fait savoir que Farba Ngom et lui font partie des gens non instruits et qui sont présents aux lieux de décisions et ont la possibilité de faire nommer et de faire limoger ». Et celui-ci de se demander d’ailleurs si le député ne serait pas au courant de choses qui le rendent intouchable.
Mais c’est surtout la question de la montée de l’ethnocentrisme qui a été soulevée. Et Bouba Ndour n’est pas loin de s’alarmer : « Quand je vois 50 haal pulaar qui me disent qu’ils votent pour Macky Sall, ça me pose un problème. Quand je vois 50 Casamançais qui me disent qu’ils votent pour Sonko, ça me pose autant un problème ». Une manière pour lui de dire que la gangrène commence à être cultivée dans l’esprit des gens.
Papis Diaw lui est plus optimiste. Il ne pense pas du tout que ce qui se dit soit le cas. « Que celui qui croit qu’il peut entraîner le pays dans une confusion, se détrompe (…) Je suis Sénégalais et j’ai eu honte quand j’ai entendu ça car je suis pulaar. Ce député, ne serait-ce que pour sa propre communauté, doit présenter des excuses », a fait savoir le journaliste qui ne manque pas de s’étonner : « Pourquoi depuis lors, il n’a pas présenté ses excuses ?»
Dans cette affaire, c’est surtout la posture des journalistes qui a été interrogée. « Les journalistes doivent tout simplement boycotter le député et ne plus lui tendre le micro », a dit l'activiste présent sur le plateau. Une manière de dire que l’homme de médias ne doit pas simplement être une caisse de résonnance et devrait aller jusqu’à boycotter des propos violents ou sans intérêt pour le public, surtout s’ils doivent heurter la sensibilité des gens.
Mais heureusement que dans cette brume bien épaisse, une lueur d’espoir est venue du Fouta. Un collectif sans doute heurté par l’affaire, a pris en charge la question en s’indignant. Le Collectif des jeunes du Fouta a lui condamné avec véhémence la dernière sortie du président du Conseil départemental de Ranérou et député à l'Assemblée nationale, Aliou Dembourou Sow, qu’il juge « irresponsable et fâcheuse ».
« Nous sommes une communauté qui croit aux principes sacro-saints d'unité, de bienveillance, d’écoute, de tolérance, de solidarité et de fraternité auxquelles renoncer serait une trahison à l'endroit des aïeux qui se sont tant sacrifiés, à la limite, une atteinte à la cohésion sociale faite de sacrifice d'hommes et de femmes imbus du sens de la responsabilité du commun vouloir de vie commune au seul profit des générations futures. C'est la raison pour laquelle la génération qui est la nôtre n'a nullement le droit de fouler aux pieds ce legs ô combien précieux ».
« Ainsi, nous comprendrons que nos aïeux sont de grands hommes et que nous avons leur sang dans nos veines. Ce code d'honneur qui a fait d'eux ce qu'ils ont été, fera de nous des hommes admirés et respectés, à moins que nous ne manquions de pérenniser leur héritage. Pour ce faire, nous devons mettre de côté nos sentiments et nos états d'âme qui ne font que nous diviser, nous éloigner les uns des autres. Au regard de ce qui s'est passé récemment au Mali, de ce qui s'est passé au Rwanda, aucun homme responsable ne devrait se permettre de manipuler la fibre ethnique ou religieuse à des fins politiciennes. Ainsi, nous condamnons avec véhémence la dernière sortie irresponsable et fâcheuse du président du Conseil départemental de Ranérou et député à l'Assemblée nationale Aliou Dembourou Sow », ont-ils ajouté.
Des « haal pulaar » qui de manière nette et claire, se sont démarqués de ce députés. Ils n’ont d’ailleurs pas la même compréhension des machettes et des cartes d’électeur. Mais au fur et à mesure que le temps passera, Dembourou risque de se retrouver bien seul avec ses machettes. Mais osons croire qu’il se ressaisira avant cela et présentera ses excuses.