NETTALI.COM - Alors que tous les yeux sont tournés vers le Covid-19 et ses 8 cas positifs du week-end, le Sénégal fait face, depuis le début de la saison des pluies, à d’autres maladies, potentiellement plus dangereuses et mortelles. Le ministère de la Santé a d’ailleurs adressé, samedi dernier, une note aux gouverneurs et médecins-chefs de région pour les appeler à plus de vigilance.
La surveillance épidémiologique qui, chaque semaine, remonte vers la tutelle les informations des postes de santé et hôpitaux, a détecté des pathologies nécessitant un renforcement de la vigilance. Il s’agit principalement de la dengue, la fièvre jaune, la fièvre hémorragique Crimée-Congo et la fièvre de la Vallée du Rift. Ces maladies sont apparues depuis le mois de juillet dans différentes régions du Sénégal et l’une de ces affections est considérée comme la plus dangereuse au monde.
7 régions sur 14 touchées
En total, le ministère de la Santé, à travers la surveillance sentinelle, a détecté une quinzaine de cas confirmés dans 7 régions du pays : Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis, Matam, Kaffrine et Tamba. «Tous ces cas ont été pris en charge. Le diagnostic a été précoce et tous les 15 sont déclarés guéris», rassure d’emblée le Docteur Boly Diop, chef de la Surveillance épidémiologique et président de l’Ordre des médecins. Si la riposte a pu se faire aussi rapidement, c’est surtout parce que le ministère accentue sa surveillance chaque année à la même période pour la simple raison que ces maladies font leur apparition durant l’hivernage. Même si pour la fièvre hémorragique Crimée-Congo, considérée comme l’une des plus dangereuses au monde, le Sénégal est resté deux (2) ans (2017-2019) sans diagnostiquer un seul cas. Pour la plupart, il n’y a pas de transmission interhumaine.
Pour certaines comme la fièvre de la Vallée du Rift ou la dengue, la contamination se fait par piqûres d’insectes et de moustiques. Pour d’autres, la tique est le vecteur responsable comme avec la fièvre hémorragique Crimée-Congo. Les infections pour la majorité de ces maladies peuvent résulter aussi d’un contact avec du sang, du lait ou de la viande d’un animal contaminé. Dr Diop : «Actuellement, on ne peut pas éradiquer ces infections. Tout ce qu’on peut faire, c’est les contrôler.» Un contrôle qui se fait par une batterie de mesures dont la surveillance sentinelle qui permet une détection précoce.
La propagation est ensuite évitée par, entre autres, l’action des Services d’hygiène qui ont, il y a un mois selon le ministère, procédé à une opération de saupoudrage dans plusieurs districts et régions pour réduire la densité des moustiques. Outre des campagnes de sensibilisation pour inciter les populations à dormir sous moustiquaire imprégnée, le ministère a aussi envoyé des notes aux gouverneurs, médecins-chefs de région et au personnel de soins. Pour ces derniers, il s’agit d’informer, par des fiches techniques, sur les symptômes de ces infections. De sorte à ce que la différence puisse être faite entre un malade de ces zoonoses et un malade du Coronavirus, qui présenteront, à quelques différences près, les mêmes symptômes.
Des symptômes semblables à ceux du Coronavirus
Fièvre, maux de tête, douleurs musculaires ou articulaires… Les symptômes de ces zoonoses peuvent ressembler à ceux du Covid-19 contre lequel le personnel soignant se bat depuis 8 mois. Une récurrence qui pourrait induire en erreur les malades ou le personnel soignant. «A ceci que le Coronavirus attaque principalement le système respiratoire, avec la toux et les difficultés respiratoires, alors que ces zoonoses feront penser plus aux symptômes du paludisme», informe le président de l’Ordre des médecins. Et parce qu’il y a quand même un risque de confusion avec le palu, le ministre conseille de faire un diagnostic rapide par laboratoire. Une prise en charge qui pourrait éviter aussi l’évolution en des formes plus graves et mortelles avec des signes hémorragiques.
En 2016, le Niger a connu une flambée de la fièvre de la Vallée du Rift avec 105 cas et 28 mortels. Endémique en Afrique, la fièvre hémorragique Crimée-Congo a un taux de létalité entre 10 et 40%. Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), la dengue provoquerait 20 000 morts, dont une très forte proportion d’enfants. Dans la quinzaine de cas qui ont fait l’objet d’un traitement pour ces maladies, la majorité était des jeunes. Un atout pour les personnes âgées plus exposées à la mortalité du Coronavirus.