NETTALI.COM- Invité de l'émission " Jury du dimanche ", Ousmane Khouma, maitre de conférences titulaire à la FSJP de l’UCAD, a analysé la rencontre Idy-Macky. Pour le juriste politiste, les deux hommes sont dans des calculs mais le président de Rewmi ne sortira pas perdant de cet arrangement.
Pour Ousmane Khouma, maitre de conférences titulaire à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop, la rencontre entre Macky Sall et Idrissa Seck est un jeu d'échec mené par le premier. " C’est même assez inédit dans ce jeu d’échec. C’est encore un coup de maitre du président de la République. Il avait prévenu en disant qu'il va réduire l’opposition à sa plus petite expression. Quel meilleur moyen de le faire que d’aller chercher le principal opposant pour en faire un allié politique de poids !", analyse-t-il.
Et de poursuivre : " Ce sont deux bêtes politiques formées à l’école de Wade. Ils sont dans des calculs extrêmement froids. On est sur le terrain politique. Ce n’est pas pour les enfants de cœur. Ils n’ont pas d’état d’âme. C’est une partie d’échec et pour le moment c’est un coup de maitre pour Macky Sall. Mais Idrissa Seck n’est pas perdant".
En effet, de l'avis de l'invité de Iradio, s'il y a des échéances électorales, Idrissa Seck est beaucoup plus fort s’il a comme allié la machine électorale de BBY. " Si Idrissa réussit à devenir le candidat du camp du pouvoir, c’est plus facile que, si lui tout seul, dans Rewmi ou dans la coalition Idy 2029. Le PS et l’AFP ont renoncé à leur ambition présidentielle depuis longtemps. Ce sont des alliés du président de la République. Au sein des alliés, il y en a qui sont plus forts que d’autres et pour le moment Idrissa Seck est plus fort", explique le juriste - politiste.
Par ailleurs, il pense que même si la coalition se renforce avec Idrissa Seck, le président de Rewmi n’a pas renoncé à son ambition présidentielle. " On le dépeignait comme étant celui qui pense être né pour diriger le Sénégal. C’est une bête politique, c’est une obsession chez lui, et son objectif c’est la présidence de la République", souligne-t-il. Néanmoins, il considère que Macky Sall ne s’est pas encore prononcé clairement sur ses intentions en 2024. " Il a trois ans, le temps de voir mieux. Alors est-ce que Idrissa Seck dans le cadre présidentiel, pourrait être le candidat présidentiel. Dans ce jeu, seul le président de la République va décider. Au regard des actes posés, il est en train de dire :"c’est moi qui vais désigner le prochain candidat en 2024. Il le fera très froidement", théorise le juriste, convaincu que les considérations juridiques importent peu pour Macky Sall. Car, " il se trouvera des juristes qui vont argumenter la recevabilité de son troisième mandat et un conseil constitutionnel qui va le valider.
D'ici là, le maitre des conférences pense que ce qui fera décider Macky Sall à vouloir briguer un troisième mandat, c’est l’évaluation qu’il fera des risques et des rapports de forces le moment venu.
Tout de même, M. Khouma est d'avis qu'il y a certaines choses qui sont claires entre Idrissa Seck et Macky Sall. "Ils sont d’accord qu’ensemble ils sont plus forts. Ce sont des calculs politiques froids. Le pouvoir a tout intérêt à un climat apaisé. Donc, plus vous avez des alliés, plus vous êtes forts. Donc, le président de la République a les coudées tellement franches au sein de son parti qu’il peut évincer des gens considérés comme étant des poids lourds de son parti, faire entrer qui il veut sans que personne ne bouge. C’est extraordinaire", analyse le juriste.
Et d'ajouter : " C’est le président de la République tout seul qui décide de s’en défaire sans que politiquement ça ne crée aucun remous au sein du parti. Macky Sall est la seule constante. Il cherche à conserver le pouvoir le plus longtemps possible. L’APR est une machine électorale au service de Macky Sall".
Cas Mimi Touré
Par ailleurs, s'agissant du cas de Aminata Touré, il a relevé que l'ancienne présidente du Cese prend ses distances et ça a toujours été le cas. " Ce sont des caractères, des personnalités différentes. Ce n’est pas la première fois qu’il ait des difficultés entre Madame Aminata Touré et le président Sall. C’est elle qui affichait le plus ouvertement son ambition politique. Elle en a le droit, sauf que le président de la République a le pouvoir au sein du parti et constitutionnellement de décider. Donc c’est un pouvoir discrétionnaire qu’il exerce", rappelle M. Khouma.
Au-delà de Aminata, il souligne qu'il n’y a même pas de remous au sein du parti alors que ce sont des ténors qui ont été sacrifiés au profit des alliés politiques. " Ailleurs, il y aurait eu une scission, une fronde", conclut-il.