NETTALI.COM- Invité de l'émission Jury du dimanche de I-radio, le juriste-politiste Ousmane Khouma a déploré l'émigration clandestine tout en imputant la faute aux pouvoirs publics qu'il accuse de faire dans la politique politicienne.
" Comment on peut comprendre que par centaines, nos jeunes dans le contexte actuel de l’Europe, préfèrent aller se suicider en que de rester chez eux", fulmine le maitre des conférences à la faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pour lui, cette situation interpelle à plus d’un titre. Car, non seulement " l’Europe est en récession mais, il y a un échec des politiques dans le sens où on ne sait plus susciter l’espérance".
Soulignant que " gouverner c’est faire des promesses crédibles pour que les jeunes puissent rester", M. Khouma ajoute qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans les politiques publiques. " Je constate, pour le déplorer, qu’on fait trop de politique politicienne à la place de politique publique du développement. L’attelage gouvernemental ne doit pas être fait seulement en terme de porteurs de voix pour les échéances électorales futures", fulmine-t-il.
Et de poursuivre : "l' administration, il faut la dépolitiser. Parce que l’épine dorsale de l’exécutif, c’est cette administration qui doit être fondée sur le mérite, sur la technicité et sur la compétence. L’administration doit être performante. Nous devons avoir une administration de développement capable de mettre en place un cadre pour attirer les investissements privés et laisser libre cours aux entreprises".
Réforme du parquet
Outre l'administration, le juriste estime que la justice doit être réformée, particulièrement au niveau du parquet. " L'indépendance, c’est une question fondamentale. Dans les textes, les magistrats du siège qui le souhaitent peuvent être indépendants. Après, c’est une question de personnalité. Le problème se trouve au niveau du parquet. Là, nécessairement, il faut aller vers des réformes pour couper le cordon ombilical entre le pouvoir exécutif (le ministre de la Justice) et le procureur de la République ", plaide-t-il.
Dans la même, il considère que du point de vue du Conseil constitutionnel, c’est le mode de désignation des juges qui pose problème. " C’est-à-dire, quand le Président a la possibilité de nommer la totalité des 7 juges même, c’est incohérent d’attendre de ces mêmes juges qu’ils soient indépendants" explique l'invité de JDD.