NETTALI.COM - Depuis quelque temps, l’ancien Premier ministre et Pca d’Air Sénégal, s’illustre par des sorties qui n’épousent pas la ligne officielle du gouvernement sur des sujets qui défraient la chronique. Est-ce le signe extérieur d’un malaise ?
Pas plus tard qu’hier, sur le plateau d’ITV, Me Souleymane Ndéné Ndiaye a critiqué avec virulence et véhémence la politique d’emploi du gouvernement, le dialogue national et le report des élections locales.
« Si le Gouvernement avait réussi sa politique d’emploi, je ne dis pas qu’il n’y aurait pas eu « Barca et Barsex », mais il y en aurait moins. Les jeunes qui sont en âge de travailler n’ont aucune perspective d’avenir par rapport à leur employabilité. Je pense que si les structures mises en place par l’Etat étaient bien exploitées, elles absorberaient le maximum de jeunes en âge de travail », a soutenu Souleymane Ndéné Ndiaye, évoquant la question de l’émigration clandestine.
Même le dialogue national, qui a débouché sur la formation d’un Gouvernement de majorité présidentielle élargie, n’a pas totalement emporté l’adhésion de l’Ex-Pm, qui critique en ces termes : « C’est une réunion ou des personnes ont été choisies au volet. Le dialogue national, c’est au-delà de ces réunions. Il doit toucher toutes les franges de la population. Le dialogue national, ce n’est pas de manipuler le peuple ».
Le mercredi 14 mai dernier déjà, de nombreux téléspectateurs de Walf Tv n’ont pas manqué de se demander si le torchon n’était pas en train de brûler entre le chef de l’Etat et le président du Conseil d’administration de Air Sénégal, Me Souleymane Ndéné Ndiaye. En clair, invité à l’émission « Grand Soir », l’ancien Premier ministre avait adopté une liberté de ton sur les questions brûlantes de l’heure. En un moment donné, Jules Ndéné, comme on l’appelle affectueusement, a, les nerfs hyper tendus, sévèrement recardé l’un des chroniqueurs sur le plateau, le percutant Aliou Sow, qui s’interrogeait sur l’état de ses relations avec le président de la République.
Prenez un exemple, au sujet de la suppression du poste de Premier ministre, Souleymane, de but en blanc, déclarait : « Je suis contre le fait que le président Macky Sall supprime le poste de premier ministre. Le Sénégal a besoin d’un Premier ministre qui coordonne l’action gouvernementale, parce qu’en plus de son agenda national, le président de la République a un agenda international qu’il doit gérer. Cela, je l’ai clamé devant lui (Macky Sall), je l’ai clamé en son absence ». Mieux, l’ex-pm est d’avis que la « situation actuelle ne nécessite pas de gouvernement d’union nationale ». « Macky Sall n’a qu’à diriger avec ses collaborateurs et l’opposition s’oppose », conseille-t-il.
Au sujet de la gestion de l’Agriculture, l’avocat, qui ne met pas de gant pour souligner que le taux de chômage réel au Sénégal tourne autour de 80%, ajoute que nous avons besoin d’un secteur primaire très fort pour asseoir les bases d’une « économie introvertie », tirant profit des dividendes de la croissance, qui , pour l’heure, fait l’affaire des multinationales étrangères. Pour ce faire, pense-t-il, il faut mettre fin aux pratiques, qu’il juge insidieuses, des opérateurs privés stockeurs (OPS). Il estime que ces derniers exploitent les paysans, et qu’il faille un retour vers la politique des coopératives initiée sous la primature de Mamadou Dia, entre 1957 et 1962. C’est ainsi qu’il a révélé qu’il était arrivé un moment où plus de mille de tracteurs achetés par le gouvernement sénégalais s’étaient retrouvés à l’étranger. « Un jour, le président Me Abdoulaye Wade a menacé d’envoyer en prison les opérateurs privés stockeurs, c’est grâce à moi qu’il n’est pas passé à l’acte. Il n’y a aucun paysan millionnaire, alors que tous les Ops sont milliardaires. C’est pourquoi le président Wade parlait de syndicalisation pour protéger les paysans », dit-il ; non sans déplorer le rôle du ministre de l’Agriculture qui choisit ces opérateurs, « selon son bon vouloir ».
A ce rayon toujours, Ndéné Ndiaye, qui milite pour un renforcement des capacités de la Banque agricole par une meilleure politique de territorialisation, regrette que le PRODAC peine encore à prendre son envol. Qui plus est, relève-t-il, « les semences ne sont pas de bonne qualité et les terres appauvries, parce que l’on n’a pas délaissé l’engrais chimique, au profit de l’engrais bio ».
« Lors de la passation de service, feu Djibo Ka que j’avais remplacé à la tête du ministre de l’Economie maritime me donna un bon conseil que j’ai suivi à la lettre. Il me disait ceci alors qu’on était à huis clos : « méfie-toi des licences de pêche ». Je n’ai jamais attribué de licence de pêche sans l’avis de la commission d’attribution des licences », aborda-t-il un autre thème, qui défraie la chronique avec les licences récemment attribués aux Chinois. Tout au plus, a-t-il salué le rôle du président Abdoulaye pour la protection des aires marines, se gardant de se prononcer sur la gouvernance actuelle de ce département.
Invité par dakaractu au mois de juillet dernier, l’ancien avocat de Karim Wade avait réitéré les critiques contre la Cour de répression de l’enrichissement illicite et demandé au procureur de la République de s’auto-saisir au sujet des insultes de Moustapha Cissé Lô.
C’est dire que l’ancien locataire du 9e étage du Building administratif ne s’empêche pas de déclarer qu’il est candidat à la présidentielle de 2024. Faut-il dès lors prendre cette farce au sérieux ?