NETTALI.COM- Le leader de Bokk Gis-Gis n’est pas satisfait des résultats du dialogue national. Pape Diop considère que « le dialogue national ne doit pas être un leurre »
En prenant part au dialogue national, Pape Diop espérait qu’il serait le cadre idéal pour mettre à plat le contentieux post électoral, apporter les correctifs nécessaires à notre système démocratique, dégager de grandes orientations pour la marche du pays et bâtir de larges consensus sur des questions d’intérêt national. Hélas, il est déçu.
Une déception qui, selon lui, se justifie par la tournure des choses. « La montagne a accouché d’une souris. Plus d’un an après son lancement, il n’y a rien qui permet d’espérer que ce dialogue national marque un tournant dans la marche du pays comme nous le souhaitions tous », a déclaré Pape Diop dans un communiqué.
Poursuivant, il ajoute : « au contraire, les discussions se sont tellement enlisées qu’on est fondé à croire qu’elles n’étaient qu’un simple moyen de légitimer l’entente entre la coalition au pouvoir et les deux composantes politiques qui ont rejoint récemment la majorité sous le fallacieux prétexte d’une ouverture du Gouvernement à l’opposition. Ce fameux dialogue national s’apparente en effet à une sorte de caution morale à des négociations souterraines qui ont abouti à la formation du nouveau Gouvernement ».
Pape Diop a relevé, pour le regretter, que les commissions qui ont été mises en place pour les travaux trainent le pied. Etayant ses propos, il signale que sur les huit commissions mises en place dans le cadre de ces concertations, seule la Commission politique a rendu son rapport en août dernier sans qu’il y ait un accord sur des questions majeures dont la réforme permettrait à notre démocratie d’enregistrer des avancées notables. Pis, renchérit-il, les points relatifs au bulletin unique, au cumul entre les fonctions de chef d’Etat et chef de parti, à l’organe chargé de l’organisation des élections, au parrainage et à la caution, n’ont pas été tranchés. Certaines de ces questions, informe-t-il, ont fait l’objet de désaccord tandis que d’autres sont soumises à l’arbitrage du président de la République qui est naturellement juge et partie. « Ceux qui brandissent l’argument du consensus pour justifier le rapprochement intervenu récemment ont donc tout faux. Ils cherchent, tout au plus, à justifier une alliance qui a été scellée autour de discussions qui n’ont rien à voir avec le dialogue national », a martelé Pape Diop.
Qui ajoute que seules les questions ayant trait à la suppression du parrainage aux élections locales, l’élection des Maires et Présidents de Conseil départemental ainsi que l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral, entre autres sujets de préoccupation, ont fait l’objet d’un accord quasi définitif. « Servant ainsi de prétexte à un énième report des élections locales dont on ignore à ce jour la date à laquelle elles doivent se tenir, près de deux ans après l’expiration du mandat des élus locaux. Une situation inédite et inimaginable dans une démocratie qui se respecte. Même la Commission politique qui peut se prévaloir d’avoir bouclé ses travaux, n’a pas permis d’enregistrer les grandes avancées qu’on était en droit d’attendre de ces concertations », regrette-t-il.
A son avis, ce qu’il y a encore de plus aberrant est que les sept autres commissions mises en place sont au point mort alors que le mandat du Président du Comité de pilotage du dialogue national, prorogé une première fois, a encore expiré depuis le 12 novembre dernier. Ce qui signifie, d’après lui, qu’il faudrait normalement un nouveau décret de prorogation de son mandat pour lui permettre d’avoir une base légale pour la reprise des travaux. « C’est dire la situation embarrassante dans laquelle, ce laxisme d’Etat dans l’agenda du dialogue national a mis Famara Ibrahima Sagna et ses collaborateurs. Les Sénégalais ne le méritent pas. Et le Sénégal ne peut se le permettre au moment où tous les pays de la planète, y compris les plus nantis, font face aux difficultés inhérentes à l’apparition de cette pandémie et appréhendent l’avenir avec anxiété. Evitons de rater à nouveau le coche à un moment aussi crucial dans la marche du monde », a expliqué le président de Bokk Gis-Gis.