NETTALI.COM - Le Comité national de suivi de la campagne de commercialisation arachidière était à l’usine Sonacos de Diourbel, dans le cadre d’une tournée nationale. Son président appelle au patriotisme des producteurs pour qu’ils vendent leurs graines aux semenciers. Aliou Dia et sa délégation ont constaté que la situation est inquiétante à la Sonacos de Diourbel où seules 1 414 tonnes ont été collectées, soit l’équivalent de 64 camions.
L’ heure est grave à la Sonacos de Diourbel. Et pour cause ! L’usine n’a encore collecté que 1 414 tonnes d’arachide, 45 jours après le démarrage de la campagne de commercialisation arachidière. L’objectif, à Diourbel, étant 40 000 tonnes d’arachide, il est impensable, si rien n’est fait, qu’il soit atteint. Suffisant pour que le président du Comité national de suivi de la campagne tire la sonnette d’alarme. Aliou Dia en appelle au patriotisme des producteurs pour qu’ils cèdent leurs graines aux semenciers.
“Nous avons pensé devoir faire appel au patriotisme des producteurs et des opérateurs, parce que, comme vous le savez, la Sonacos, ce fleuron, appartient au peuple sénégalais. Ce n’est pas la Sonacos du directeur Fada Diagne, ni des opérateurs. Étant une filière stratégique, nous ne devons pas accepter une spéculation de la filière arachidière. La commercialisation doit donc être organisée et réglementée. Il faudrait qu’on évite de passer à une vente libre de l’arachide. Il est important que l’on revienne à la raison’’, lance Aliou Dia. Avant de demander de livrer les semences aux semenciers pour refaire le capital semencier avec les meilleures graines.
“Livrons notre production à la Sonacos qui va faire revenir des devises. Ce que les étrangers ne vont pas faire. Ils vont faire partir nos devises, mais la Sonacos, après la vente de ces huiles à l’extérieur, fera revenir des devises et va employer également des jeunes’’, poursuit-il.
Aliou Dia considère, en effet, que le gouvernement sénégalais, qui prend ces responsabilités pour doter en semences les producteurs, alloue des subventions énormes.
“Les semences sont subventionnées, les intrants sont subventionnés, le matériel agricole est subventionné. Il ne faut pas accepter qu’on livre nos meilleures graines à des étrangers, parce que nous allons d’abord perdre nos capitaux semenciers. Nous allons faire fermer nos usines, créer de nouveaux chômeurs et cela, un gouvernement responsable ne va l’accepter. Il va falloir que chacun prenne ses responsabilités. Les étrangers n’emploient personne et vont exporter nos bonnes graines en nous laissant avec des graines de qualité douteuse. Personne ne doit l’accepter. Nous félicitons les producteurs qui ont commencé à livrer à la Sonacos, surtout les gros producteurs’’, déclare-t-il.
En effet, pour les membres du Comité national de suivi de la campagne, il est incompréhensible que les gros producteurs qui, pendant la cession des semences, réclamaient un quota, se retrouvent avec des centaines de tonnes et permettent aux étrangers d’obtenir un kilogramme de leur production. Interpellé sur le fait que les paysans ne se retrouvent pas dans son discours, Aliou Dia minimise : “Je suis d’abord paysan et je suis mandaté par des paysans. Je ne pense pas qu’on puisse nous dire que c’est une majorité. Parce que ce que nous entendons ces jours passés, c’est un groupuscule de personnes qui font le tour des plateaux et des radios. Mais allez dans certaines régions, les paysans n’attendent que 250 F CFA, ils ne trouvent pas d’opérateur. Allez, par exemple, à l’usine de Louga, nous avons trouvé une attente de plus de 50 camions. Ils ont, aujourd’hui, dépassé 7 000 tonnes et que l’objectif de Louga, c’est 15 000 tonnes d’arachide. Cela veut dire que dans deux mois, Louga va dépasser les 15 000 tonnes. C’est parce que la fibre patriotique a été touchée là-bas. Mais ceux qui sont dans les zones où on trouve les Chinois peuvent spéculer pour dire : oui, on ne peut pas vendre en deçà de 300 à 325 F CFA. Mais dans la majorité des départements du Sénégal, les paysans n’attendent que des opérateurs pour écouler leur production. Donc, je ne crois pas que ce discours qu’un groupuscule tient puisse tenir pour dire que c’est la majorité des paysans’’.
A la question de savoir si l’Etat a mis la charrue avant les bœufs, parce qu’il fallait collecter d’abord les semences et ensuite les graines destinées à l’huilerie, le président du Comité national de suivi de la campagne de commercialisation arachidière a répondu : “Je crois que le marché n’est même pas encore libéralisé. Et l’Etat n’a jamais libéralisé le marché. Avec le carreau-usine, on a rompu avec la pratique ancienne. D’habitude, quand on ouvrait la campagne, on mettait même deux tas : celui des bonnes graines pour les semences et celui dont les graines sont douteuses pour l’huilerie. Et les prix n’étaient pas les mêmes. Maintenant, on arrête un seul prix. Ce qui veut dire que ce que l’Etat a fait est responsable.’’
Il souligne qu’à ce jour, aucun exportateur n’a encore envoyé une seule graine à l’extérieur. “Il faut encore appliquer la taxe. Si maintenant les semences sont achetées (les 75 000 tonnes) et que les huiliers disposent effectivement de quantités leur permettant de fonctionner, on pourra ouvrir l'exportation, en limitant le quota qui leur sera alloué’’.
(Avec ENQUETE)