NETTALI.COM - Dans la course aux prochaines joutes électorales, tout se passe comme si le pouvoir avait décidé de faire le plein pour Ousmane Sonko. L'épisode de l'opération de levée de fonds en constitue une nouvelle preuve.
"Du point de vue de l'effet Sonko, s'il est attaqué, il tient le haut du pavée. S'il attaque, il tient le haut du pavée. Ses adversaires doivent faire attention parce qu'ils sont en train de le propulser comme une fusée." Ce conseil du journaliste politologue Babacar Justin Ndiaye semble être tombé dans l'oreille d'un sourd. Les tenants du pouvoir ne cessent en effet de multiplier les erreurs de communication et de stratégie qui ne profitent finalement qu'à Ousmane Sonko et son parti. La preuve a encore été donnée ce week-end.
Pour financer la prochaine tournée nationale et internationale "Nemmeeku tour" de son leader, Pastef-Les Patriotes lance une opération inédite de levée de fonds. Ainsi, en huit tours d'horloge, plus de 125 milliards de francs Cfa sont collectés. Des contributions qui viennent principalement de Sénégalais établis à l'étranger. Pourtant, la presse ne parle presque pas de ce "succès". Seuls les réseaux sociaux en font l'écho. Mais Pastef pouvait compter sur un agent marketing inattendu pour braquer les projecteurs sur son "nouveau succès". Un agent marketing inattendu qui n'est personne d'autre que le ministre de l'Intérieur. Antoine Félix Abdoulaye Diome attend 3 heures du matin pour sortir un communiqué dans lequel il brandit une menace à peine voilée de dissoudre le parti d'Ousmane Sonko. Pour lui, Pastef viole la loi à travers son opération de levée de fonds. Ce que contestent juristes et observateurs de la scène politique. Et l'on déterre les déclarations de Macky Sall où il avouait avoir reçu des "appuis financiers" de Sénégalais de la diaspora. Pis, même la lettre de l'opposant Macky Sall adressée à Oumar Bongo pour lui demander de l'aide est exhumée. Dopé par les menaces du ministre de l'Intérieur, Pastef vise désormais le... milliard.
Zélés ou animés par d'autres motivations, les alliés de Macky Sall entrent, eux aussi, dans la danse. Et ce sont des accusations parfois fantaisistes qui sont brandies contre Ousmane Sonko et son parti. C'est le cas d'Ibrahima Sène du Parti de l'indépendance et du travail (Pit) qui jure que cet argent récolté par Pastef est suspect. Son argument : "dans ce contexte de crise, on ne peut pas récolter autant d'argent en si peu de temps". Porte-parole du Parti socialiste (Ps), Abdoulaye Wilane accuse, lui aussi, Pastef de chercher à blanchir de l'argent déjà disponible et dont la provenance ne serait pas forcément légale. Une bien bonne manière de stigmatiser les Sénégalais de l'extérieur.
Bizarrement, cette affaire, c'est l'Alliance pour la république (Apr) qui en parle le moins. Sans doute gênés par ce débat, les apéristes se montrent discrets. En tout cas pour le moment.
Pourtant, au lieu de se comporter en agent marketing de Sonko, le ministre de l'Intérieur aurait pu garder sa sérénité et rendre un grand service au pouvoir. Pour cela, il aurait suffi d'activer ses services pour surveiller ces entrées d'argent comme le ferait tout Etat organisé. Et ainsi obliger Pastef à prouver l'origine licite de chaque centime reçu d'ici et d'ailleurs. C'est en effet un droit voire un devoir pour le ministre de l'Intérieur de surveiller ses fonds. Encore faudrait-il qu'il puisse le faire avec tous les partis. Sinon, Antoine Félix Diome contribue à faire de Sonko le "vrai challenger" de Macky Sall. C'est ce que dit, d'ailleurs, Serigne Mbacké Ndiaye. Ce dernier affirme : "Le chef de l'opposition s'appelle Ousmane Sonko."