NETTALI.COM- Après que le parquet a requis une peine de 2 ans dont 8 mois ferme contre Assane Diouf, les avocats de celui-ci ont plaidé la relaxe. Ils ont dénoncé une justice avec un poids deux mesures en faisant allusion aux députés Moustapha Cissé Lo et Aliou Demboury Sow ainsi qu'à l' aperiste Penda Bâ. Les trios étaient les absents les plus présents.
Le parquet a requis 2 ans dont 8 mois de prison ferme contre Assane Diouf, jugé, ce vendredi 15 janvier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, poursuivi pour outrage, rébellion et appel à un attroupement armé non suivi d'effet. Pour asseoir la culpabilité du prévenu, le parquet a fait savoir que ce dernier était complètement dans l’anonymat mais, pour avoir le buzz il s’est mis à insulter les individus. Malheureusement, regrette-t-il « d'aucuns copient l’insolence, l’indécence, la désacralisation de nos institutions ». D’après le maitre des poursuites, si on laisse les choses ainsi sans rien faire, le pays va un jour partir en vrille. La justice doit siffler la fin de la récréation en mettant fin à ces agissements.
Suite aux réquisitoires du parquet, les avocats de la défense ont pris la parole pour plaider la relaxe pour leur client. Les robes noires ont, tour à tour, dénoncé le deux poids deux mesures de la justice sénégalaise. Me Seydou Diagne a dit son incompréhension par rapport à la politique criminelle que l’Etat met en œuvre. A l’en croire, il ne peut pas comprendre que le député Aliou Doumbourou Sow ne soit pas puni suite aux propos que ce dernier a tenus pour inciter les gens à la violence. Alors que des citoyens ont déposé plainte contre lui. « Je ne comprends pas le réquisitoire du parquet et comment il met en œuvre sa politique criminelle. Pourquoi il ne poursuit pas le député qui appelle à une provocation armée. Assane Diouf est poursuivi parce qu’il n’est pas dans le régime de Macky Sall », a déclaré Me Seydou Diagne, soutenant qu’il y a aucune preuve attestant de la culpabilité du prévenu.
Me Ndèye Fatou Sarr estime que la politique n’a pas place dans la justice. Elle ne comprend pas que l’on poursuive Assane Diouf pour injures alors que, rappelle-t-elle, une militante de l'Alliance pour la République, Penda Bâ, a insulté publiquement des Sénégalais sans être inquiétée.
Me Ciré Clédor Ly n’est pas allé par quatre chemins pour dire que, dans cette affaire, la procédure est biaisée dès le début. La soutenance de l’accusation, martèle-t-il, a été très laborieuse pour des faits dont l’apparence est très simple. « Rien ne justifie l’exercice de la violence pour procéder à l’arrestation d’une personne. Le ministère public a dit qu’ils étaient obligés de recourir à la force pour arrêter Assane Diouf. Le chef de la circonscription l’avait contacté pour lui donner rendez-vous. Il y a eu des abus et des excès de pouvoir dans cette affaire de la part des policiers, du procureur et du juge d’instruction », a soutenu Me Ciré Clédor Ly.
Poursuivant, il a souligné que le procureur de la République et le doyen des juges l’ont déjà condamné et puni. « C’est déplorable. On vous dicte ce que vous devez faire. Cela m’inquiète en tant qu’acteur de la justice. Personne n’a le droit de prendre votre place. Mais ils l’ont déjà fait. L’art 250 ne pouvait pas être visé pour la simple raison que si vous vous fondez sur ce qui est mentionné sur cces 4 feuilles vous allez droit à l’erreur », a plaidé l'avocat pour dénoncer la justice à deux vitesses.
Avant ses avocats, Assane Diouf a au cours de l'interrogatoire déploré le fait que député Aliou Demboury et Moustapha Cissé Lo ne soient pas poursuivis. Le premier pour ses propos " insurrectionnels", le second pour des injures proférées contre le couple présidentiel et certains responsables.
Outre la procédure, Me Ly a fustigé les conditions dans lesquelles son client a été emprisonné. « Il est enfermé avec des terroristes », a révélé l’avocat qui, profitant de la tribune qui lui est offerte, a sollicité la liberté provisoire pour Assane Diouf
Même s'il a tenté de convaincre les juges en assurant que Assane Diouf est régulièrement domicilié et a publiquement présenté ses excuses sur les injures, la représentante du parquet s’est opposée à cette requête. Elle est contre les propos de la défense qui, dit-elle : « souffle tantôt du froid, souffle tantôt du chaud. On nous accuse de tout faire pour mettre Assane Diouf en prison. Au final on implore notre compréhension pour que le parquet accepte sa demande de mise en liberté provisoire ».
Cette remarque du parquet n’a pas été bien appréciée par Me Ciré Clédor Ly qui, reprenant la parole précise qu’il ne quémande pas une liberté pour son client. Il a finalement renoncé à sa requête.
Assane Diouf reste en prison en attendant la décision des juges qui sera rendue le 28 janvier 2021.