NETTALI.COM- Le télétravail est une bonne option mais il n’est pas encadré au Sénégal. C’est le constat du Directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat du Sénégal (ADIE) qui demande qu'il soit réglementé. Cheikh Bakhou, qui était l'invité de Jury du dimanche, assure que le Conseil des ministres qui se déroule par visioconférence à cause de la Covid-19 est sécurisé.
Pour limiter la propagation du Coronavirus, plusieurs entreprises et structures de l'État ont opté pour le télé-travail. Ce qu'apprécie le Directeur général de l'Agence de l'Informatique de l'État (ADIE) qui déplore que cela ne soit pas réglementé au Sénégal. C'est pourquoi, Cheikh Bakhoum demande ainsi le développement de l’aspect réglementaire et législatif du télétravail. « Il faudrait pouvoir contrôler le travail qui est effectué par l’agent chez lui. Ainsi, il faut un certain nombre de dispositifs pour pouvoir contrôler réellement le travail. Donc, à ce niveau, le Gouvernement est en pleine réflexion pour encadrer cette activité et la mettre dans le code du travail. Il faut réformer la législation du travail. Aujourd’hui l’Adie a l’ensemble des outils pour pouvoir faire du travail », a soutenu M. Bakhoum.
Selon lui, le télétravail, au-delà de la pandémie, doit être une réalité dans notre pays parce que c’est un gain de temps, c’est beaucoup d’économie. Etayant ses propos, il renseigne qu’ils ont ouvert 10 mille sessions depuis le début de la pandémie. Des sessions en ligne qui en temps normal se tiendraient dans des salles de réunions des hôtels. En effet, pour que le télétravail soit effectif dans tout le pays il faut également une couverture de la connexion dans toutes les zones.
Ainsi, Cheikh Bakhoum rappelle les obligations des opérateurs qui doivent couvrir tout l’espace. « Nous avons connecté plus de 100 sites de l’Etat en fibres optiques. C’est une révolution numérique. On a à peu près 400 gigas de bande passante quasiment disponibles. Aujourd’hui, on est à un taux de couverture de 62 % relatif à l’accès à internet. Nous sommes présents quasiment dans les 45 départements. Nous allons ouvrir le réseau aux opérateurs », soutient-il.
« Les conseils des ministres par visioconférence sont bien sécurisés »
Le DG de l'ADIE s'est prononcé sur les conseils des ministres qui se font maintenant par visioconférence à cause de la pandémie. Cheikh Bakhoum rassure que ces rencontres à distance du Gouvernement sont bien sécurisées. « Le conseil des ministres a été la réunion la plus solennelle et c’est une réunion secrète. Donc, il fallait tout de suite imaginer un dispositif qui puisse permettre à ce que nous puissions tenir cette rencontre au plus haut sommet de l’Etat avec toute la sécurité qui sied. On a pris l’option d’avoir des outils « in house ». Le Conseil ne se passe pas sur internet. Ça se passe sur l’intranet administratif. Les données passent sur la fibre optique qui connecte l’ensemble des bâtiments où sont présents les ministres », a expliqué M. Bakhoum.
Avant d’ajouter : « Nous avons mis un dispositif dans chaque structure pour pouvoir superviser tous les fils qui entrent et qui sortent dans ces bâtiments. Ce, avec des dispositifs de dernière génération, avec une qualité d’image extraordinaire ».
Par ailleurs, l'invité de I-radio a indiqué que l’ADIE a un package qu’on appelle package Covid-19 pour permettre à chaque administration de pouvoir fonctionner sans pour autant que les agents puissent être systématiquement présents.
Sécurisation des données personnelles
Au-delà des membres du gouvernement, le Directeur général de l’ADIE s'est prononcé sur la sécurisation des données personnelles d'une manière générale. Il a soutenu que tout Etat sérieux doit avoir une vraie politique relative à la gestion des données. Pour que cela soit possible, dit-il, il faut de bonnes infrastructures parce que les entités publiques comme privées, ce qui les intéresse est de pouvoir héberger leurs données et d’y avoir accès. « Il faut que ce problème soit réglé. Il faudrait qu’on trouve un modèle qui permettrait à toutes les administrations d’avoir accès à leurs données quand elles le veulent. Il faut une structure centrale qui gère la gestion des données. Il faut que les gens fassent confiance à l’ADIE. Les datas center que nous avons mis en place sont pour l’administration et on va s’ouvrir de plus en plus au secteur privé. Nous allons bientôt inaugurer le plus grand data center du Sénégal qui permettra de prendre en charge tous les besoins de l’Etat. Avec l’accès à l’infrastructure de ADIE on peut baisser les coûts de l’internet », a déclaré Cheikh Bakhoum.
Poursuivant, il indique que la donnée personnelle est la devise de l’économie numérique. C’est aujourd’hui un enjeu majeur d’autant plus que qui maitrise les données a plus de capacité à anticiper, à développer des services à valeur ajoutée qui permettent à son pays de prendre un essor. Donc, à son avis la gestion des données doit être une problématique qui doit être gérée par l’Etat de manière beaucoup plus rigoureuse pour nous permettre d’avancer.
Par rapport aux données personnelles sur la santé, ce sont des données personnelles sensibles. Et ce n’est pas toutes les structures qui ont le droit d’héberger des données personnelles de santé. « Les opérateurs de téléphonie n’ont pas le droit d’héberger des données de santé. Maintenant si le ministère de la Santé leur donne un agrément pour pouvoir gérer une partie de leurs activités comme n’importe quelle entité privée, ces données doivent être hébergées dans les datas center de l’Etat pour être préservées », explique-t-il.