NETTALI.COM- Le parquet a requis ce lundi 22 mars 2021 une peine de 7 ans de réclusion criminelle contre deux commerçants maliens. Attraits devant la chambre criminelle spéciale de Dakar pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux entre autres, Sina Ould Ahmed, soupçonné d'avoir des liens avec un des planificateurs de l'attentat de Grand Bassam en Côte d'Ivoire et son co-accusé Boubacar Niangadou ont été arrêtés à Dakar en 2017.
Sina Ould Ahmed et Boubacar Niangadou ont comparu, ce lundi, à la barre de la chambre criminelle spéciale pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, acte terroriste, financement du terrorisme en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste et blanchiment de capitaux.
En effet, il ressort des faits discutés à la barre que les services de renseignement avaient appris que Sina Ould avait un lien direct avec Abdallahoul Nouini, l’instigateur de l’attentat du Grand Bassam. Sina Ould, filé durant plusieurs jours par les services secrets, avait été intercepté à la sortie de la résidence Keur Damel où il occupait une chambre. Aux premières heures de l’enquête, les éléments de la Dic savaient que les rg leur avait transmis un dossier en béton. En effet, la perquisition effectuée à la chambre qu’occupait Sina à la résidence Keur Damel a conduit les enquêteurs à saisir quatre téléphones portable, des photos du mis en cause présumé le montrant assis sur les lieux abritant les mausolées saccagés et détruits par les jihadistes à Tombouctou, au Mali ; des documents divers dont un passeport ordinaire malien, une confirmation de la réservation d’hôtel Radisson Blu, en date du 7 février 2017, au nom du ressortissant libyen Nabil Abdallah Misbah Alsenini, une décharge manuscrite datée du 23 janvier 2017 rédigée à Dakar et par laquelle l’auteur reconnaît avoir reçu du nommé Boubacar Niangadou, arrêté par la suite, la somme de 20 millions de F Cfa en espèces et un chèque de 27 millions de F Cfa. Les éléments de la Dic n’étaient pas au bout de leur surprise car l’exploitation des téléphones de Sina allait révéler d’autres faits troublants notamment ses multiples contacts dans des zones « jihadogènes ». N’empêche, Sina jurait qu’il n’avait aucun lien avec, l’instigateur de l’attaque du Grand bassam, mais il admettait l’avoir vu grandir à Gao dans le même quartier où ils habitaient. Selon ses propos, il ne l’a pas vu depuis 2009, année à laquelle ils s’étaient rencontrés chez un chef religieux de la communauté Regada.
Devant la barre, les accusés ont nié les faits. Boubacar Niangadou a expliqué que c’est Mamadou Bocoum commerçant à Bamako qui l’a mis en rapport avec Sina. « Même si Sina dit que je lui ai remis 20 millions je me rappelle lui avoir donné le montant de 27 millions et un chèque de 20 millions. Les 10 millions de francs CFA je les avais gardés. Je lui ai demandé de ne pas aller à la banque. C’est le lendemain qu’il est revenu. J’ai récupéré le chèque et je lui ai donné 20 millions de francs CFA », a expliqué le sieur Niangadou.
Pour sa part, Sina Ould Ahmed dit avoir rencontré Niangalou le 23 janvier 2017 et il était dans son bureau pour prendre de l'argent (57 millions). De l'argent envoyé par Mouhamed Ould Ahmed dit Mouhamed Rouggy, Pdg de l'entreprise Temci, identifié comme l'un des planificateurs de l'attentat de Grand Bassam en Côte d'Ivoire. Il a reconnu avoir rencontré Sidy Lamine Al Sini, un contact de Mouhamed Roggy mais précise qu'ils avaient une relation d'affaires puisqu'ils voulaient faire de l'import- Export de carreaux. Par conséquent, il jure n'être pas un terroriste et a justifié ses photos prises sur les ruines des mausolées de Tombouctou détruits par des djihadistes en 2012. Il dit que c'est une manière de commémorer les Cheikhs, notamment les saints maliens enterrés sur place. A l’en croire, lorsqu’il était au Mali, tous les vendredis il y allait pour s'y recueillir.
Le parquet a requis 7 ans de réclusion criminelle contre les accusés. Ce, après qu’il a demandé la requalification d’acte terroriste en apologie du terrorisme.
Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement en dénonçant l'absence de preuve.
L’affaire est mise en délibéré pour jugement qui sera rendu le 29 avril prochain.