NETTALI.COM – Amnesty International brosse un tableau sombre de l’état des droits de l’homme, dans la plupart des pays africains couverts par son rapport 2020-2021, dont le Sénégal. L'organisation indexe des situations de violation des libertés, sous couvre-feu, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
Le rapport annuel 2020 2021 sur la situation des droits humains au Sénégal est rendu public ce mercredi, par Amnesty, lors d’une conférence à Dakar.
Marceau Savieude, Directeur régional adjoint, au sujet de la situation des droits humains en Afrique de l’Ouest et du Centre, pointe « le rétrécissement des espaces de libertés dans la plupart des pays ». « Des autorités ont cherché à faire taire les critiques sur leur gouvernance », éructe-t-on. Il a également relevé « des coupures de réseaux internet et des arrestations de journalistes ». « Beaucoup de situations de violences policières », note-t-il, avec « des forces de l’ordre qui répriment des manifestants ». « Ce phénomène, ajoute-t-il, s’est accru du fait de la pandémie de la Covid-19.
Il est aussi relevé des violences et discriminations fondées sur le genre dans beaucoup de pays. « Elles ont été violentées durant le confinement », dénonce-t-on « les inégalités dans certains pays lors des couvre-feux…avec des populations qui ont été marginalisés ». « Le confinement a renforcé cette situation d’inégalité, une perte de revenus, des systèmes de santé très vétustes qui ne permettent pas aux populations de jouir de leur droit à la santé », liste-t-on les faits constitutifs d’un « accroissement des inégalités ».
Selon Seydi Gassama, « la covid a mis à nu la faiblesse du système de santé au Sénégal », avec « des hôpitaux vétustes et submergés » et en l’absence d’équipements de protection nécessaires pour faire face à la pandémie. II y a eu la question des salaires, beaucoup de médecins qui ont été dans ces centres de santé n’ont pas été payés, indexe le rapport.
Dans les prisons, des cas de Covid-19, des personnes ont été privées de liberté et les grâces n’ont pas permis de régler la question du surpeuplement. Devant « la situation catastrophique de certaines prisons, il est recommandé à l’Etat de faire des efforts ». La reconstruction de nouvelles prisons est préconisée.
Bref, la question du recours à la force lors des opérations de maintien de l’ordre est revenu comme une ritournelle dans le rapport. En janvier 2020 , un homme a été abattu à Fatick. Le rapport a aussi mis le curseur sur les évènements à Cap Skiring, la même année.
Ousmane Diallo, chercheur Afrique de l’Ouest s’est prononcé sur la situation au Sahel, avec une focalisation de son intervention sur le Mali, le Niger et le Burkina. Là-bas, il existe de nombreux cas d’enlèvement et des « tueries atroces », notamment dans les zones transfrontalières. Au total 102 personnes ont disparu, alors qu’il y a eu « très peu de suite judiciaire », à en croire M. Diallo.