NETTALI.COM - C’est inédit. Un bâtiment délabré, rempli de faux-médicaments. La découverte faite par des enquêteurs de la Sûreté urbaine choque l’Ordre des pharmaciens. Joint par “EnQuête’’, son président, Dr Amath Niang, annonce une plainte pour que les trafiquants soient sanctionnés.
Un bâtiment de 20 chambres, toutes remplies de faux médicaments. C’est la stupéfiante découverte faite, mardi, par des enquêteurs de la Sûreté urbaine, à la Patte d’Oie. Il s’agit de plusieurs tonnes de faux médicaments d’une valeur estimée à plusieurs milliards de franc CFA, dont la majorité n’est pas autorisée à la commercialisation au Sénégal.
Cette découverte inattendue choque les professionnels du secteur de la santé, plus particulièrement les pharmaciens. “Nous avons accueilli cette nouvelle avec beaucoup d’émotions et de sentiments d’amertume, du fait de l’atteinte à l’honorabilité de notre profession. Je pense que cette saisie rentre dans le cadre des missions régaliennes des forces de l’ordre où, chaque fois que la profession est violée, que ces dernières puissent réagir pour la faire respecter au mieux’’, confie le président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, Dr Amath Niang.
Sur un ton ferme, le pharmacien ajoute : “Nous allons porter plainte, comme la loi nous l’autorise et nous allons nous constituer partie civile pour que l’enquête se poursuive et que le préjudice soit réparé à sa hauteur.’’ Outre les conséquences dangereuses sur la santé publique, les faux médicaments ont des impacts considérables sur l’économie et surtout celle pharmaceutique. “L’impact est énorme. Personne ne gagne dans une telle activité. Ceux qui opèrent dans le circuit n’y voient que l’intérêt financier. Mais s’il faut faire le rapport entre le préjudice et le mal que cela entraine dans le système de santé des populations, personne ne peut évaluer jusqu’à quel point ce fléau constitue une véritable gangrène’’, se désole le Dr Niang.
Pour mettre fin à ce business lucratif, mais très dangereux pour la santé des populations, le pharmacien invite l’Etat à aller plus loin dans la lutte contre le fléau, en durcissant la législation en vigueur. “On gagnerait à aller dans le sens d’une révision réelle des textes législatifs et de leur applicabilité sur la base de renforcement des peines prévues par rapport à de telles exactions’’, estime-t-il.
“C’est un crime aux conséquences désastreuses’’
Ce business des faux médicaments inquiète au plus haut niveau les associations de défense des consommateurs. “Il s’agit d’un crime aux conséquences désastreuses pour notre économie et pour la santé des populations’’, condamne fermement le président de SOS consommateurs, Me Massokhna Kane.
Dans un communiqué parvenu à “EnQuête’’ et portant sur l’opération de la Patte d’Oie, le président de SOS consommateurs félicite le Commissariat de la sûreté urbaine, la Direction de la pharmacie et du médicament et le syndicat des pharmaciens pour cette saisie qui permettra de mettre hors de danger plusieurs personnes. Maitre Kane demande également “au ministère de la Santé et de l’Action sociale de réactiver le Comité sénégalais de lutte contre les faux médicaments et l’exercice illégale de la pharmacie dont, estime-t-il, la composition et la qualité des membres permettront d’obtenir d’excellents résultats’’. Il invite, aussi, l’Etat à mettre les moyens et la volonté nécessaire à cette lutte qui, considère-t-il, ne peut qu’être permanente et sous-régionale. À l’instar des pharmaciens, les défenseurs des consommateurs exigent aussi “une enquête approfondie, une information judiciaire qui, seule, permettra d’identifier et de sanctionner les vraies coupables et non leurs complices’’.