NETTALI.COM- Non seulement il est satisfait de sa gestion à la tête de la Délégation de l’entreprenariat rapide ( Der), mais Pape Amadou Sarr se réjouit de l'efficacité des financements et des recouvrements. En somme, le Délégué général qui était l'invité de « Jury du dimanche » tire un bilan positif de la Der tout en rejetant les accusations de favoritisme dans l'octroi des financements.
« Je défie quiconque. Demain, si je quitte la Der, la personne qui prendra ma place, ne pourra pas faire mieux que ce que j’ai fait, avec les ressources dont je dispose » ! Ce défi est lancé par le patron de la Délégation à l’entreprenariat rapide, Papa Amadou Sarr pour répondre à ses détracteurs qui, selon lui, soutiennent qu’il a échoué à exécuter la mission qui lui a été confiée. « Nous avons un bilan très honorable, même si certains pourraient le prendre comme de la prétention. Nous avons pu mettre, dans l’économie sénégalaise, en moins de trois ans, plus de 60 milliards de FCFA. Nous avons pu lever plus de 74 milliards de F CFA avec les bailleurs internationaux pour financer les Pme, la start-up et les entrepreneurs du Sénégal. Aucun régime ne l’avait fait depuis l’indépendance », ajoute-t-il avec fierté.
Hué par les maires lors de la conférence de l’Association des maires du Sénégal, le Délégué général dit ne pas en vouloir aux élus locaux parce qu’il savait qu’il allait vivre ce sale quart d’heure. « J’ai été averti. On a payé des gens pour cela. J’ai la preuve et le montant. 1 million 500 a été donné à des gens pour me huer et m’humilier. Ce n’était pas la première fois et ce sont des pratiques que je dénonce », soutient-il. Avant d’ajouter : « Je suppose que le Président est satisfait de mon travail. Sinon, avec toutes les critiques que j’essuie, j’aurais été viré ».
A l’en croire, il s’est auto évalué en commettant un bureau de prospective économique qui est en train d’évaluer les financements de la DER sur l’ensemble du territoire national. Mieux, il dit s’être auto-audité avec des experts de l’IGE, et des experts bancaires. « Je le fais, parce que je sais que, tôt ou tard, l’audit de la Der se fera. Au cours de ces deux dernières années, nos comptes ont été certifiés conformes », rassure-t-il.
Auparavant, il a expliqué que la délégation ne s'occupait pas d’emplois. Elle s’occupe d’entreprenariat. « On a un pays qui a 30% de chômeurs. Et la délégation n’a que 3 ans d’existence. La question du chômage ou de la précarité des jeunes et des femmes de notre pays date bien avant même notre indépendance. Tous les régimes qui se sont succédé n’ont pu résoudre cette lancinante question. Je ne pourrais pas régler la question de l’emploi des jeunes, parce que ce n’est pas ma mission, même s’il y a une mission d'auto-emploi, de création que nous insufflons. Deuxièmement, ce que nous faisons, c’est octroyer des financements sous forme de crédits, de dette, de garantie bancaire, d’accompagnement pour permettre aux entrepreneurs jeunes âgés de 18 à 40 ans et pour les femmes, sans limite d’âge, de pouvoir créer leur propre entreprisse », dit-il.
70 milliards investis, 106 000 personnes impactées, 70 mille emplois créés
Après s'être évalué, Papa Amadou Sarr a fait savoir qu’au 31 décembre 2020, ils ont investi 60 milliards de FCFA. « Actuellement, nous devons être autour de 65 à 70 milliards. Nous avons impacté positivement la vie d’entrepreneurs hommes et femmes pour 106 000 personnes directement. Nous avons créé au moins 70 mille emplois », dit-il.
Poursuivant, il ajoute : « Selon une récente étude que nous a fait le bureau de Prospective économique, nous avons impacté positivement la vie de beaucoup d'entrepreneurs en créant de l’emploi sur l’ensemble du territoire national sans aucune distinction ».
Papa Amadou Sarr n’est pas d’accord quand on parle de l’échec de l’Etat relatif à l’emploi des jeunes. Il explique ses raisons : « Aujourd’hui, nous avons 5 à 6 millions de demandeurs d’emplois. Et pour avoir un emploi pérenne, il faut au minimum, 2,5 à 3 millions de F CFA qui permettent à une personne d’avoir un revenu minimum de 100 à 200 mille francs CFA par mois et crée de l’emploi. En faisant un petit calcul, c’est environ 3 000 milliards pour 1 millions d’emplois. Vous multipliez par 5, cela 15 000 milliards pour 5 millions d’emplois. Si l’Etat du Sénégal avait les moyens de le faire, il le ferait. Cela signifie exactement que, c’est 5 à 6 années budgétaires qu'il faut à l’Etat du Sénégal pour résorber le gap de chômeurs. Aucun Etat africain même européen ne pourrait le faire ». Selon lui, il est possible de créer 65 mille emplois dans l’immédiat. Mais, prévient-il « ça sera sous contrainte ». A son avis, il va y avoir un réaménagement budgétaire. Le gouvernement va faire une loi de finance rectificative. « On va aller chercher les 150 milliards cette année. Dans ces 150 milliards, il y aura 60 à 70 qui vont servir à créer 65 mille emplois pour un revenu moyen de 80 à 100 mille F CFA », souligne-t-il. Cependant, il pense qu’il faudrait que l’on mette en place des réformes adéquates qui permettront de libérer le potentiel du secteur privé qui crée de l’emploi, diminuer l’imposition, permettre aux entreprises de créer de l’emploi.
Efficacité des financements, points sur les remboursements
Abordant la question des remboursements, le Délégué général de la DER a révélé que les 60% sont efficaces. S’agissant des 40% non remboursés, il indique que ce sont soit des entreprises qui sont mortes à cause de la Covid-19. En sus, il y a eu des déperditions ou des jeunes qui ont des financements qu’ils n’ont pas utilisés à bon escient. « Nous en avons tenu compte parce que les gens viennent solliciter des financements de 3 à 4 millions de francs pour faire de l’aviculture ou de l’agriculture mais après, ils détournent l’objectif de ces financements. Ils prennent la pirogue pour aller à l’extérieur. Ils sont blacklistés. Celui qui fait un défaut, qui ne paie est non seulement blacklisté mais il ne pourra plus avoir accès à un fonds public », explique Pape Amadou Sarr.
« 60 à 70 % des investissements faits entre 2018 et 2019 recouvrés »
Néanmoins il dit être soulagé par le remboursement parce qu’en 2020, il y a eu 5 milliards de budget investis sur 30 milliards. Les 20 milliards financés viennent du remboursement. « On a pu recouvrer 60 à 70 % des investissements que nous avons fait entre 2018 et 2019. Bien entendu en 2021, le taux de remboursement va baisser à cause de l’impact de la Covid parce qu’il n’y a pas de consommation, les transports, les services, l’artisanat qui regroupent presque 70% des investissements mais avec la relance de l’économie, les chiffres vont repartir à la hausse », informe-t-il. Et d’ajouter : « De toute façon, il est obligatoire qu’on recouvre pour qu’on puisse réinvestir. Je le dis à tous les détenteurs de financements, s’ils veulent que cet instrument, avec ou sans moi soit pérenne, ils doivent rembourser »
« C’est la République qui nous intéresse »
Par ailleurs, le Délégué général a battu en brèche les accusations selon lesquelles il favorise, dans les financements, les jeunes et les femmes de la mouvance présidentielle pour ne pas dire les militants de la coalition Benno Bokk Yakkar. Ces allégations, se défend-il, sont fausses et sans fondement. « Ce qui nous intéresse c’est la République, les bons projets, les jeunes et les femmes. L’appartenance politique ne me regarde pas », précise-t-il.
Etayant ses propos, M. Sarr raconte une anecdote où il a privé les partisans de Mansour Faye de financement au profit de ceux de Mary Teuw Niane. « Je suis allé à Saint Louis, il y avait des demandes venant des jeunes ou des femmes qui étaient avec l’ancien ministre Mary Teuw Niane et d’autres qui venaient du ministre Mansour Faye et beaucoup m’ont dit « tu ne dois pas financer les jeunes de Mary Teuw Niane puisqu’ils s’opposent ». Tu finances d’abord les jeunes de Mansour Faye. J’ai financé les jeunes de Mary Teuw Niane parce que pour moi, tous les jeunes sont égaux, sans distinction ».
En outre, il a informé que la DER a financé des Sénégalais de la Diaspora. « Aujourd’hui nous avons créé un fonds diaspora de 5 millions d’euros qui nous a permis d’accompagner des Sénégalais de la diaspora mais qui ont fait du financement au Sénégal. Parce qu’aujourd’hui on a lancé un fonds diaspora qui permet de faire un cofinancement qui permet d’accompagner des projets de femmes et de jeunes dans leur localité mais l’argent ne sort pas du Sénégal. C’est un programme qui a un franc succès », indique Pape Amadou Sarr.