NETTALI.COM - Récemment sur les réseaux sociaux, des internautes ont manifesté leur joie à travers des commentaires, à l’annonce du retour de Léa Soukeyna au JT de la Tfm. Mais en exprimant leur soulagement, beaucoup évoquaient sa plastique et sa diction. Certains se sont même aventurés à faire une comparaison entre son physique d’avant et celui d’aujourd’hui. Sacrés internautes !
Même type de jugement dans le cas d’Astou Dione de la 2 STV, c’est sa beauté qui est relevée, lorsqu’il lui arrive de faire un post sur facebook, avec photo à l’appui. Les papillons des réseaux sociaux et ses suiveurs qu’on peut considérer comme globalement jeunes, au regard de leurs expressions, ne sont pas indifférents. Ils apprécient et ne manquent pas de s’enflammer. Il est vrai qu’elle est jeune et a du goût pour les vêtements.
Idem pour Néné Aicha de la Sen TV, ses suiveurs louent également sa plastique et son côté souriant.
Chez les hommes, c’est plutôt Chérif Diop qui rentre dans cette case-là. De jeunes femmes fantasment sur le gars et lui attribuent le statut de « thiof » (mec séduisant) et n’hésitent pas à le désigner comme leur présentateur masculin préféré.
Il est vrai que la télé opère une certaine magie chez certains télespectateurs qui n’hésitent pas à coller à des présentateurs, un statut de vedettes, surtout lorsqu’ils ont en plus un physique avantageux. Mais une question qu’on ne peut pas ne pas poser, c'est de savoir ce que ceux-là valent réellement d’un point de vue professionnel ?
Une plastique avantageuse et une bonne prestance, ne sauraient suffire
A un autre niveau, Faty Dieng et Aïssatou Mbène Thioub qui officient à la matinale de la TFM, instituée depuis quelques mois pour renforcer le côté éditorial de la chaîne, ne sont certes pas des top-models, même elles n’en ont pas moins un physique avenant. Mais, elles sont plus reconnues pour leur consistance professionnelle, tout en étant considérées comme des journalistes aux têtes bien faites. Figurez-vous que Faty Dieng a même écrit un livre, «chambre 7». Cette dernière a des atouts, c’est sûr. Avec sa noirceur d’ébène qui se fait de plus en plus rare à cause du phénomène de la dépigmentation, sa classe, son côté très pondéré, qu’elle allie avec la journaliste terrain qu’elle est, comme par exemple lors des grands évènements religieux en particulier, casse un peu le stéréotype du télespectateur qui voudrait ériger la femme de teint clair en modèle. Une vraie sénégalaise avec la retenue et les tenues sobres et bien choisies. Même constat chez Astou Mbène Thioub, sobre, agréable et qui mène avec brio ses émissions. Elle a elle aussi une tête bien faite.
Adama Anouchka Ba d’ITV est dans la lignée de ces deux-là car ayant fait une expérience de la presse écrite (L’Observateur, Seneweb) très formatrice, de la radio (West african democracy radio avec Souleymane Niang et RFM) ainsi que de la télé (ITV). Elle présente le JT, fait en plus du terrain, tout en ayant un physique très avenant. Le reste se fera avec l’expérience pour la journaliste très prometteuse qu’elle est. De plus, le passage par la presse écrite renforce les qualités du journaliste. La preuve par Moustapha Diop qui a fait "Le Populaire" et Walf Grand place avant d’atterrir à la télé de feu Sidy Lamine Niasse et de devenir le directeur de Walf TV et FM. Chérif Dia et Cheikh Tidiane Diaho sont tout aussi prometteurs.
Mais une fois passés les jugements sur les présentateurs, la vérité est que le niveau des émissions télévisuelles ou radiophoniques sénégalaises gagneraient à être améliorées. Enormément de présentateurs d’émissions font office de décor sur les plateaux ou antennes par déficit de compétence et de professionnalisme. Certains ne sont là que pour distribuer la parole et faire la police, sans toutefois avoir une vraie valeur ajoutée du point de vue de la connaissance des faits et de la culture générale. Mais que de questions profanes et futiles, tel l’homme de la rue : « j’ai entendu dire… », « il paraît que… », sans oublier ceux-là qui ont une propension aux commentaires sans les faits qui doivent aller avec ! L’absence de logique, de cohérence et le déficit de technique dans la conduite des émissions, manquent parfois cruellement pour donner de la consistance à l'info qui va être tirée des émissions ; ils handicapent même parfois le ou les invités qui voudraient donner des infos.
Mais dans la réalité, trop d’étapes sont brûlées avant de rejoindre la catégorie des journalistes présentateurs et animateurs d’émissions qui sortent du lot pour s’être formés à bonne école et roulé un peu plus leur bosse. La liste est longue : Mamoudou Ibra Kane, Alassane Samba Diop, Babacar Fall, Abdoulaye Der, Abdoulaye Cissé, Antoine Diouf, Ben Matar Diop, Khalifa Diakhaté, Moustapha Diop, Maïmouna Ndour Faye, Souleymane Niang, Pape bez Diba etc.
Le monde des réseaux sociaux qui juge la presse est hétéroclite et est composé de gens cultivés certes, mais aussi par une grande majorité de profanes du métier de l’information. C’est la masse ou plus exactement le grand public qui a envahi le net. Avec ses suiveurs et ses fans de sensationnel, il n’est pas à proprement parler, un baromètre suffisant, exigent et très fiable. C’est la rue avec son peuple subjectif et qui fonctionne au feeling ; d’où des jugements pas forcément basées sur les aspects les plus essentiels, c’est-à-dire le contenu de l’information.
En télévision, la prestance et la plastique comptent beaucoup. C’est vrai. Et ce n’est pas un hasard si à l’école de journalisme, au moment de la spécialisation, les futurs journalistes sont orientés en fonction de leurs atouts et aptitudes. Difficile par exemple de faire de la radio si on n’a pas une bonne diction ; idem pour la télé. Mais pas que seulement. Au-delà du physique et de la prestance, le journaliste a besoin d’avoir de la culture générale, un bon niveau d’éducation et une bonne connaissance des faits et de leur évolution dans le temps. Il est en effet souhaitable que le présentateur ou la présentatrice ne soit pas juste cantonné à la lecture des chapeaux qu’on lui rédige. Il devrait maîtriser les techniques d’interview. Le journalisme est un métier et requiert de ce fait une formation. Et l’interview ou l’entrevue n’est pas quelque chose qui s’improvise. On ne naît pas avec, c’est une technique qui s’apprend et qu’on maîtrise au fil de la pratique et de l’expérience. Il faut d’abord à la base que l’interviewer sache ce qui est digne d’être une information.
Beaucoup d’interviewers par exemple sont inutilement agressifs avec les interviewés. Ils ne savent certainement pas qu’ils doivent plutôt chercher à installer un climat de confiance avec l’invité au lieu de chercher à en découdre avec lui ? On peut bien sûr challenger celui-ci sans être sur le terrain de l’hostilité. Et pourtant, mener une interview nécessite juste de bien cadrer ses questions par des phrases affirmatives qui précèdent les questions. La conséquence est que ces phrases vont donner des informations qui vont davantage préciser les questions dans le but d’obtenir des réponses riches en enseignements. La reformulation aussi est une technique qui peut constituer l’amorce d’une question qui suit. Elle peut servir de transition entre les questions et les réponses ; et dans le fond, en reformulant les réponses trop longues ou trop techniques, le journaliste donne des informations claires au téléspectateur qui ne doit jamais perdre le fil de l’interview.
Bref, il n’est pas ici question de donner un cours, mais de bien garder à l’esprit qu’il ne s’agit nullement, dans le cadre d’une interview, de faire succéder des questions et de les balancer sans un fil conducteur précis et une certaine cohérence. Au-delà, il s’agit de savoir gérer les questions selon qu’elles vont être plus embarrassantes ou moins pour l’invité, en tenant compte de la gestion du temps de l’émission et du moment où doivent arriver certaines questions. Ou plus exactement savoir à quel moment poser certaines questions pour ne pas gâcher le déroulement de l’émission au tout début.
Le déficit de culture, la méconnaissance des faits, le recours au bon client : de gros inconvénients
L’on se rend de plus en plus compte sur certains plateaux que des journalistes et même animateurs (parce qu’il y en a de plus en plus qui animent des émissions à caractère politique, économique, social, sportif, culturel, etc) n’ont ni le prérequis, ni une bonne connaissance des sujets ou alors ne se documentent tout simplement pas. Aussi, préfèrent-ils inviter ceux qu’on appelle les bons clients (Me El Hadji Diouf, Ahmed Khalifa Niasse, Mame Goor Diazaka, etc) dans le seul but de les interroger sur certains sujets avec une logique de créer du buzz pour combler leur manque de culture. Ils vont orienter les questions sur des sujets terre à terre, futiles et polémiques. Face à un Ahmed Khalifa, il n’aura plus rien à faire, sinon que de le laisser dérouler. Le marabout politicien finit même souvent par prendre en charge l’émission en imprimant son tempo, ses règles et distribuer lui-même la parole.
Lorsque par exemple, il s’attaquait au cours d’une émission sur la TFM à Taïb Socé, pourtant employé du même groupe de presse, il n’y avait personne pour l’arrêter, ni le recadrer et encore moins lui adresser une mise en garde. Même pas le très pugnace et si peu tendre Bouba Ndour qui le caressait plutôt en l’appelant « paapa » pour ne pas dire « papa ». Difficile de savoir ce qui était arrivé à ce cher Bouba, ce jour-là. La suite, on la connaît, Taïb Socé avait fini par quitter le groupe pour rejoindre ITV, sans doute scandalisé par le manque de recadrage de l’invité et de confraternité.
Pourquoi ne pas par exemple inviter des journalistes de la presse écrite qui signent des articles parce qu’ils auront mené des enquêtes, reportages, etc si on n’est mû que par l’intérêt d’informer ? Sur les plateaux de chaînes internationales, cela fait souvent quand bien même, le journaliste invité est dans un groupe concurrent et même dans la presse écrite.
Mais de nos jours, l’on se demande ce qui motive les directeurs de programmes ou responsable de chaînes. Imaginez Paco Jackson Thiam, Adja Diallo, etc qui animent des émissions politiques ! Qu’espère-t-on en tirer ? Animer une émission télé ou radio, requiert tout de même, un peu plus de formation et d’expérience. Mais lorsque même le niveau d’études laisse déjà à désirer ! Et en plus, c’est malheureusement à des jeunots, à la culture générale déficiente et sans expérience dans les rédactions qu’est confiée la responsabilité de diriger de plus en plus d’émissions.
L’autre gros mal de la télé, c’est l’invasion aussi subite que surprenante des plateaux par des chroniqueurs qui sont conseillers municipaux, écrivains, activistes, professeurs de philosophie de lycées, analystes et observateurs en tous genres, anciennes commerciales reconverties animatrices et qui finissent par se prendre pour des journalistes. Le résultat est tout simplement catastrophique. Ce n’est pas de l’info qui est produite dans ces émissions, mais plutôt des opinions, ou plus exactement du "wax sa xalaat" selon la cause du moment que l’on défend ou le bord politique auquel on appartient ou ses sensibilités. Imaginons ce qui se passerait si chaque Sénégalais devenait donner son opinion sur un sujet donné ! C'est ce qui se voit de plus en plus en plus avec ces émissions animées par Ndack, Ya Awa Dièye, Bijou Ngoné, Safia Diatta etc, avec des intervenants tels que père Mangoné, Ndella Madior Diouf, Modou Guèye, etc. Résultat des courses, personne n'est d'accord avec personne, et l'on sort de ces émissions à caractère social, culturel, complètement confus. C'es ça le divertissement à la sauce sénégalaise, c'est juste pour amuser la galerie. Certains en riront et commenteront le côté strict de Modou Guèye ou "je m'en foutiste" voire impudique de Ndella Madior ou encore archaïque de Père Mangoné. Avoir des personnages de la trempe de Massamba Guèye qui a l'avantage d'allier connaissance des traditions sénégalaises et d'être instruit à l'école française, serait souhaitable dans ces types démissions de divertissement. L'on apprend en effet beaucoup de choses avec lui.
Selon une logique de production d’information, quel que soit le domaine où se trouve, il reste impérieux de s’attacher aux faits, rien qu’aux faits et ne point s’embarrasser que le public soit d’accord ou pas. Le journaliste n'a pas à être pour ou contre, il doit être avec les faits. Et cette posture, seul le journaliste adossé aux normes du métier peut s’en préoccuper parce qu’il a appris les techniques de collecte et de vérification de l’info avant toute diffusion. Produire de l’information ne nécessite donc qu’un chose : une bonne connaissance des faits qui passe forcément par le recoupement via des sources, mais en étant évidemment adossé à l’éthique et à la déontologie du métier.
L’affaire Sonko-Adji Sarr a, à ce titre montré que lorsque ces règles ne sont pas respectées, c’est la porte ouverte à la manipulation et à la diffusion de contrevérités, aux conséquences désastreuses. De plus cette actualité brûlante nécessitait un traitement encore plus pointu d'autant plus que l’information était en plus juridique et faisait appel à des explications et éclairages de la part de journalistes spécialisés ou juristes praticiens du droit.
Certains groupes de presse sont tellement conscients du besoin de spécialisation sur certains sujets qu’ils se sont inscrits dans une logique de mutualisation des ressources pour combler les carences dans ces domaines techniques. Lors des matinales ou éditions spéciales ou à « Soir d’infos » sur la TFM par exemple, des spécialistes des relations internationales ou des questions juridiques, politiques et économiques, Barka Ba, Daouda Mine ou encore Abdoulaye Cissé, Souleymane Niang, vont en renfort parce qu’ils sont non seulement expérimentés, mais certains d’entre eux sont en plus spécialisés dans des domaines.
Alassane Samba Diop d’I-TV a aussi souvent recours à des personnalités du monde universitaire avec des chercheurs, du monde politique, ou alors des fonctionnaires internationaux car il sait qu’ils généreront forcément de l’information avec la rigueur et l’honnêteté requise par leurs spécialités et surtout indépendance vis-à-vis du monde politique sur des sujets à caractère économique et politique. Dans ces situations, l’objectif est non seulement de relever le niveau de l’émission, mais encore de combler le déficit de compréhension des sujets techniques grâce à des experts dont les connaissances ne font pas l’ombre d’un doute.
A « Grand Jury » du dimanche 16 mai au cours duquel, Cheikh Tidiane Sy Al Amine, agro-industriel et ancien banquier, a été invité, beaucoup d'informations ont été recueillies. Ce dernier a apporté des éclairages sur le conflit foncier de Dingueler et proposé le type de partenariat que peuvent développer les investisseurs et les populations. Pour avoir vécu l'expérience Senhuile Sen Ethanol en étant le Secrétaire général et en dirigeant "Takamoul Food" qui est dans la tomate. Il comprend les enjeux et la problématique de l'agriculture, de l'eau et surtout de la gestion du foncier. Il a aussi donné des informations sur l’affaire Sonko, sans oublier les questions politiques du moment notamment le découpage territorial qui fat l’objet de suspicions au regard du moment où il est opéré et un avis sur la question de l’emploi. Bref des informations d’un acteur de l’économie qui a une large vue sur les questions actuelles.
Il est donc nécessaire de diffuser la bonne info basée sur des faits car en télé et en radio, difficile de rattraper les errements parce que les propos sont directs et la relation interactive. Il arrive que des journalistes, chroniqueurs ou animateurs ne maitrisent pas les sujets sur lesquels, ils interviennent. Le gros inconvénient est que dans ces cas-là, des invités peuvent venir sur un plateau et raconter ce qu’ils veulent sans que celui qui a la direction de l’émission ne puisse les recadrer, relativiser leurs propos ou corriger leurs erreurs.
Un cas récent est celui de Cheikh Yérim Seck face à Pape Cheikh Diallo. Celui-ci relevait ce qu’il considère comme une faute de français « maîtresse d’un homme marié ». Et Pape Cheikh en guise d'approbation disait ceci : « seul le savoir compte ». Une manière d’encenser le journaliste. Beaucoup d’internautes n’étaient pas du même avis et ont estimé sur les réseaux sociaux que le pléonasme n’est pas une faute de français car étant une figure de style. Certains sont même allés jusqu’à arguer que dans les domaines culturels, y compris les films ou artistiques ou encore publicitaires, cela aurait été une faute qu’il serait tolérable, du fait de la liberté qui y est accordée. Sur ce sujet, Pape Cheikh n’avait aucun argument à opposer au journaliste, sauf à s’émerveiller.
Sur le même plateau, le journaliste Seck avait balancé tout de go que si on devait codifier le wolof, on perdrait une génération, soit 25 ans. Un argument vite détruit par le professeur en linguistique Mbacké Diagne qui a corrigé en apprenant à ceux qui ne le savaient pas que le wolof est codifié depuis 47 ans, en plus d’être enseigné dans des universités. Beaucoup le savaient déjà, c’est juste un problème de culture générale. La preuve que lorsque l’animateur d’une émission donnée ne peut pas challenger et recadrer un invité et que ses collègues sur le plateau ne sont pas également en mesure de le faire à leur tour ou que le débat ne soit pas suffisamment contradictoire avec un ou d’autres invités en face, les télespectateurs ou auditeurs ne voient que du feu. C’est ce qui s’est passé ce jour-là à « Quartier général », personne n’a pu corriger Cheikh Yérim. L’émission était pourtant censée informer au lieu d’embrouiller leurs esprits.
C’est ce qui se produit généralement avec Ahmed Khalifa Niasse et certaines des émissions religieuses où il officie, empruntent les travers du divertissement version buzz, alors que ce sont des sujets sérieux qui y sont traités. L’émission « Salon d’honneur » de Walf TV du mercredi du 12 mai, a pu éviter cela car une précaution a été prise de mettre en face d’Ahmed Khalifa, trois religieux : Oustaz Samb, Mame Makhtar Guèye et un troisième. Ce qui a permis de mieux équilibrer le débat en empêchant M. Niasse, une bête des débats, de surfer comme à son habitude sur les animateurs. Le résultat est qu’il a été un peu plus explicite, plus prudent dans ses propos et plus précis pour le grand bénéfice des télespectateurs.
La vérité est que les journalistes sont dans leur grande majorité plus à l'aise avec les sujets politiques et sportifs et moins avec ceux liés à l’économie, à l’international et au juridique car la politique et le sport leur paraissent plus accessibles et plus faciles à traiter, même s’il faut connaître les faits. Mais qu’est-ce qu’on en entend comme analyses et commentaires farfelus ! Ils sont bien souvent le fruit d’opinions tout simplement que de faits parce que leurs auteurs ne les connaissent pas, tant sur le passé que le présent, pour pouvoir faire des déductions correctes.
L’équation du niveau des journalistes
Tous ces constats posent ainsi la question du niveau des hommes de médias. Et il est toutefois illusoire de penser que le journaliste doit tout savoir. Mais, il doit savoir un peu de tout. Sur les questions juridiques par exemple, Daouda Mine, journaliste à « Futurs Médias» titulaire d’une maîtrise en droit, tout en ayant à son actif 20 ans de chroniques judiciaires, est une référence. Il sait parler de politique, de culture, mais surtout de droit. Des journalistes tels que Moustapha Diop de Walf ont également fait la faculté de lettres avant de faire l’Issic. Beaucoup d’autres tels que Cheikh Yérim Seck et encore, même, sans avoir à la base fréquenté le Cesti, ont pu exercer ce métier en ayant un cursus universitaire solide avant. C’est ce qui amène à poser la question du relèvement du niveau des diplômes pour accéder aux écoles de journalisme.
Les réformes apportées au code de la presse sont un bon pas de franchi certes mais pas suffisant. Car pour la validation des acquis de l’expérience, le code laisse bien quelques failles, en voulant prendre en compte ceux qui étaient dans la presse au moment de la promulgation de la loi en 2017. En effet, le code permet à ceux qui ne sont pas sortis d’école de formation en journalisme, de pouvoir solliciter la carte nationale de presse, s’ils ont la licence et 2 ans d’expérience ou s’ils capitalisent 10 ans d’expérience dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information. Dans cette dernière catégorie, le code n’exige pas un diplôme. Il suffit juste d’avoir 10 ans d’expérience. Ce qui veut dire que celui qui n’a pas le Bac et qui a réussi à intégrer les rédactions avant la promulgation du code de la presse en 2017, peut bien obtenir sa carte et exercer le journalisme au même titre que celui qui a la licence.
La valorisation des acquis de l’expérience des acteurs des médias qui n’ont pas le bac pourrait se révéler être une faiblesse de cette réforme, même si ceux-là sont déjà insérés dans le milieu de la presse. Une réforme a un prix. On ne peut pas faire d’omelette sans casser d’oeufs.
Il aurait peut-être mieux valu relever le niveau du concours du Cesti ou des autres écoles reconnues en instituant la licence comme diplôme, cela aurait pu aiguiser un peu plus le côté critique des journalistes et leur faire bénéficier d’une spécialisation en même temps. De quoi renforcer leurs capacités. A moins peut-être, à défaut de faire cela, d’instituer une durée de formation plus longue et mettre en place un système de tronc commun de deux années. La logique aurait même voulu en plus, avec l’introduction du wolof et des autres langues dans les médias, que ces acteurs soient formés aux sciences et techniques de l’information dans les langues qu’ils maîtrisent. Cela aurait limité les dégâts. Il est hélas bien dangereux de laisser prospérer les gens dans un métier aussi sensible, sans formation. Mais malheureusement la réalité d’aujourd’hui, est qu’une nouvelle caste d’acteurs des médias a été formée créant une corporation dans la corporation. Mais quel désastre cela cause à la presse de manière générale pour un grand public qui ne sait plus qui est journaliste, animateur ou chroniqueur.
L’autre grand problème est que le grand public ne sait pas en réalité différencier une information d’une opinion. Ce qui va plus l’intéresser, c’est l’information qui va résonner chez lui parce qu’elle serait en phase avec ses opinions politiques, religieuses, confrériques et même ses convictions. Or, le rôle du journaliste n’est pas de faire plaisir à tel ou à tel autre public, mais plutôt de participer à l’éveil et à l’éducation du citoyen. Et pour cela, ce qui doit être sa religion, ce sont les faits, rien que les faits. Ne dit-on pas que les faits sont sacrés ? Même le commentaire qu’on dit libre, doit reposer sur des faits. Ça, c’est le B.A BA du métier de journaliste.