NETTALI.COM - La cérémonie de présentation, hier, du Rapport alternatif sur l’Afrique numéro 01 a été l’occasion pour d’éminents intellectuels du Mouvement altermondialiste de revenir sur les goulots qui étranglent l’Afrique. Le principal, si l’on en croit nombre d’intervenants, c’est le défaut de souveraineté mis à nu par la tenue, récemment, d’un sommet à Paris pour parler des problèmes du Continent.
Le professeur Abdoulaye Bathily semble avoir du mal à digérer que l’étranger soit toujours le théâtre de discussion des questions qui intéressent le développement du continent. Présent, hier, à la cérémonie de présentation du Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa), il a, en des termes repris par le quotidien Enquête dans sa livraison du jour, exprimé toute sa désolation. “Il nous faut assurer cette rupture avec la dynamique de Berlin, qui continue de conditionner encore notre destin. Récemment, nous en avons eu l’illustration à Paris. Nous nous sommes rendu compte que le destin de l’Afrique se définit ailleurs. L’économie africaine se définit ailleurs. Il faut que la souveraineté soit le maitre mot de nos actions, de notre pensée….’’.
Malgré sa désolation, le professeur Bathily reste tout de même toujours optimiste quant à un avenir meilleur pour l’Afrique. Il déclare : “Je suis optimiste, grâce au travail abattu par toutes ces organisations…. Pour moi, c’est des signes avant-coureurs d’un nouveau soleil qui se lève sur le continent africain. Et nous rêvons de voir ce soleil se lever et briller à nouveau sur tout le continent, pour que la Jeunesse d’Afrique prenne en main son destin, forge la souveraineté de nos sociétés. Nous n’avons pas le droit de laisser notre destin être défini par d’autres à notre place’’, plaide-t-il devant un public venu nombreux suivre la présentation du Rapport alternatif sur l’Afrique.
Selon l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique, la jeunesse doit être à l’avant-garde de ce combat. Et d’enchainer : “Je voudrais lancer un appel à la jeunesse, aux chercheurs et à tous les militants pour que revive cette tradition’’.
Moins sévère contre le sommet de Paris, Dr Chérif Salif Sy a pour sa part estimé que cette rencontre de Paris sur le financement de l’Afrique montre toute la pertinence des initiatives comme le Rasa. “Ce qui s’est passé à Paris, souligne-t-il, montre simplement la pertinence de cette initiative. Cela montre qu’on est sur la bonne voie. On réfléchit sur le développement du continent, mais tout se passe en dehors du continent et sur l’initiative d’autres personnes. Nous, nous pensons que ce qui doit développer ce continent procédera de l’œuvre des fils et des filles du Continent’’.
Pour y parvenir, le professeur Abdoulaye Bathily estime que le retour aux sciences sociales est essentiel. “Plus que jamais, je crois qu’il est fondamental que nous revenions à cette science sociale qui libère, qui ouvre de nouveaux horizons, adossés à une vision d’une Afrique indépendante’’.