NETTALI.COM - Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin prochaine de l'opération militaire Barkhane au Sahel, où les troupes françaises engagées depuis 2013 dans la lutte contre les groupes djihadistes vont laisser la place à une "force internationale" dont la composition reste à déterminer.
Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin prochaine de l'opération militaire Barkhane au Sahel, où les troupes françaises engagées depuis 2013 dans la lutte contre les groupes djihadistes vont laisser la place à une "coalition internationale" dont la composition reste à déterminer.
Le "temps est venu" d'amorcer "une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel", a déclaré le chef de l'Etat pendant une conférence de presse.
Soulignant que le rôle de la France n'avait jamais été de se substituer aux Etats africains pour lutter contre le terrorisme et rétablir leur souveraineté, Emmanuel Macron a indiqué que des discussions auraient lieu dans les prochaines semaines pour fixer le "nouveau cadre" de l'intervention au Sahel.
"La présence durable dans le cadre d'opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l'Etat et des services de l'Etat, à la stabilité politique et au choix des Etats souverains", a souligné le président français.
"La forme de notre présence (...) n'est plus adaptée à la réalité des combats."
Alors que des sources avaient déclaré plus tôt dans la journée à Reuters qu'Emmanuel Macron s'apprêtait à annoncer une réduction des effectifs de l'opération Barkhane, qui s'élèvent à l'heure actuelle à 5.100 hommes, celui-ci est allé plus loin en promettant un "changement de modèle" qui sera mis en place de manière "progressive et ordonnée".
"La poursuite de notre engagement au Sahel ne se fera pas dans un cadre constant", a dit Emmanuel Macron en promettant le passage de témoin à "une opération d'appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent".
Des consultations à ce sujet vont être menées d'ici la fin du mois de juin avec les Etats-Unis et les partenaires européens de la France, ainsi qu'avec les pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie), a-t-il poursuivi.
Le nouveau modèle devrait notamment s'appuyer sur la "task force" Takuba, devenue opérationnelle en début d'année et constituée de forces spéciales européennes qui accompagnent les armées malienne et nigérienne au combat.
PLUSIEURS CENTAINES DE SOLDATS VONT RESTER
Emmanuel Macron a précisé que "plusieurs centaines de soldats" français resteraient déployés au Sahel dans ce cadre et il a invité les partenaires occidentaux de la France, dont les Etats-Unis, à y contribuer.
Les effectifs de Barkhane avaient été portés de 4.500 à 5.100 hommes à la fin février 2020, après un sommet réunissant la France et ses alliés du G5 Sahel à Pau pour répondre à la mort de 13 militaires français dans un crash d'hélicoptères au Mali. En tout, 55 soldats français ont été tués au Sahel depuis l'opération Serval en 2013.
Emmanuel Macron avait déjà souligné à cette occasion que la présence française dans la région n'était pas éternelle. Il avait néanmoins repoussé sa décision sur une éventuelle réduction des effectifs de Barkhane lors d'un sommet virtuel qui avait réuni en février dernier la France et ses alliés du G5 Sahel.
"Il n'y a pas eu un réengagement des décideurs pour faire revenir l'Etat dans les zones que nous libérons du terrorisme", a déploré le chef de l'Etat.
"Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l'anomie parce que des États décident de ne pas prendre leurs responsabilités", a-t-il ajouté pour expliquer sa décision, défendue de longue date par l'état-major des armées.
Emmanuel Macron a assuré que cette évolution n'était pas directement liée au récent coup d'Etat au Mali mais il a jugé que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait commis une "erreur" et établi une "mauvaise jurisprudence" en reconnaissant le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, en tant que président par intérim.
La France avait annoncé le 3 juin qu'elle suspendait à titre conservatoire ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes du fait de la situation dans ce pays.
Emmanuel Macron a souhaité jeudi que cette coopération puisse reprendre le plus rapidement possible si les autorités maliennes apportent des réponses satisfaisantes, en matière de transition démocratique mais aussi d'éventuelles négociations avec les djihadistes.
"Je ne sais pas expliquer aux parents d'un soldat français que je renvoie ses frères d'armes, alors qu'il est tombé sur le champ d'honneur, aux côtés de l'armée qui décide de négocier avec leurs assaillants", a expliqué le chef de l'Etat. "On ne peut pas souffrir l'ambiguïté."
(Avec Reuters)