NETTALI.COM - Le journal Enquête, dans sa livraison du jour, a posé la question afférente à la gestion de la commande publique, en s’intéressant au sort du privé national. Ce dernier est certes victime de sa faible capacité financière, mais s’illustre également par des retards de livraison et des défauts d’exécution. Pour aller plus en profondeur dans ce dossier, le journal a abordé le cas de l’entreprise Ecotra évincé du marché relatif à la boucle des Kalounayes, en Casamance, au profit de la Chinoise CRSG (China Railway Seventh Group).
D'emblée, Enquête a précisé que la commande publique tourne autour de 2 500 et 3 000 milliards F CFA. Mais pour beaucoup, en particulier pour les opérateurs sénégalais, c’est une manne qui échappe à l’économie. Avocat de l’un des majors des entreprises de BTP au Sénégal - la sénégalaise Ecotra - Maitre Demba Ciré Bathily disait : “Aujourd’hui, dans beaucoup de pays, il y a ce qu’on appelle la préférence nationale. C’est-à-dire, quand les nationaux peuvent faire certains marchés, on les favorise. Ici, non seulement, on ne favorise pas les nationaux, mais on crée des critères artificiels pour les écarter. Heureusement, notre Cour suprême, qui était là pour veiller au grain, a annulé la décision. Elle leur a dit qu’il est inconcevable de dire à une société qui fait 180 milliards de travaux, 52 milliards de chiffre d’affaires, 77 milliards de matériels, qu’elle n’est pas capable de réaliser un marché de 12 milliards. Elle a ainsi montré la voie…’’
Mais au-delà des griefs contre l’Etat, le cas Ecotra est symptomatique du casse-tête des privés nationaux pour l’accès à la commande publique. Ce qui a été curieux dans le dossier, c’est le statut même de la plaignante, en l’occurrence l’entreprise Ecotra. A tort ou à raison, ils sont nombreux, les observateurs, à estimer que c’est une entreprise qui a été faite de toutes pièces par le régime actuel. D’où la curiosité de la voir ruer dans les brancards pour vouer aux gémonies des décisions du même régime.
D’ailleurs, plaidait Maitre El Hadj Diouf, lors de la conférence de presse, ceci est un mauvais procès ; la vérité est qu’Ecotra est la meilleure dans les BTP. Il peste : “On ne peut donc pas l’écarter à chaque fois qu’elle postule à un marché… Il ne faut pas faire croire aux Sénégalais que l’Etat prend parti pour Ecotra. Tout ce que l’entreprise a gagné, elle l’a mérité. Il ne faut pas admettre qu’on vous dise que c’est parce qu’Abdoulaye Sylla est ami du chef de l’Etat qu’il gagne des marchés. Ce n’est pas vrai. Ablaye ne travaille pas comme ça. C’est parce qu’il est le meilleur. Il ne cesse de laminer les Chinois, Européens et autres étrangers dans toutes les procédures ouvertes. Il faut que tout le monde le sache.’’
Les privés nationaux, entre retards de livraison et défauts d’exécution : les cas Ecotra et Jean Lefèvre
Une chose est sûre : au Sénégal, des privés naissent et meurent avec les régimes qui les ont fabriqués. D’autres, malgré les difficultés, survivent aux dirigeants qui les ont créés. Parfois, en transhumant comme les politiciens.
Dans le cas d’Ecotra et de son patron, la brouille est arrivée plus tôt que d’habitude. Est-ce révélateur d’un clash au sommet ? La sortie des avocats a-t-elle été discutée avec les “parrains’’ de l’entreprise ? Est-ce une sortie dirigée contre les autorités sénégalaises ou contre les bailleurs ? En tout cas, à en croire des sources proches de l’ARMP, Ecotra est l’entreprise qui fait le plus de recours devant l’autorité de régulation des marchés publics. Ce qui veut dire qu’elle perd pas mal de marchés. D’où peut-être le courroux de ses conseils. Sur les raisons de ces évincements, les avis sont partagés. Si les uns estiment que c’est une discrimination, d’autres invoquent des “manquements graves’’ de l’entreprise dans d’autres marchés qui lui ont été confiés. Un des exemples rappelé par plusieurs interlocuteurs, c’est le marché de l’assainissement à Diamniadio, chiffré à des dizaines de milliards F CFA, plus de 150 milliards F CFA, selon ce haut fonctionnaire. Qui souligne que les travaux qui devaient être livrés depuis 2019 continuent toujours de trainer.
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