CONTRIBUTION - Or donc Sadio Mané aurait râlé – à juste titre il faut le reconnaitre- sur la qualité plus que désastreuse du gazon du stade Lat-Dior de Thiès et cela a entrainé la réaction du Président de la fédération de Football qui lui aurait fait remarquer que nous ne sommes ni à Liverpool ni à Manchester pour faire une comparaison fort à propos ou hors de propos. Une remarque confortée par celle du Ministre des sports. Ce qui a révulsé certains fans du joueur qui n’ont pas manqué d’y voir une démission de l’Etat devant ses responsabilités régaliennes.
ET c’est parti pour un pancrace épistolaire sur la toile où les mots ont volé bien bas chez certains intervenants. Damned !! S’il faut en arriver là pour si peu, il
y’a lieu de craindre pour notre cohésion nationale mise à rude épreuve à chaque fois qu’il s’est agi de poser un problème et d’émettre un avis personnel sur une question ou une situation qui nous interpelle tous.
Il nous appartient d’apprendre à nous parler et de savoir nous parler sans tomber dans des travers de caniveaux où on cherche plus à “fermer le caquet” à certains qu’à donner un avis constructif. Pourtant, les données du problème sont assez simples. Le fait est patent. Oui, la pelouse du stade Lat Dior est dans un état indigne d’un pays de football comme le Sénégal, cela est indéniable. Mais aussi, il ne faut pas chercher à nous comparer à certains stades des grands pays européens dans lesquels évoluent nos stars du football. Comparaison n’est pas toujours raison et encore faut-il comparer ce qui est comparable.
Il n’y a aucun mal à reconnaître que nous ne sommes et ne pouvons jamais être au niveau des grands pays en matière de qualité d’infrastructures sportives, hospitalières ou académiques, cela va de soi et il n’y a aucun mal à le reconnaître et à le dire. On pourra peut—être s’émouvoir du ton employé par ces responsables de notre sport-roi. C’est juste une question de style qui justement fait l’homme dit-on mais qui n’obère en rien la justesse des propos.
Maintenant, la question vraie qui à mon sens mérite d’être posée est celle-ci : comment faire pour avoir un stade de niveau pour abriter nos matches internationaux ? Certes, il incombe à l’Etat de créer autant que faire se peut, des infrastructures de qualité. Et sans verser dans les débats stériles de politiciens sur l’ordre des priorités qui sera toujours remis en cause quoiqu’on puisse faire, il faut tout de même reconnaître que l’Etat s’y emploie tant bien que mal, dans son chronogramme d’actions avec ses moyens et ses limites.
Au regard des nombreux secteurs où tout est urgent, il devient évident que l’Etat aura toujours des manquements qui donneront toujours matière aux détracteurs de faire “les gorges chaudes”. C’est de bonne guerre.
Mais au-delà de la critique ou des critiques qui sont compréhensibles mais surtout plus commodes, il serait à mon avis tout aussi bon et surtout plus constructif d’explorer et de proposer des voies et moyens de renforcer l’Etat dans certaines de ses actions d’envergure nationale notamment dans certains domaines comme les infrastructures.
Sous ce rapport et concernant le football, il ne me semble pas superflu ni prétentieux de proposer par exemple, à nos stars du ballon rond qui jonglent avec les millions voire les milliards, MACHAA ALLAH, de penser à se mettre ensemble pour mettre en place une caisse, un fonds ou toute autre structure dans
laquelle, ils vont cotiser des sommes arrêtées d’accord-parties pour financer la réparation et l’entretien sinon de tous nos stades du moins d’un de nos stades, afin qu’il soit dans les normes acceptables du monde du football. J’entends déjà d’ici, les cris d’orfraie de certains qui vont s’étrangler de rage sur une telle proposition qui serait à leurs yeux une arnaque déguisée.
Libres à eux de le penser mais je reste convaincu qu’une telle démarche aura l’avantage de pouvoir disposer de fonds pour entretenir nos stades de football et les mettre aux normes FIFA et CAF. Au grand profit des pratiquants qu’ils sont d’abord et de tous les sénégalais ensuite. Cela doit être faisable. Plutôt que de nous complaire dans des philippiques stériles et improductives où tout le monde est fautif et personne n’est responsable ; il s’agit seulement de réfléchir ensemble sur le meilleur schéma à mettre en place pour rendre possible une telle initiative. Dans cette perspective, je verrai bien les joueurs mettre en place un fonds alimenté par leurs cotisations entre eux, domicilier ce fonds par exemple auprès d’une banque comme la BNDE ou autre qui sera chargée de payer directement aux ayant-droits, sur présentation de justificatifs dûment constatés de services faits ou de travaux effectués, toutes les prestations effectuées par ces derniers au niveau du stade. Ce serait bien de rendre au football un peu de ce qu’il aura donné à nos stars du ballon rond. “deloo ndioukeul” Quoi..
Le débat est donc posé et toutes les idées sont les bienvenues.. Dans un autre chapitre et toujours sur le registre des infrastructures, s’il est bon –pour ne pas fâcher ses inconditionnels- de s’enorgueillir de la construction sur fonds propres par Sadio Mané d’un hôpital à BAMBALI, il y’a lieu de déplorer le besoin
de régionalisme pour ne pas dire ce sentiment d’éthnicisme sous jacent qui suinte et qui ne dit pas son nom. “C’est moi, pour Mon village” a-t-il dû penser. C’est bien.
Mais Mané, des travaux de réfection, de modernisation et d’équipements à l’hôpital de Sédhiou aussi, ce sera toujours “toi et chez toi, Fiston Mané”. Car tu n’es plus Sadio Mané de Bambali seulement, mais notre Sadio Mané NATIONAL à nous Tous. Aussi, quoi qu’on puisse dire, un hôpital bien fonctionnel parce que bien équipé siérait plus à Sédhiou qu’à Bambali où il n’y a pas plus de vingt mille habitants. Y construire un hôpital qui risque d’être sous utilisé n’est pas très pertinent de mon point de vue. Il aurait été, à mon avis plus rentable et plus nationaliste de mettre à niveau l’hôpital de Sédhiou, de bien l’équiper et de construire des pistes ou voies d’accès praticables pour servir à toute la contrée alentour. Cela aurait été plus bénéfique qu’un hôpital dans un coin perdu comme Bambali qui est encore et sans vouloir manquer de respect à qui ce soitun village sous habité. L’exemple de Ninéficha est encore frais dans nos mémoires.
Ce fleuron hospitalier qu’on voulu singulariser au détriment de l’Hôpital de Kédougou et même de Tamba, est aujourd’hui devenu un lieu hanté, abandonné et en ruines. La logique aurait voulu qu’on renforçât les plateaux techniques des hôpitaux de Tamba ou de Kédougou quitte même à créer en leur sein une
structure de luxe pour que des soins de haut niveau puissent y être prodigués non seulement aux privilégiés qui accepteraient de payer le prix convenu mais puissent bénéficier aussi au plus grand nombre. Si on n’y prend garde, le même symptôme risque d’arriver au nouvel hôpital de Bambali. Déjà qu’il faut y affecter un personnel médical que l’Etat n’est pas en mesure de faire, alors qu’il a ses propres hôpitaux qui accusent un déficit criard de personnel de santé
de tous grades.
Avec 380 millions de Francs, la mise à neuf de l’hôpital de Sédhiou distant seulement de quelque 18 Kms de Bambali aurait été plus beaucoup plus profitable que ce qui vient d’être fait. D’autant que Sédhiou a l’avantage d’exister et d’être fonctionnel. A bien méditer sans acrimonie ni mauvaise foi. Comme quoi, quelque milliardaire qu’on soit, il est toujours bon de prendre conseils avant de se lancer dans des opérations de construction d’édifices publics notamment hospitaliers.
L’ethnocentrisme déguisé ou le voyeurisme social qui accompagne très souvent les actions louables de nos vedettes est une posture qui entache les belles initiatives méritoires de nos stars dans divers domaines de la vie nationale. A Sadio Mané et à tous les autres, il convient donc de penser plus souvent NATION
que Terroir pour toujours donner plus d’envergure à leurs différents engagements au service du pays.
DIEU garde le Sénégal.
DAKAR LE 15/06/2021
GUIMBA KONATE