NETTALI.COM-Le chanteur Ouza Diallo, président du mouvement Jotna Africa, considère les événements de mars dernier comme “un mal nécessaire’’. En remettant, hier, des chèques à ses membres pour le financement de leur projet, l’artiste en a profité pour se prononcer sur l’actualité du pays.
C’est un truisme que de dire qu’Ouza Diallo ne fait jamais dans la langue de bois. Virulent, il n’a jamais été vraiment tendre avec les politiques sénégalais. En retrait depuis quelques mois, il est réapparu hier au cours d’une cérémonie de remises de financement par son mouvement Jotna Africa.
Celui que des Sénégalais surnomment affectueusement “Père Ouza’’ a profité de la tribune offerte pour fustiger les événements du mois de mars dernier, qui ont coûté la vie à 14 personnes et des dommages matériels. “À mon humble avis, ces événements ont été un mal nécessaire. Ils ont permis au président de la République de voir la réalité en face, c'est-à-dire de redémarrer l'économie du pays à travers toutes les séries de mesures prises en faveur de l'emploi des jeunes. Ensuite, ces événements lui ont permis également de se rendre compte de l'incapacité de certains de ses ministres qui ne sont pas à la hauteur des charges qui leur sont confiées. Où sont passés les milliards investis dans les projets destinés à la jeunesse depuis 2012 ? Une question qui mérite vraiment une réponse’’, pense l’artiste, cité par EnQuête.
Pour lui, par contre, ces événements doivent servir de leçon aux gouvernants. Il leur faut, d’après lui, être dans des perspectives panafricanistes et non franc-africanistes. “Cessons de nous attarder sur un probable vainqueur ou vaincu. Le seul vainqueur reste et demeure le peuple sénégalais. Aussi, il ne sert à rien d’être revanchard. Que le pouvoir n’essaie pas de vouloir se venger et que l’opposition cesse de parler de deuxième vague. J'ai l'habitude de dire qu'une hirondelle ne fait pas le printemps ; de même, des hirondelles mécanos robotiques ne font pas non plus le printemps’’ insiste-t-il.
Il a également dénoncé et condamné avec la plus grande énergie cette terreur rouge que les nervis sont en train de semer à travers tout le pays. De visu, poursuit-il, leur présence est dangereuse et inopportune, dans la mesure où les forces de l'ordre ont pour mission de défendre le peuple dans sa globalité. “Dans ce cas, mon cher président démocratiquement élu, je vous prie de siffler la fin de la récréation en faisant cesser cette série rouge qui est en train de ternir l'image de votre deuxième mandat’’, dit-il sur un ton ironique. La spoliation et le bradage “sauvage’’ et sans “scrupule’’, bestial dont le peuple est victime, ne laissent pas indifférents Ouza Diallo. “Ce qui se passe avec la bande de filaos à Guédiawaye me fait peur. Nous petits-enfants risquent de ne plus avoir où habiter ou jouer à ce rythme. Ce qui se passe à Dougar, Mboro, Thiès, Niacoulrab, Rufisque m’attriste. Parfois, je me demande si le président de la République est au courant de ces animalités perpétrées par ses collaborateurs’’, a dit M. Diallo.
“Je tenais également à dénoncer avec énergie l'insécurité grandissante qui est en train de sévir actuellement dans le pays. J'appelle les autorités compétentes à prendre les mesures idoines pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Enfin, j'espère que mes interpellations ne vont pas tomber dans l'oreille d'un sourd’’, a-t-il souhaité.
Un montant de 2 millions F CFA remis. +Concernant le mouvement Jotna Africa, le chanteur a informé qu’il est un projet pilote de micro finance qui a pour but de promouvoir l'employabilité et ainsi soutenir les activités génératrices de revenus. “Comme l'État ne peut pas tout faire, c’est aux privés de prendre la relève pour accompagner les projets innovants. Même si c'est une goutte d'eau dans la mer, le mouvement s'engage à accompagner le peuple dans la lutte contre le chômage au Sénégal. Il s'agit d'accompagner nos braves dames, en cette période de crise économique. Toujours engagé dans le social et apporter mon soutien aux populations lors des fêtes de Korité, Tabaski, Magal et Gamou, cette année, on a décidé de financer un certain nombre de personnes par le biais du micro-crédit en deux phases. Pour la première, un montant d'un million sera mis à la disposition de 10 femmes, soit 100 000 F par personne avant la Tabaski, avec un taux de remboursement de 10 %’’. “La deuxième phase, poursuit-il, va concerner les hommes. La même somme leur sera remise après la Tabaski. Ce micro-crédit va s'étendre sur une durée de 13 mois dont 3 mois de différé avant l'entame du remboursement sur 10 mois. Si la machine tourne et que tout le monde pense solidairement aux autres, on pourra arriver le plus rapidement à 50 millions’’, a promis Ouza Diallo.