NETTALI.COM-Les boulangers, qui dénoncent la non-application de la nouvelle réglementation, ont quand même suspendu leur plan d’action initiale durant la période de Tabaski. Ils vont poursuivre la production du pain. Mais entendent diminuer ou arrêter la production de la baguette de 190 g. La priorité est donnée aux pains qui coûtent 200 et 100 F CFA.
Il y aura du pain durant la Tabaski. Les professionnels de la filière boulangère, qui se disent conscients de la souffrance des consommateurs en cette veille de fête, ont décidé de suspendre leur plan d’action initiale, “suite à l’intervention d’un grand guide religieux”. Mais les clients auront surement du mal à trouver la baguette au format de 190 g qui coûte 150 F. En effet, la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS) et le Regroupement des boulangers (RBS) demandent à leurs membres de produire, à partir du 26 juillet prochain, “en quantité suffisante” les formats aux prix de 100 et de 200 F CFA, les vendre au niveau de leur boulangerie et de leurs points de vente agréés ou toute autre surface commerciale spécialement aménagée. “Même si le format de 190 g à 150 F demeure obligatoire, l’Etat ne peut nous imposer la qualité à produire sous ce format. Ces formats de 100 F CFA et 200 F CFA vont nous permettre de diminuer nos charges de production et d’avoir une meilleure rentabilité dans l’attente de l’application des textes qui régissent la boulangerie”, a déclaré, hier en conférence de presse, le président de ces boulangers, Djiby Faye.
Ainsi, le consommateur qui déboursera 200 F CFA aura du pain de 230 g ; 100 F CFA, c’est le prix du format 125 g. Ainsi, les boulangers dénoncent la non-application du décret 2277 du 31 décembre 2019. Celui-ci a été signé par le président Macky Sall, suite à des concertations, pour “améliorer” la situation des boulangers.
D’ailleurs, c'est dans ce sens que le ministre du Commerce a effectué plusieurs opérations “coups de poing” pour assainir le secteur. “Mais nous savons que, tel que conçu le décret, l’application effective est sous la responsabilité des gouverneurs qui doivent impliquer davantage les autres services techniques (police, gendarmerie, service d’hygiène, environnement), car présidant les comités techniques de suivi du secteur de la boulangerie”, fait remarquer Djiby Faye cité par EnQuête. “Aujourd’hui, on constate sur le terrain que la réglementation n’est pas appliquée. Et pourtant c’était une promesse ferme des autorités pour un gel de notre revendication principale, à savoir la vérité des prix. Le contexte économique l’exige aujourd’hui. Nous avions estimé avec un assainissement du secteur, la boulangerie sénégalaise renaitra”, a clamé le porte-parole du jour.
Selon lui, depuis plusieurs années, le secteur de la boulangerie traverse des difficultés de divers ordres “qui entravent sa croissance au profit d’un pan incontrôlable de l’informel”. Il dénonce, à cet effet, une anarchie totale. Il s’agit de la vente du pain à l’extérieur des boutiques de quartier sans respect des normes d’hygiène qui persiste. La livraison du pain dans des pousse-pousse, des sacs en bandoulière, des voitures non-conformes aux exigences réglementaires, persistent également, selon M. Faye. Qui poursuit en regrettant l’installation des kiosques à pain devant les boutiques de quartier sans aucun respect de la distanciation entre une boulangerie et un point de vente agréé. Le “non-respect des normes d’hygiène” dans le transport et la vente du pain, et l’ouverture de nouvelles boulangeries “sans aucun respect des normes de distance et de dispositions réglementaires à observer avant ouverture”, font partie des maux du secteur de la filière boulangère.
Sur ce dernier point, Djiby Faye déplore un deux poids, deux mesures sur le plan de la réglementation. “Ici, on assiste à une impunité totale. Et ça risque de perturber d’une manière globale l’application du décret. Nous avons constaté des ouvertures de boulangeries faites par des autorités au plus haut niveau, par même certains de leurs frères et sœurs, qui sont à 100 m d’une boulangerie. A cause de leur pouvoir, leurs boulangeries ne seront pas fermées. Au même moment, d’autres boulangeries sont fermées”, dénonce-t-il. “Cette anarchie dans le secteur doit cesser” Pour les boulangers du Sénégal, le non-respect de cette réglementation peut les “replonger dans un coma plus profond ; une faillite totale”.
Monsieur Faye dénonce également la fermeture de boulangeries pour des causes liées au paiement d’impôt, en cette période de pandémie. “Il y a des hauts fonctionnaires qui sabotent au niveau de la Direction des impôts. Ils sont en train de fermer des boulangeries pour des titres de perception de 2 millions F CFA. Ça s’est passé à Kaolack ; ça se passe à Matam. On vient sans sommation fermer la boulangerie, parce que vous n’avez pas payé la patente”, dit-il, tout en déplorant les pertes d’emplois. “Cette anarchie dans le secteur doit cesser et nous appelons à la responsabilité de l’Etat. Le gouvernement devra doter de moyens exceptionnels le ministère du Commerce et le comité de suivi pour une application de cette réglementation qui sera bénéfique pour les acteurs (Etat, boulangers, consommateurs)”, ont demandé la FNBS et la RBS. “Nous ne pouvons plus tolérer cette anarchie qui profite à certains acteurs qui font une concurrence déloyale aux artisans boulangers qui sont aux normes (administratives, sociales et fiscales)”, ont-ils poursuivi.
Ainsi, ils demandent au président de la République d’atténuer “la souffrance des boulangers” et veiller à l’application et à l’applicabilité des dispositions du décret et des arrêtés, en donnant des instructions fermes au ministre de l’Intérieur afin d’activer tous les gouverneurs pour une application effective de la réglementation.