NETTALI.COM - Les contrecoups sécio-économiques du Coronavirus ont été durement ressentis par les Sénégalais. Cependant, de l’avis de Thierno Alassane Sall, au lieu de recourir à des emprunts euro bonds de plus de 500 milliards de FCFA pour refinancer l’économie, le chef de l’Etat doit prendre conscience de l’extrême vulnérabilité de notre pays face à tous ces périls et supprimer des structures comme le Hcct et le Cese, que dirige Idrissa Seck.
« En 2020, on a eu un taux de croissance officiellement à 0.8% venant de 6% », fait constater Thierno Alassane Sall, qui est invité, ce samedi, de la rubrique « Grand’Place » de Enquête. « On a quasiment fait, avec le taux de croissance naturelle de la population, on a fait une sorte récession en 2020. Il annonce 5 mille milliards de budget. Mais du fait de la stagnation de l’économie, les recettes de 2021 par rapport à 2020 vont beaucoup baisser, puisqu’elles proviennent pour l’essentiel de l’activité économique. 80% des entreprises ont vu leurs recettes baisser ; 85% des ménages également ont vu leurs revenus baisser. Ce sont les chiffres officiels de l’ANSD. Près de 90% des entreprises du secteur informel qui constitue l’essentiel du tissu économique ont vu leurs revenus baisser », déclare l’ancien ministre de l’Energie.
Le leader de la République des valeurs de préciser sa pensée en ces termes : « Aujourd’hui l’Etat est obligé de recourir à des emprunts euro bonds de plus de 500 milliards de FCFA. Dans le budget prévu, c’est 600 à 700 milliards qui vont être consacrés au service de la dette. Il fait progresser cette dernière de 2760 milliards en 2011 à 9247 milliards au 31 décembre 2020, si bien que notre ratio d’aide sur PIB est passé de 33 à 66%. Voilà la situation du Sénégal. Dans ces conditions ce qu’on paie pour le service de la dette, c’est la presque la masse salariale de 800 milliards. Donc, il aura du mal à mobiliser des recettes. Il va faire face au service de la dette. Il le sait très bien, c’est pourquoi, dès les premiers mois de la pandémie, il fait le tour du monde pour demander l’annulation de la dette. On croule sous le poids d’une dette qui n’a pas servi à fortifier notre économie, à créer davantage d’emplois, de richesses. Ce qui aurait naturellement poussé à l’augmentation des recettes mécaniques. Toute chose étant égale par ailleurs, s’il avait créé plus de richesses, il aurait augmenté naturellement les recettes fiscales ».
« Avec cette troisième vague, alerte-t-il, le tourisme sera encore plus touché. Ce secteur contribuait d’une manière conséquente au PIB, mais faisait vivre des milliers de gens. Il s’y ajoute qu’il y a les vagues d’insurrection politique dont on annonce la 2 ou la 3e vague, à tout moment. Là aussi, au lieu de prendre des mesures de détente, de sauvegarde qui permettent de ramener la paix dans les cœurs, il est en train de prendre des mesures pires, d’aggraver le mal. Cette situation quasi insurrectionnelle que vit le Sénégal va décourager les potentiels investisseurs à venir dans le pays. Quand on a vu les saccages et pillages qu’il y a eu, on se dit qu’à tout moment çà peut sauter, on ne va pas venir mettre ses billes. Indépendamment de la pandémie ou lié à elle, le prix du pétrole monte. Il est à plus de 70 dollars. Tout cela contribue à nous asphyxier. Cet hivernage ne se présente pas sous les meilleurs auspices, pour l’instant. »
« Le Président doit prendre conscience de l’extrême vulnérabilité de notre pays face à tous ces périls. Jamais les conditions n’ont été autant réunies pour que le Président lucidement dise que je ne vais pas me présenter pour un 3e mandat ; que la justice est tellement décriée qu’il nous faut des états généraux pour la rétablir ; qu’il faut supprimer le HCCT et Cese ; et recréer les conditions d’un minimum de confiance pour qu’il ait un petit sursaut national et qu’on mette un plan de transition pour qu’en 2024 il parte et que le pays ne puisse pas aborder des zones de turbulences », recommande Thierno Alassane Sall.