NETTALI.COM - Difficile de savoir sur quel pied danser sous nos cieux, tant nos autorités ont des difficultés à prendre des décisions claires et appropriées dans ce contexte de pandémie où le nombre de cas prend l’ascenseur avec des décès qui battent des records. Avec ce variant Delta si contagieux qui continue sa folle course, ce sont les employeurs qui sont les plus désemparés face aux contaminations enregistrées au sein même des entreprises, alors qu’il ne leur est offert comme salut, que la sensibilisation et le dialogue pour convaincre les sceptiques de la vaccination.
Les employeurs qui ne veulent plus voir les non vaccinés sur les lieux de travail, devront revoir leurs copies. C’est en tout cas ce qu’a décidé le ministre du travail, Samba Sy qui demande de privilégier la sensibilisation et le dialogue, tout en évitant de poser des actes discriminatoires, estimant qu’à l’état actuel de notre législation, aucune disposition ne rend obligatoire la vaccination. Une affirmation évidemment vraie, mais que faire face à la flambée des contaminations et des décès ? Difficile pour les employeurs de mettre en péril leur vie et celle des vaccinés au sein des entreprises, face aux refus de certains de se vacciner. Un véritable dilemme se pose en effet à eux. Le ministre sait bien que des clusters ont été notés dans des entreprises publiques, entreprises de presse, établissements financiers, etc. Que faire dès lors ?
Il faut bien évidemment instaurer le dialogue, sensibiliser les salariés en levant leurs craintes et leurs doutes dans un premier temps. Mais, il s’agit aussi et surtout, dans un second temps, de mettre à contribution, les médecins du travail qui doivent conseiller et aider les chefs d’entreprise à mieux réorganiser le travail, la fréquentation des lieux, à mettre en place un système de télétravail pour les collaborateurs dont la présence n’est pas nécessaire ; voire même de conseiller dans le sens d’instaurer des congés dans le but de réduire les effectifs et présences pas forcément nécessaires, sans toutefois réduire l’efficacité de l’entreprise.
Mais difficile de voir dans ce rappel de la loi par le ministre du travail, ce que les autorités proposent aux entreprises. Et même à supposer que le dialogue soit entrepris, jusqu’à quand, il devrait être instauré, alors que le si contagieux variant poursuit, pendant ce temps, sa folle et impitoyable course ? La loi n’est pas immuable, elle doit être changée, si elle ne se prête plus à l’évolution du temps et de la situation. Tenez par exemple dans le cas du vote de la loi sur le terrorisme, le gouvernement n’avait-il pas utilisé la procédure d’urgence pour modifier le code pénal et le code de procédure pénale ? Qu’ils ne nous répondent surtout pas que les conventions internationales qu’ils ont signées, sont plus importantes que la protection de la santé de leurs concitoyens qui est un droit constitutionnel. Ces mêmes gouvernements avec lesquels, ils ont d’ailleurs signé ces accords, eux, pendant ce temps, réagissent en usant de leurs prérogatives.
N’y a-t-il pas eu des manifestations en France de la part de Français qui estiment qu’avec l’instauration du pass sanitaire, c’est leur liberté de ne pas se vacciner qui est bafouée.
En France, au lendemain d’importantes manifestations contre l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire, le Parlement a adopté le projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire après un accord entre députés et sénateurs autour d’un texte de compromis. Un vote qui ouvre la voie à une application étendue du pass sanitaire début août pour lutter contre la résurgence de la COVID-19 liée au variant Delta. A partir du mois d'août, il sera donc étendu aux cafés, aux restaurants, aux foires et aux salons professionnels, mais aussi aux avions, aux trains, aux cars qui réalisent de longs trajets, ainsi qu'aux établissements médicaux, sauf les urgences. A partir du 30 août, le pass sera impératif pour certains salariés. Les visiteurs, les salariés des secteurs concernés par cette extension du pass, devront eux aussi en présenter à leur employeur. A partir du 30 août, un salarié qui n'est ni vacciné, ni en mesure de présenter un test antigénique négatif ou un certificat de rétablissement, pourra ainsi être suspendu, sans salaire. Si la situation perdure plus de trois jours, la personne sera convoquée pour un entretien afin d'examiner « les moyens de régulariser sa situation, notamment les possibilités d'affectation » sur un poste non soumis à l'obligation du pass.
Des exemptions sont toutefois possibles pour les personnes qui justifient d'une contre-indication médicale à la vaccination. Les professionnels qui refusent la vaccination ne pourront plus exercer et verront leur salaire suspendu. Afin de faciliter la vaccination, le texte contraint les employeurs d'accorder une autorisation d'absence aux salariés qui doivent se rendre à leurs rendez-vous de vaccination.
Ailleurs aux Etats Unis, dorénavant, des millions d’employés fédéraux devront soit être vaccinés, soit se plier à une série de contraintes, a annoncé la Maison-Blanche. Les employés fédéraux non vaccinés, auront l’obligation de porter le masque même dans les zones où la circulation du Covid-19 est faible et devront se soumettre à des tests réguliers, une ou deux fois par semaine. Ils seront aussi limités dans leurs déplacements. Entre autres mesures d’incitation, Joe Biden a appelé les autorités locales à verser 100 dollars à toute nouvelle personne se faisant vacciner, en puisant pour cela dans des fonds d’urgence débloqués pour faire face à la pandémie. Des déclarations bien loin de celles de juin et début juillet, quand le président américain parlait d’un « été de liberté », et promettait de déclarer bientôt « l’indépendance » des Etats-Unis face au virus − faisant référence à la fête nationale du 4 juillet.
Une manière de dire que nos autorités devront elles aussi prendre leurs responsabilités dans le sens de proposer aux employeurs des solutions plutôt que de se limiter à invoquer la loi. En effet, une loi est impersonnelle, mais elle est appelée à évoluer en fonction de la situation.
La responsabilité des gouvernants n’est pas juste de faire respecter la loi qui ne prévoit, et c’est vrai, de restrictions aux non vaccinés, mais elle est aussi de protéger les populations dans leur ensemble. L’on semble plutôt être dans une logique de fuite de responsabilités. Il y a d’ailleurs bien longtemps qu’ils ont semblé les avoir désertées en stoppant l’état d’urgence sanitaire, suite aux évènements de mars qui avaient vu des saccages et des jeunes sortir dans la rue semer le désordre et le chaos. Le rétablissement de la circulation interurbaine est passé par là, entre temps, suite aux manifestations des transporteurs dans les régions. Une situation d’apaisement qui était certainement compréhensible pour calmer la tension, les populations sortant d’un couvre-feu, d’une perte de ressources à cause de la fermeture des restaurants et de certains commerces informels mais aussi d’un arrêt de l’économie de la nuit.
Mais ce qui avait suivi, est un relâchement sans précédent avec des idées saugrenues à savoir qu’il fallait vivre avec le virus, distillées par ci et par là, et même par des médecins. Les derniers rassemblements monstres organisés par la président Sall, semble-t-il, pour reprendre la main sur une situation dont il avait perdue le contrôle, n’a rien arrangé. Bien au contraire, cela lui a valu les foudres des opposants et d’une frange de la population qui lui ont reproché sa posture qui, selon eux, a été pour beaucoup dans la flambée des cas de covid. Ce qui pose désormais la question de la crédibilité de ces autorités et même d’opposants qui ont suivi Macky Sall dans ses tournées à travers des opérations dénommées « Tibb Taank» telles que celles initiées par Bougane Guèye Dani. Bref des ingrédients fertiles pour le développement de la pandémie auxquels s’ajoutent ces marchands d’illusions qui ont intoxiqué des populations qui n’ont pas forcément la culture nécessaire et les filtres appropriés pour distinguer le vrai du faux dans ce qu’on leur inocule comme sombres pensées et fausses idées sur le vaccin.
Que n’a-t-on pas entendu ? Des idées telles que la maladie n’existe pas. Qu’elle est une invention des occidentaux dans le but d’effacer l’Afrique de façon méthodique et froide de la surface de la terre. Que Bill Gates serait même au coeur du complot mondial contre les populations immunisées d’Afrique !
La vérité est que sur la question de la pandémie, ce n’est pas tout le monde qui doit prendre la parole. Les médecins (les spécialistes de la question entendons-bien) sont les premiers concernés. Sur le plan de la vaccination et ses effets sur les organismes, qui est plus indiqué que les immunologues ? L’on ne confiera, eh bien jamais, le pilotage d’un avion à un journaliste. Quelle personne songerait à confier une intervention chirurgicale le concernant directement, à un prêcheur ? Dans la chaîne de communication, ce dernier peut évidemment évoquer des textes coraniques ou bibliques pour inciter à la protection des populations. Voilà un terrain utile sur lequel, on peut raisonnablement l’attendre.
La vérité est que sous nos cieux, au nom d’une mauvaise compréhension de la démocratie, il est établi un principe égalitaire de la valeur de la parole qui est de loin différente de l’expression du suffrage qui accorde la même valeur au vote du citoyen.
Il n’est certes pas aisé de demander aux populations, au regard de la succession d’évènements malheureux au cours desquels les autorités n’ont pas entièrement assumé leurs responsabilités, de suivre les directives instaurées par ces dernières, mais elles doivent prendre garde à ne pas discréditer les autorités et à leur retirer leur devoir de prendre de bonnes et justes décisions. La conséquence pourrait être l’anarchie et l’hécatombe.
« Après la Covid, les politiques auront suffisamment d’arguments pour mener leurs combats et leur positionnement politique », a soutenu Cheikh Ibrahima Niang, le professeur assimilé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui était l’invité du « Jury du dimanche ». Selon lui, « plus l’épidémie va faire des dégâts, plus les politiques (opposition et pouvoir) vont perdre » et que « la capacité de transcender des deux côtés, va être un élément extrêmement important sur lequel s’appuyer demain, quand on va rendre compte de l’épidémie ». Celui-ci a également estimé qu’on n’en est pas encore au temps de la récupération, mais plutôt de l’action. Et l’action à mener, c’est de réduire le temps épidémique. Une phrase pleine de bon sens et d’intelligence. Avis donc à Macky Sall et à ses opposants qui le suivent à la trace.