NETTALI.COM - L’Etat serait-il impuissant face aux rassemblements religieux supposément interdits en cette période de flambée des cas de Covid-19 ? Interpellé sur la question à l’émission "Jury du dimanche", le ministre conseiller El Hadj Hamidou Kassé a évoqué la liberté de culte pour trouver des justificatifs aux réfractaires.
Alors que la maladie du coronavirus ne fléchit toujours pas, certaines confréries campent sur leur position d’organiser des fêtes religieuses. Lesquelles peuvent réunir des milliers de personnes alors que les rassemblements font partie de ce qui propage le virus. El Hadji Hamidou Kassé, interpellé sur cette question devant le "Jury du dimanche" sur Iradio, a joué la carte de la prudence.
Le ministre conseiller a d’emblée indiqué que l’Etat ne souhaite pas les rassemblements. Mais, relativise-t-il, "notre Constitution garantit aux communautés religieuses le libre exercice du culte". Ainsi, il estime que le souhait ne saurait primer sur ce qui a été constitutionnalisé. A son avis, ce que l’Etat peut faire, c’est d’entreprendre une démarche de conversation avec tous les chefs religieux. De ce fait, relève-t-il, à défaut d'annuler la célébration des fêtes religieuses, les amener à prendre des mesures pour le respect des gestes barrières.
Poursuivant, il souligne que l’autre alternative demeure le vaccin. Les chefs religieux doivent faire en sorte que pour que le maximum de fidèles soit vacciné afin de réduire les potentielles explosions de la maladie. "Si les chefs religieux acceptent d’être vaccinés et qu’ils donnent l’exemple en public, ça peut valoir à notre pays très rapidement des pas décisifs dans la lutte contre la maladie", soutient-il.
Auparavant, le ministre conseiller a indiqué que le relâchement qui a favorisé la troisième vague ne saurait être imputé tout simplement à l’Etat. C’est un relâchement général. A l’en croire, dans le monde entier, les gens ont parlé de la lassitude des populations à toujours porter les masques, à endurer les restrictions à la liberté, l’enfermement qui est un autre nom du confinement. "Quand la maladie a commencé à baisser on a ouvert. Il y a eu un 'relâchement, c’est-à-dire un peu plus de liberté pour les gens de circuler. Je ne pense pas qu’il y ait un Etat dans le monde qui a une parfaite maîtrise de l’évolution du virus. Parce que ce sont des variants et les variants ne donnent pas trop de marge de manœuvre à un Etat ou à la communauté scientifique de prévoir ce qui va se passer dans un mois ou dans un an. On ne peut travailler que sur des hypothèses", souligne-t-il.
D’après lui, ce que l’Etat peut faire, c’est de prendre des décisions dans la sensibilisation, dans l’information, mais également dans la mise en place des outils et des infrastructures nécessaires pour prendre en charge les malades. El Hadji Hamidou Kassé a, par ailleurs, pris le contre-pied de ceux qui soutiennent que les tournées économiques du président de la République font partie de ce qui a fait exploser les cas.
"Aucun fait ne prouve que ces tournées économiques ont créé l'explosion des cas"
"J’étais dans les tournées économiques, mais aucun chiffre, aucun fait ne vient prouver que ces tournées économiques ont créé l’explosion des cas dans notre pays. La vérité c’est que sur l’ensemble du territoire national, le département de Dakar concentre plus de 70% des cas. Les régions intérieures c’est à peine 4 ou 5% réunis. Donc, de ce point de vue, on ne peut pas dire que les tournées dans les départements de Podor et de Matam où il n’y a pas d’explosion de cas ont été à l’origine de la 3e vague", défend-il. Et d’ajouter : "Si nous étions malades on aurait transmis le virus aux populations. Vous avez vu ces masses énormes qui ont accueilli le président de la République. Pour autant nous sommes restés 7 jours et il n’y a pas eu de cas critiques dans ces régions-là."