NETTALI.COM- L'affaire Daouda Dème, du nom de l'étudiant qui avait asséné plusieurs coups de machette à son camarade Ibrahima Ngom, en 2018, à l'issue de l'élection de l'amicale de la Faculté des sciences et techniques a été jugée ce mardi 17 août 2021. Accusé de tentative d'assassinat, l'étudiant encourt 5 ans de réclusion criminelle.
Deux victimes de la violence universitaire : l'un, Daouda Dème, est en prison depuis 2018 ; l'autre, Ibrahima Ngom a failli passer de vie à trépas à l’issue de l'élection de l'amicale de la faculté des sciences et techniques de l'Ucad. Une querelle entre coalitions estudiantines est à l’origine de cette tragédie. Étant dans une course effrénée pour avoir plus de lits pour les codifications, les membres des deux coalitions d'amicales des étudiants de la faculté des sciences se sont farouchement opposées. Après une altercation dans la matinée du 17 septembre, une bagarre au cours de laquelle Ibrahima Ngom a reçu trois coups de machette a eu lieu dans l’après-midi. Le laissant pour mort, son bourreau Daouda Dème, après son forfait, s’est éclipsé dans la nature. Il a été pris à l'Aéroport international Blaise Diagne alors qu'il tentait de se rendre au Maroc. D'où a été évacué finalement " Général, après 22 jours de coma.
Après 3 ans en prison, l’étudiant Daouda Deme a finalement fait face aux juges de la Chambre Criminelle du tribunal de Dakar, hier. « Je n’ai jamais eu l’intention de tuer Ibrahima Ngom qui est un frère pour moi », dit-il pour contester le chef de tentative de meurtre qui lui est reproché. Selon lui, le jour des faits, il avait rendez-vous avec le doyen de la faculté des sciences à l’époque, Cheikh Oumar Hann, pour les codifications. « A la base, j’ai été élu président de l’amicale. Mais, les résultats ont fuîté et le doyen a suspendu l’élection. C’est la raison pour laquelle il y a eu deux représentants. Pour éviter des heurts entre nous, il a d’abord discuté avec le camp de Ibrahima. Le 17 septembre, il devait nous rencontrer », a raconté l’étudiant en Master 2 de mathématiques.
Mais selon lui, après son entrevue avec le doyen, ses camarades et lui ont croisé la coalition adverse dans le campus social. D’ailleurs dit-il, il y a eu une vive altercation entre eux. « Ils étaient tous armés de gourdins et de machette. Un des nôtres, en l’occurrence Ndiéguéne Diouf a même été blessé. Je l’ai amené au centre médical du Coud pour qu’il soit soigné ». A l’en croire, c’est en allant au pavillon Q qu’il a croisé Ibrahima Ngom avec d’autres étudiants. « C’est au cours de notre bagarre que je l’ai blessé. Je me rappelle lui avoir porté un coup au niveau du flanc gauche. Je n’ai jamais eu l’intention de le tuer », fulmine-t-il. En outre, il reconnaît que ce jour là, il détenait une machette. Si l’on se fie à ses déclarations, l’arme était celle de son ami blessé.
Le principal témoin oculaire Mouhamadou Moustapha Ndiaye l'a démenti. « Le matin du 17 septembre, il y a eu une altercation verbale entre les deux camps. Mais quelque temps après, Daouda et Ibrahima se sont croisé dans le campus social. Daouda qui voulait en découdre avec Ibrahima a extirpé sa machette et lui a d’abord porté un coup au flanc, ensuite à la bouche. Malgré les coups qu’il recevait, Ibrahima tentait de se défendre. Mais, il a reçu un troisième coup à la tête et il s’est affalé sur le sol », raconte Mouhamadou Moustapha Ndiaye qui précise que la victime n’était pas armée. A la barre, il a également soutenu que l’accusé et la victime ne s’entendaient pas.
Poursuivant, il révèle avoir entendu une audio où Daouda invitait ses camarades à se battre jusqu’au bout pour obtenir ce qu’ils voulaient. « S’il faut verse du sang faisons le, avait-il dit », soutient le témoin.
Par ailleurs il reconnaît que l’accusé l’avait sollicité pour qu’il demande à Ibrahima de lui pardonner car il regrettait son acte.
Mais, l'avocat de la partie civile, qui reste convaincu que Daouda Dème voulait tuer son client, a réclamé la somme de 100 millions de francs CFA pour dédommagement.
Le parquet a requis 5 ans de réclusion criminelle tout en demandant au tribunal de tenir compte du repenti de l'accusé.
Les avocats de la défense ont pour leur part sollicité une application bienveillante de la loi, après disqualification de la tentative d'assassinat en tentative de meurtre ou de coups et blessures volontaires.
Le jugement sera rendu le 7 septembre 2021.