CONTRIBUTION - Au Sénégal, nous avons deux types de CIN différents donc, deux types de citoyens aussi différents. Mais l’un d’entre eux refuse le droit de vote aux citoyens détenteurs. Par conséquent, la problématique de la citoyenneté se pose encore et tous les jours avec acuité au Sénégal. Mais, malheureusement les Sénégalais n’en prêtent pas l’attention nécessaire et n’en prennent pas conscience aussi, sinon certains actes illégaux, que prenne le gouvernement, n’auraient pas pu se passer.
Hé oui, ce n’est que dans une république comme celle du Sénégal où l’on peut trouver des archaïsmes comme des citoyens inégaux devant la loi. Cet anachronisme existe parce qu’en fait, l’État a décidé en violation de notre Loi fondamentale, de catégoriser les citoyens en ordinaires et extraordinaires. Ce fait inédit est attesté, parfaitement, par l’existence actuelle de deux types différents de CIN au Sénégal. En effet, sur certaines CIN, il est porté, au verso, la mention : « personne non inscrite sur le fichier électoral ». Alors que légitimement, la CIN numérisée a deux fonctions, celle d’identification, et au-delà celle de servir aussi de cartes d’électeur. Mais comme le Sénégal est véritablement une république des paradoxes, il n’est pas surprenant que des citoyens soient privés, à leur insu, de leur droit civique sans aucun motif valable par le ministère de l’Intérieur.
En effet, le pouvoir se braque et refuse obstinément d’admettre l’accusation selon laquelle, le Sénégal est une République où règne l’inégalité sociale entre ses citoyens alors les faits le prouvent exactement. C’est-à-dire qu’effectivement, il y a deux poids et deux mesures par le fait que deux catégories de citoyens vivent au Sénégal avec des droits inégaux devant la loi. Et la confection illégale de deux types différents de CIN qui n’offrent pas les mêmes droits à tous les citoyens en est une preuve irréfutable.
Par conséquent, les citoyens, en possession de cartes d’identité nationale portant la mention citée plus haut, voient leurs droits civiques délibérément violés et de façon illégale par l’État. Et l’on peut légitimement se demander véritablement sur la base de quelle loi s’est fondée la Daf pour faire cette discrimination anticonstitutionnelle qui prive à des citoyens leurs droits légitimes? Surtout encore, lorsque l’on sait que la carte d’identité nationale est un droit pour tout citoyen et obligatoire en outre, elle doit être la même pour tous. Et, pourtant les documents fournis pour l’établissement valable de la CIN sont les mêmes qui donnent le droit de vote aussi. Mais comment l’État peut-il fouler aux pieds ou bafouer délibérément les droits civiques de citoyens parfaitement en règle avec la loi ?
L’existence permanente du traitement inégalitaire des citoyens se vérifie dans tous les domaines d’activité au Sénégal même devant la loi. Elle est une réalité palpable qui crève les yeux du sénégalais lambda depuis fort longtemps au Sénégal. Et les Sénégalais assistent quotidiennement à la violation flagrante des droits des citoyens avec chaque jour de plus, des inégalités sociales inacceptables dans la société sénégalaise. Ces deux poids deux mesures sont des faits quotidiens indéniables qui attestent la violation flagrante de la constitution du Sénégal en son article 1 qui stipule dans son 1er alinéa que : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
À l’intention des partis politiques et prétendants de la société civile aux postes électifs. Je pense que vous devriez, en principe, vous imprégner des questions électorales et citoyennes brûlantes au quotidien. C’est une tâche permanente qui fait partie de vos prérogatives et devoirs d’assistance aux citoyens pour leur apprendre et permettre de recouvrer pleinement leurs droits civiques en tant que citoyens libres. Être en possession de la carte d’identité nationale est un avantage et un élément très important pour un électeur, parce qu’elle représente une voix qui pourrait s’exprimer demain en faveur de x ou y. Voilà pourquoi elle devrait être au centre des activités de tous les états-majors des partis politiques et candidats individuels, en périodes préélectorales, parce qu’elle est fondamentale et c’est elle seule qui peut permettre à l’électeur de voter. Cette question donc, ainsi que toutes celles relatives aux élections doivent être parmi les préoccupations majeures des acteurs politiques en l’occurrence, ceux chargés des questions électorales.
Les politiciens et candidats aux élections doivent savoir que les élections se gagnent en amont, c’est-à-dire dans la sensibilisation des électeurs et leur préparation. Autrement dit, il faut en tout premier lieu encourager les citoyens, particulièrement les primo votants, d’aller s’inscrire sur le fichier électoral afin de disposer du droit de voter demain. En outre, l’explication du processus de vote d’A à Z fait partie de l’éducation civique des citoyens.
De mon point de vue la pléthore d’opposants présente sur le terrain politique perd trop de temps dans des palabres et invectives inutiles aussi bien avec le pouvoir qu’entre eux-mêmes. Tout cela dans les réseaux sociaux et la presse en général au lieu d’être en contact fréquent avec les électeurs qui en dernier ressort font la différence. Les débats d’arrière-garde qu’ils mènent n’intéressent pas souvent les populations qui ont d’autres besoins et préoccupations plus urgents à résoudre. Alors, que les acteurs politiques partent à l’essentiel. C’est-à-dire qu’ils s’attèlent activement sur le terrain afin d’aider les citoyens qui veulent voter aient leur carte d’identité nationale valable et à temps pour aller voter le jour J.
Enfin, tous les Sénégalais épris de justice, les partis politiques, la société civile, les médias, droits-de-l’hommistes, etc. ont l’impérieux devoir de se pencher et prendre part pour l’élimination définitive des CIN illégales. Je pense que se battre pour rétablir les droits légitimes de ces citoyens injustement privés de leur citoyenneté est un combat juste et noble. En tout cas, ce combat est à mile lieue plus juste et noble que celui de se battre avec acharnement, pour faire recouvrer à des citoyens qui ont eu maille à partir avec la justice de leur pays et qui leur ont valu la perte de leurs droits civiques sur des bases nettes et précises.
Suivez mon regard !
Mandiaye Gaye
Dakar, le 31/8/2021