NETTALI.COM - Trois ans après le lancement officiel par l’ancien ministre de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, du Programme d’assainissement des cités religieuses, en août 2018, à Tivaouane, les travaux entrepris pour un coût global de 4 milliards 300 millions FCFA sont loin d’être achevés. Et pourtant, leur durée était fixée à 18 mois seulement. Une chose est sûre, l’état des lieux a permis de constater que dans ce programme, qui ne concerne que les eaux usées et non celles pluviales, le quartier Nodal Kogne Jakka, où sont implantées les mosquées et l’essentiel des résidences des dignitaires religieux, n’est pas encore pris en compte. Ce, en plus des zones qui sont situées dans les bas-fonds.
L’urgence de l’assainissement de Tivaouane a été remise au goût du jour par les fortes pluies qui se sont abattues sur la ville sainte, mettant à nu sa vulnérabilité dans ce domaine précis. Plusieurs quartiers sont envahis par les eaux de pluies causant beaucoup de désagréments aux populations. Selon Abdoul Aziz Diop, citoyen et militant de la société civile, la cité religieuse de Tivaouane est victime aujourd’hui d’un manque manifeste de réseau d’assainissement dont souffrent d’ailleurs la plupart de nos villes. Pourtant, en 2014, le chef de l’Etat Macky Sall avait entrepris un programme de modernisation des cités religieuses. Dans ce cadre, Tivaouane a pu bénéficier de plusieurs réalisations dont la Maison des hôtes, un Auditorium, l’élargissement de la voirie et de l’éclairage public, etc. Cependant, déplorent des citoyens de la cité de Mame Maodo, « le programme d’assainissement lancé en août 2018 par l’ancien ministre de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, et qui n’est toujours pas achevé, même si les délais d’exécution étaient fixés à 18 mois, ne couvre que 10 quartiers sur les 72 et ne prend en charge que la problématique des eaux usées, laissant en rade celle des eaux pluviales ». Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du programme d’assainissement de 10 villes de notre pays financé à hauteur de 70 milliards de FCFA par l’Etat avec le concours de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Les coûts des travaux spécifiques de Tivaouane sont estimés à plus de 4 milliards de FCFA. Ils visent la réalisation de 16,53 km de réseaux d’eaux usées, 1558 branchements domiciliaires, deux stations de pompage, 50 édicules scolaires devant impacter 5.000 élèves, une station d’épuration d’une capacité de 2.100 m3/jour dans la ville de Tivaouane. De manière générale, l’objectif était d’améliorer les conditions de vie de plus de 22.000 personnes et l’assainissement d’une dizaine de quartiers de la ville de Tivaouane. Il s’agit des quartiers Ndiandakhoum, Lamsar, Jaalo, Kouly, Tivaouane Wolof, Escale, Ndoute, El Hadj Malick Sy, Médine, Keur Matar. Les réalisations devaient permettre d’éliminer les réseaux d’eaux usées ménagères, les stagnations d’eaux sur la voie publique, mais aussi de limiter l’exposition des populations au péril fécal.
Des chantiers loin d’être achevés trois ans après leur lancement
Mais trois ans après leur lancement, force est de constater que les travaux sont encore loin d’être achevés. Par rapport aux désagréments causés par les fortes précipitations dans les rues de Tivaouane, l’acteur de la société civile dit alerter depuis 2016, « étant entendu qu’en 2021 et 2022, la célébration du Maouloud se tiendrait en plein hivernage et ce sera un cycle de 10 ans au moins ». Abdoul Aziz Diop insiste sur l’urgence de mettre en place un système d’assainissement pour mettre définitivement un terme au calvaire des populations pendant l’hivernage. Et le militant de la société civile de se poser une série de questions : « qu’est ce qui explique le retard dans l’exécution des travaux ? », « Qu’est-ce qui a été réellement exécuté ou réalisé ? » « Y a-t-il une base de données réelle sur le nombre de branchements domiciliaires exécutés ? » « Existe-t-il des indicateurs objectivement vérifiables sur les travaux déjà réalisés ? » « Quand est-ce que les travaux prévus dans le programme initial seront complètement achevés, opérationnels ? » Enfin, « y a-t-il une mise en cohérence et une coordination des différentes structures qui interviennent dans la ville sainte ? »
Quelle vision ont les candidats à la mairie de Tivaouane sur la problématique de l’assainissement et des inondations ?
Interpellant l’Onas, l’Ageroute, la Sonatel, Sen eau, Promovilles, entre autres, M. Abdoul Aziz Diop s’interroge sur les raisons de la non-prise en compte des eaux pluviales dans le programme en cours. Il voudrait connaître la stratégie pour la mitigation des inondations si le Maouloud se déroule en période d’hivernage comme ce sera le cas à partir de 2022. De même, il aimerait aussi savoir la vision des candidats aspirants à la commune de Tivaouane sur la problématique de l’assainissement et des inondations ? Ce même si, précise notre interlocuteur, l’assainissement ne fait pas partie des compétences transférées aux collectivités territoriales. Comment mobiliser les populations et les autres partenaires surtout privés pour accompagner l’Etat vers des solutions structurelles à la question coûteuse et complexe de l’assainissement et de la gestion des inondations ? M. Diop donne comme exemples des industries extractives implantées dans le département en termes de Rse (responsabilité sociétale d’entreprise) Autant de questions formulées par le militant de la société civile qui invite l’Etat, en synergie avec les communautés religieuses, à faire de l’assainissement global (eaux pluviales et eaux usées) une priorité, voire une urgence, pour venir en appoint aux communes qui abritent les cités religieuses, et qui n’ont pas les moyens de régler les problèmes d’assainissement de manière structurelle.
AVEC LE TEMOIN