NETTALI.COM - Si jusque là aucun acte opérationnel n’a été posé pour l’indemnisation des victimes de Hissène Habré, les choses semblent avancer au profit de ces dernières, au nombre de 7396. Une équipe de l’Union africaine est arrivée le 15 septembre au Tchad afin de préparer le lancement du Fonds fiduciaire.

Décédé le 24 août dernier à Dakar, Hissène Habré a été condamné à la perpétuité pour crimes contre l’humanité en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires, une cour spéciale créée avec le soutien de l’Union africaine. En sus, il devait allouer 82 milliards de francs CFA (environ 150 millions de dollars US) à 7 396 victimes identifiées. Le dossier, relatif à l’indemnisation de ces dernières, avance. En clair, un communiqué informe qu’une équipe de l’Union africaine est arrivée le 15 septembre au Tchad afin de préparer le lancement du Fonds fiduciaire au profit des victimes des crimes de Hissène Habré. L’équipe, dirigée par Alex Tordeta Ratebaye, directeur de cabinet adjoint du Président de la Commission de l’Union africaine et Président du Conseil d’administration du Fonds, s’entretiendra avec le gouvernement et avec des avocats des victimes.

D’après le document, les victimes de Hissène Habré et leurs soutiens ont salué cette avancée de l’Union africaine qui, avec plusieurs années de retard, est certainement due à l’attention portée à la situation difficile des victimes. « Il est temps que l'Union africaine se réveille et que l'espoir des victimes renaisse », a déclaré Jacqueline Moudeina, principale avocate des victimes du régime de Habré. Cette dernière d'alerter :  « Les victimes ont déjà attendu quatre ans pour que le Fonds soit mis en place et nous enregistrons des décès parmi elles toutes les semaines ».

Il faut rappeler que plusieurs mesures doivent être adoptées avant que le Fonds ne soit pleinement opérationnel, notamment la sélection des autres membres du Conseil d’administration et l’embauche d’un secrétaire exécutif. Ensuite, le Fonds pourra commencer à engager des actions pour localiser, saisir et recouvrer les biens de Hissène Habré, notamment les biens gelés par la Cour spéciale à Dakar, et organiser une conférence de mobilisation des ressources pour alimenter le Fonds.

« Cette mission est un pas de plus bienvenu vers la réparation des victimes », a déclaré Reed Brody de la Commission internationale de Juristes, qui a travaillé avec des victimes de Hissène Habré depuis 1999. « Elles se sont battues sans relâche pendant 25 ans pour traduire en justice Hissène Habré et ses sbires, et se sont vu accorder des millions de dollars d’indemnisation, mais à ce jour elles n’ont pas reçu un seul centime de ces réparations. Beaucoup de victimes qui ont remporté ces victoires historiques sont dans une situation désespérée et dans le plus grand besoin », ajoute la source.