NETTALI.COM - Invité du Jury du dimanche, Aymérou Gningue, s’exprimant sur l’affaire des passeports diplomatiques impliquant des députés, a soutenu que l’Assemblée nationale ne protégera personne même s’il avoue qu’ils n'ont reçu aucune demande de levée de l’immunité parlementaire. Il a rejeté la thèse du complot agitée dans l’affaire Kilifeu et Simon.
Les députés Boubacar Biaye et Mamadou Sall sont au banc des accusés. Ces représentants de la 13e législature et membres du groupe parlementaire de la majorité présidentielle seraient impliqués dans un vaste réseau de trafic de passeports diplomatiques. La levée de leur immunité parlementaire pour les besoins de l’enquête est agitée dernièrement. Le président de leur groupe parlementaire, Aymérou Gningue, invité du Jury du dimanche, a été interpellé sur la question. Il a été catégorique dans ses réponses.
D’abord, le parlementaire a renseigné que pour le moment, l’Assemblée nationale n’a reçu aucune levée de l’immunité parlementaire. « Dans le cadre de l’inviolabilité aucun député ne peut être poursuivi ou arrêté mais, il peut être entendu. C’est la raison pour laquelle si un député reçoit la convocation de la Dic, il est obligé d'y répondre. D’ailleurs, je les (les deux députés) ai reçus et ils sont disposés à aller donner leurs arguments à la police », a-t-il expliqué. Demandant à la justice de faire son travail dans cette affaire qui pollue l’atmosphère, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakkar rassure : « aucun député, dans le cas d’espèce ne sera protégé par mon groupe ». Il poursuit : « Je peux assumer la responsabilité suivante : le groupe que je dirige, qui comprend le président de l’Assemblée nationale, fera le travail qu’il faut à chaque fois que, dans la procédure, il sera demandé à ce que l’on lève l’immunité d’un député parce qu’il aura trempé de près ou de loin à quelque chose d’illégale. Vous pouvez compter sur moi pour que la levée soit effective ».
D’après lui, si les députés n’ont pas été arrêtés jusque-là, c’est parce qu’on n’est pas dans un cas de flagrant délit. « La levée de l’immunité parlementaire de Sonko a pris plus de 21 jours. Donc, il n’y a pas de lenteur dans l’affaire des trafics de passeport. Nous ne pouvons pas accélérer les dates parce qu’il faut respecter la procédure. Il y a une enquête de police et nous laissons les choses se poursuivre ».
Concernant la vidéo virale du député Boughazelli relative à son arrestation avec des faux billets, Aymérou Gningue indique ne l’avoir pas vue. Cependant, il souligne que dans ce cas, c’était le flagrant délit parce que « il a été pris la main dans le sac ». C’est pourquoi, renchérit-il : « on a pu le prendre sans demander la levée de son immunité parlementaire. Mais, il avait deux choix : soit on recevait la demande de levée de l’immunité parlementaire, soit il démissionne de son propre chef pour se mettre à la disposition de la justice. L’option deux a été prise par lui. Maintenant, il y a une procédure judiciaire et je m’en tiens à la présomption d’innocence. Et le temps de la justice n’est pas le temps de la politique, n’est pas le temps de la presse ».
S’agissant des cas des activistes de Y en a marre Simon et Kilifeu envoyés en prison dans l’affaire des trafics de visa, il rejette la thèse du complot brandie par les soutiens de ces derniers. Ce, même s’il leur accorde la présomption d’innocence d’autant plus qu’ils n’ont pas été jugés et déclarés coupables. « Parler de complot c’est trop facile. C’est la voie la plus courte pour sortir de ses turpitudes. Ce que je crois, c’est qu’ils sont accusés et le dossier est en instruction. La justice rendra sa décision et quand cette décision tombera, je me prononcerai sur cette décision », dit-il.