NETTALI.COM - Il ne laisse pas indifférent. Il est sur toutes les lèvres et est invité sur bon nombre de plateaux. Lui, c’est Eric Zemmour. Polémiste, bête médiatique ? as de la rhétorique, brillant et cultivé, il est tantôt présenté comme journaliste, chroniqueur ou encore essayiste. Il s’essaye désormais à la politique, la notoriété aidant. La promotion de ses bouquins fait foule et il anime désormais des conférences et répand ses idées extrêmes sur fond de propagande xénophobe, raciste et misogyne.
En somme, un cocktail explosif qui résonne dans la tête de ceux qui ont envie de ce genre de discours. Il monte dans les sondages. Aujourd’hui, il est question de sa candidature à la présidentielle pour laquelle, il maintient habilement le suspens. Mais que de contrevérités sur fond de populisme dans son discours !
La notoriété d’Eric Zemmour a en réalité grandi à partir du milieu des années 2000 grâce à sa participation aux émissions télévisées « ça se dispute » sur I-Télé (devenue C-news) et « On n’est pas couchés » sur France 2. De journaliste politique au Figaro, puis au Figaro Magazine, il a pris le chemin des plateaux, comme chroniqueur sur France 2 chez Laurent Ruquier et sur RTL. Son éviction de l’émission « On n’est pas couchés » en 2011, le conduira à former un duo remarqué avec Eric Naulleau sur « Paris Première ». Il fallait continuer à exister.
Aujourd’hui, beaucoup de ses admirateurs et sympathisants l’incitent à se présenter à la présidentielle 2022, mais l’essayiste préfère pour l’heure garder le suspens, ne voulant pas se prononcer très vite, malgré la frénésie médiatique sur son éventuelle candidature. «Oui, je peux toujours ne pas y aller, mais si je n'y allais pas, je décevrais beaucoup de gens et ce serait pris comme une désertion, une trahison, etc. Cela compte dans ma prise de décision», a jugé Éric Zemmour au «Grand rendez-vous» sur Europe1, C News, Les Echos, ce dimanche 26 septembre. Il réserve sa réponse pour bientôt.
Zemmour et la Une de "Paris Match"
Un suspense en tout cas qu’il prolonge volontairement, question de se faire désirer et d’apparaître comme le « sauveur » de cette « France qui ne veut pas mourir ». Il est habile le bonhomme, mais il est aussi conseillé, entre autres, par des énarques et compte beaucoup de soutiens. Mais en fait de conseillère particulière, le contrecoup médiatique est vite arrivé.
Comme cette Une de « Paris Match » parue le mercredi 22 septembre qui a fini de lancer la polémique sur ce qui est considéré par d’aucuns comme une attaque en dessous de la ceinture. Un sentiment pas tout à fait partagé puisque d’autres soulignent une intention manifeste de la part du polémiste de se faire photographier sur une plage publique. La recherche du buzz est vite pointée du doigt et le magazine est même accusé de connivence. Sur la photo pleine page, on peut voir le presque candidat à la présidentielle de 2022, Eric Zemmour, se baigner dans la mer bleu-azur de La Seyne-sur-Mer (Var) avec sa plus proche conseillère, Sarah Knafo, jeune énarque de 28 ans.
Sur le sujet, les avis divergents toutefois. Si certains louent le fantastique coup de communication du polémiste d’extrême droite, les plus farouches soutiens d’Eric Zemmour, hurlent au coup bas contre leur champion. Telle cette indignation surjouée d’Eric Naulleau sur la chaîne C8 à l’émission « Touche pas à mon post » de Cyril Hanouna. L’hebdomadaire « Paris Match », pendant ce temps, se défend de tout arrangement avec Zemmour. « Nous récusons formellement l’idée que les photos prises sur la plage [sur lesquelles Eric Zemmour enlace Sarah Knafo] aient fait l’objet d’un quelconque accord avec lui », affirme le rédacteur en chef de l’hebdomadaire, Bruno Jeudy. Invité de RMC ce jeudi matin 23 septembre, ce dernier a d’ailleurs balayé les rumeurs :"Il s'agit d'une photo volée. Notre photographe était sur la plage. Je lui ai demandé de faire des photos." précise-t-il, glissant que le duo était au milieu de dizaines de baigneurs sur la plage des Sablettes, à ce moment-là. "Ce qui est certain, c'est que le photographe s'est caché. Peut-être derrière un arbre ou dans une cabine de plage, je ne sais pas. Eric Zemmour a beaucoup d'officiers de sécurité et notre photographe est repéré par ce service", a-t-il indiqué.
L’entourage de Zemmour, lui, n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer une attaque du système et une "volonté de le freiner", alors qu'Eric Zemmour entame à peine une tournée pour la promotion de son nouveau livre, tournée qui prend des airs de campagne électorale...
Bruno Jeudy en remet une couche pour se demander pourquoi le polémiste se fâche, précisant au passage : "Il le sait très bien, on a déjà signé une enquête au début de l'été, il ne l'avait pas contesté, et en était même content d'après son avocat, je ne comprends pas trop sa réaction. Je pense qu'il essaie de se victimiser. C'est souvent comme cela, les politiques qui entrent en campagne. Mais le point de départ, ce n'est pas d'enquêter sur la vie intime d'Eric Zemmour, c'est enquêter sur Sarah Knafo", a précisé le journaliste confiant un choix "tout à fait assumé". "Les photos qui font scandale, cela fait partie de l'histoire de Paris Match, comme lorsque le magazine avait révélé l'existence de Mazarine Pingeot, la fille cachée de François Mitterrand" conclut-il.
Hollande a eu aussi sa dose avec cette Une de "Closer" révélant sa liaison avec l'actrice Julie Gayet. L’exclusivité et le titre : « l’amour secret du président » provoqueront le départ fracassant de sa compagne Valérie Trierweiler. Il y a eu aussi cet épisode Dominique Strauss kahn avec cette fameuse histoire avec Nafissatou Diallo aux Etats-Unis.
La polémique sur cette Une de « Paris Match » vire même aux leçons sur l’éthique et à la déontologie de la presse quant au respect de la vie privée.
Il serait en tout cas bien illusoire de demander à des journaux de la trempe de « Closer » et de « Paris Match » de laisser passer ces types d’occasions puisque pour eux, il s’agissait bel et bien d’information portant sur un homme public qui se baigne sur une plage publique, au vu et au su de tout le monde. Surtout que Zemmour enlace la jeune femme qui est de surcroît sa conseillère, alors qu’il est un homme marié. Une manière de dire que son objectif était clair : se faire photographier sur une plage publique où il se promenait même en peignoir et en faire parler.
Pour d’aucuns, avec cette Une : « Eric Zemmour et sa très proche conseillère » et un sous-titre « Enquête sur la jeune énarque qui dirige sa campagne » et photo à l’appui de Zemmour l’enlaçant en pleine baignade, c’est la caractère équivoque de la une qui est relevé puisque révélant des aspects de la vie privée du polémiste. Mais il reste tout de même évident que même si l’enquête porte sur la jeune « conseillère très particulière », l’information phare est la proximité entre les deux qui révèle au grand jour l’infidélité du moraliste hors pair qui a au passage très peu de considération pour les femmes. Et si elle n’était qu’une proie de plus pour ce macho ?
Il convient aussi de rappeler que celui que ce cher Zemmour est aussi accusé d’agressions sexuelles en avril 2021 par plusieurs femmes avec des témoignages à l’appui. Le site d'information et d'investigation « Mediapart » avait d’ailleurs publié deux nouveaux témoignages de femmes qui mettaient en cause le polémiste Eric Zemmour. Pour rappel, le même support en ligne avait déjà publié, fin avril 2021 dernier, six autres témoignages de femmes dénonçant des agissements du journaliste employé par Le Figaro et de CNews.
Le site Mediapart y était allé même de sa précision pour expliquer que ni CNews, ni Le Figaro, les employeurs de Zemmour, n'avaient souhaité répondre aux questions de Mediapart, suite aux témoignages qui se multipliaient avec les « me too »
Ce qui pose même au-delà, la question du soutien de la chaîne d’info de Bolloré que d’aucuns dénoncent avec force, puisque c’est C news qui a récemment fortement contribué à la diffusion des idées nauséabondes de Zemmour et dont les audiences ont été par la même occasion dopées de manière permanente. Curieux quand même pour une chaîne qui fait l’essentiel de son business en Afrique francophone ! Les Africains doivent être bien masochistes pour être abonnés à une telle chaîne (appartenant à Bolloré) où ils se font insulter. Il convient d’ailleurs de souligner que l’homme d’affaires français s’est enrichi en Afrique où il a investi les ports avec une forte présence dans l’univers du transport, de la logistique et des médias.
Eric Zemmour n’est pas que raciste et xénophobe, il est aussi misogyne. Son discours exécrable sur les femmes les rabaisse et les relègue même au rang de mineures. En 2006 , son livre, « Le Premier Sexe », un pamphlet écrit, est une attaque aux principes du livre de Simone de Beauvoir, intitulé le Deuxième Sexe. L'auteur analyse ce qu'il estime être la « féminisation » de la société, ou plutôt sa « dévirilisation ». S'appuyant sur des exemples littéraires, médiatiques, politiques, sportifs ou encore sur la mode, il a tenté de dénoncer le passage d'une société patriarcale traditionnelle à une société moderne qui se serait féminisée. Il fait ensuite des liens avec les dernières générations d'immigrés.
Mais rien n’y fait et malgré tous ces supposés écueils considérés comme des peaux de banane, le polémiste réalise pour l’heure une percée spectaculaire dans les sondages. Dans un baromètre « Harris Interactive pour Challenges », publié ce mardi 28 septembre, Éric Zemmour réunirait jusqu’à 14 % des électeurs, s’il se présente à l’élection présidentielle. Le polémiste poursuit sa progression continue et s’établit quasiment au même niveau que le candidat de la droite, Xavier Bertrand, et seulement deux points derrière Marine Le Pen, donnée en net recul à 16 % des intentions de vote. Emmanuel Macron est toujours en tête et obtiendrait entre 23 et 26 % des intentions de vote. Au second tour, ce dernier serait réélu avec 54 % des voix, le total de Marine Le Pen (46 %) restant stable, dans la même fourchette depuis mars (entre 45 et 47 %). Une enquête qui a eu lieu en ligne entre le 24 et le 27 septembre auprès d’un échantillon de 1 379 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1 048 inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas.
Mais le problème est qu’en politique, il y a les sondages, il y a le facteur temps avec son évolution et la prise avec le réel. Les sondages ne sont qu’une photographie de la réalité à un moment donné. C’est en plus un fait que les débats menés en tant que polémiste et ceux en vue d’une campagne électorale, nécessitent plus que le côté dénonciation. Ils requièrent aussi d’être à l’aise sur des sujets à caractère économique, sur des sujets relatifs à l’écologie, les relations internationales, etc en proposant des programmes et solutions. Confronté récemment à Jean Luc Mélenchon, homme politique, connu pour n’avoir pas sa langue dans sa poche, Zemmour a souffert, à un certain moment, en étant dans la posture de celui qui se fait sermonner pour ses idées racistes et misogynes, au regard de ses sourires nerveux. Il est brillant et habile. C’est sûr. Et l’on a noté chez lui la tentation du recours à l’usage de généralités pour toujours ramener le débat à ses sujets de prédilection, notamment l’immigration, la délinquance, le terrorisme. Le challenge, c’est aussi qu’il arrive à s’extirper de sa posture d’éditorialiste pour passer aux sujets en prise avec le réel. Ce qui montre qu’il a du chemin à parcourir.
Une machine à fabriquer des chiffres
Dans la réalité, en effet, avec Zemmour, ses prises de position sont toujours truffées de contrevérités. Jeudi 23 septembre sur BFM TV face à Jean Luc Mélechon, il a été pris en flagrant délit de fabrication de chiffres. 20 minutes qui l’a fact-checké s’est rendu compte de la supercherie. En effet, lors de la confrontation, pour appuyer ses thèses anti-immigration, le polémiste assurait qu’ « il y aura deux millions d’immigrés légaux qui seront rentrés au bout du mandat de Macron» dans l’Hexagone et une fraude sociale évaluée à 50 milliards d’euros chaque année. Difficile en effet de savoir d’où viennent ces chiffres ? Des chiffres d’ailleurs rejetés par les journalistes de BFM TV qui l’ont jugés, surévalués par le polémiste. Surtout, arguent-ils, Eric Zemmour ne tient pas compte des départs. « C’est ce qui permet à Eric Zemmour de créer la confusion », explique à 20 Minutes le démographe Hervé Le Bras.
La vérité est que le nombre de nouveaux titres de séjours délivrés par la France, devrait atteindre environ 1,3 million sur cinq ans en France. Un chiffre qui n’inclut pas les étudiants étrangers qui regagnent leur université d’origine, les expatriés qui rentrent chez eux ou encore les travailleurs détachés qui ont fini leur contrat.
Des données qui recoupent les chiffres établis par l’Insee à partir du recensement. Selon ces derniers, la France accueille chaque année environ 270.000 étrangers supplémentaires. A l’échelle des cinq ans du mandat d’Emmanuel Macron, le nombre d’étrangers arrivés en France devrait se situer au-dessous de 1,5 million d’étrangers accueillis. Là encore, il ne tient pas compte des départs, qui devraient, selon l’Insee, s’établir autour de 200.000 en cinq ans – les données des dernières années ne sont pas encore connues. Dans ses propos, Eric Zemmour a donc approximativement doublé le nombre de personnes étrangères effectivement accueillies en France au cours du mandat du président de la République.
Hervé Le Bars ajoute : « Plus de la moitié des arrivants, ne viennent pas des pays sous-entendus par Eric Zemmour, à savoir l’Afrique et plus particulièrement les pays musulmans. Il faut diviser les chiffres par deux environ ». En 2019, 31,9 % des arrivants viennent d’Europe, et 41 % d’Afrique.
Sur la question de la fraude sociale, Eric Zemmour a affirmé qu’elle était « évaluée par le magistrat Charles Prats à 50 milliards d’euros ». Sauf que les estimations du magistrat, publiées en décembre 2018 dans un billet sur Mediapart, n’étaient que de 14 milliards d’euros. Or, ces estimations de la fraude sociale ont depuis été démenties par la caisse nationale d’assurance vieillesse dans un article de « Libération ». Et encore ce ne sont que des estimations, les fraudes détectées s’établissent à des montants bien plus faibles.
La Cour des comptes indiquait en septembre 2020, à la demande de la commission des Affaires sociales au Sénat sont bien inférieures : « En 2019, les principaux organismes sociaux ont détecté 1 milliard d’euros de préjudices subis et évités dans le cadre de la lutte contre les fraudes. »
De quoi se demander quel crédit accorder à l’essayiste puisqu’il essaie toujours de s’arranger avec la vérité. Quelle confiance placer en lui ? Celui-ci est d’ailleurs fréquemment poursuivi en justice pour ces mêmes types des déclarations controversées et fausses. Il est plusieurs fois relaxé, mais condamné pour provocation à la discrimination raciale en 2011 et pour provocation à la haine envers les musulmans en 2018.
La Zemmourisation des esprits
Dans l'émission de Thierry Ardisson «Salut les terriens», il avait balancé : «Mais pourquoi, on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait». Une affirmation évidemment fausse d’un point de vue de statistiques. Il ne peut d’ailleurs le prouver à l’aide de chiffres. Voudrait-il dire que 80% des Noirs et Arabes sont des trafiquants ? Une affirmation d’autant plus fausse qu’il occulte volontairement les conditions sociales des Noirs et Arabes, victimes de discrimination à l’embauche et au logement, sans oublier les conditions de vie dans les cités, même si ces aspects ne justifient nullement que la plupart soit des trafiquants. Le même jour, sur France 2, il avait aussi estimé, en réponse à une question qui lui était posée, que les employeurs «ont le droit» de refuser des Arabes ou des Noirs.
Des thèses xénophobes, racistes et insultantes, il en a balancées à la pelle, notamment sur le droit d’asile, le regroupement familial, la naturalisation, etc Bref un disque rayé. Evoquant son dernier livre sur LCI, lundi 27 septembre avec Ruth Elkrief, «La France n'a pas dit son dernier mot» avec lequel Zemmour fait d’ailleurs un carton en librairie, il assimile et islamisme et pense que « les musulmans peuvent se détacher de l'islam et avoir une pratique 'chrétienne' de leur religion » en France, précisant au passage qu’il souhaite voir davantage de « gens qui ont une pratique détachée des préceptes théocratiques et politiques de l'islam », comme « le judaïsme l'a fait » en le vivant avec la spiritualité. Ah les musulmans, sa cible favorite du moment comme lorsqu'il en remet une couche : « Les musulmans qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent, pensent tous que les djihadistes sont de bons musulmans.» Ou encore : « Un enfant qui s’appelle Mohamed, moi, je trouve ça triste qu’au bout de trois générations, il s’appelle encore Mohamed ». Des propos d'ailleurs sur les prénoms qui n'ont pas laissé le président Macron indifférent, à tel point qu'il lui a répondu sans le nommer lors d'un discours prononcé mardi 28 septembre à la Bibliothèque nationale de France : « Notre identité ne s’est jamais bâtie ni sur le rétrécissement, ni à des prénoms ni à des formes de crispation. Elle s’est toujours pensée universellement car elle s’est toujours pensée par des institutions qui dépassaient le simple Hexagone et par une langue qu’elle a toujours fait voyager et dont l’épicentre aujourd’hui n’est plus sur ces rives de la Seine mais sans doute bien davantage vers le bassin du fleuve Congo. »
Difficile de ne pas incriminer les médias dans cette médiatisation à outrance et qui induit ce que l'on nomme par la "zemmourisation" des esprits. Par opposition à la "lepénisation des esprits", terme créé par Robert Badinter, il y a quelques dizaines d'années. Beaucoup de médias préoccupés par le simple buzz se focalisent sur l'engagement de Zemmour à la présidentielle de 2022, sa stratégie, sa capacité de nuisance à l’égard de de Marine Le Pen et sur son potentiel, oubliant de se pencher sur le fond de son discours. Un privilège que n'avait pas du tout Jean Marie le Pen. Les propos du polémiste sont banalisés et son discours en devient même acceptable tout en le rendant fréquentable. Là où Le Pen prônait une forme de république nationaliste et autoritaire, Zemmour lui rejette explicitement la république. Il appelle même à rompre avec l’état de droit qualifié de moyen d’entraver la volonté populaire. Quand Le Pen parlait d’immigration zéro et de préférence nationale, il parle de « remigration », un terme mis en place par le bloc identitaire et le théoricien du grand remplacement René Camus dont l'objectif est de contraindre les immigrés à retourner dans leurs pays d’origine. Zemmour s'aventure même à légitimer cela en faisant référence aux années 30 avec l'expulsion d'immigrés italiens et polonais au chômage qui ne s’assimilent pas. Un argument de l'essayiste d'ailleurs historiquement faux car le gouvernement Blum a opéré quelques reconduites aux frontières d'Italiens, de Polonais et d'Espagnols, mais il ne s'agissait nullement d'expulsions en masse.
Interrogé Jeudi 23 septembre, Michel Drucker était évidemment devant son petit écran pour observer Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour se renvoyer la balle pendant plus de deux heures. "Qu'est-ce que vous diriez de lui ?", lui demande Pascal Praud. Répondant en restant évasif, après lui avoir précisé qu’il connaît très bien et qu’il partageait presque un café tous les jeudis avec lui (l'émission de Laurent Ruquier s'enregistrait dans son studio), a déclaré : : « C'est-à-dire qu'il voit des terroristes derrière chaque platane ! Et puis l'histoire des prénoms, tout ça... Non mais, ça serait un autre débat ».
Eric Zemmour ne laisse pas indifférent, c’est sûr. Ses propos font mouche. Son discours résonne sans aucun doute dans les oreilles de ceux qui ont envie d’entendre ce genre de propos auxquels, ils s’identifient. Mais derrière que de contrevérités et d’illusions. La grande masse a cette particularité, celle d’être émotive et sensible aux idées populistes au point de se laisser tenter par l’aventure. Mais elles sont loin d’être simples, ces solutions aux problèmes économiques et sociaux. Imaginez que les autres Etats de par le monde décident d’adopter la même posture vis-à-vis des Français établis à l’étranger. Il y aurait autour de 6 millions d’étrangers en France et à peu près 3 millions de français à l’étranger ! Ce que Zemmour semble surtout oublier, c’est que la France vit aux dépens de l’Afrique dont elle pille les ressources. Elle la déstabilise même. L’immigration qu’elle subit et qui semble empêcher Zemmour de dormir, n’est en réalité qu’un retour de bâton.