NETTALI.COM - Des organisations sénégalaises solidaires de la Palestine comptent s’opposer à l’admission d’Israël à l’Union africaine. Elles ont, dans ce sens, tenu une conférence de presse, hier, pour interpeller l’Etat du Sénégal sur la question.
Des organisations sénégalaises regroupées autour d’une association dénommée Solidarité Sénégal-Palestine s’opposent à l’intégration de l’Etat israélien au sein de l’Union africaine. Pour ces organisations qui faisaient face à la presse, hier, l’admission d’Israël comme observateur au sein de cette instance africaine serait en contradiction avec les chartes ratifiées par les pays membres. “En annonçant, le 22 juillet dernier, son acceptation des lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Moussa Faki Mahamat, a laissé sous-entendre comme un fait accompli une décision d’admission à l’UA de l’Etat sioniste en qualité de membre observateur. Une telle disposition, si elle venait à être entérinée à l’occasion du prochain Conseil exécutif de l’UA, prévu à la mi-octobre, serait en contradiction flagrante avec l’Acte constitutif de l’UA ainsi qu’avec la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples et, plus généralement, avec les intérêts supérieurs bien compris du continent africain tout entier’’, relève Seydi Gassama, membre de l’association et par ailleurs Directeur exécutif de la section d’Amnesty International (AI) Sénégal, dans les colonnes de Enquête ce jeudi.
D’après les membres de ces organisations, des pays opposants se signalent déjà face à cette décision. Il s’agit, informe-t-on, de 23 pays africains dont l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du Sud, des pays de la Ligue arabe, entre autres. “Rappelons que l’Acte consécutif de l’UA, tout comme la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, dans leur préambule comme dans plusieurs de leurs articles, condamnent le colonialisme, le néo-colonialisme, l’apartheid, la domination sous toutes ses formes et affirment le droit des peuples colonisés ou opprimés à lutter pour leur libération’’, indique-t-on.
Ces organisations comme le Forum social sénégalais, le Collectif de solidarité Sénégal-Palestine, la Raddho, le Frapp, Y en a marre… estiment qu’à travers cette intégration, Israël prétend vouloir se rapprocher des pays africains pour mieux les aider, à travers des programmes de coopération, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité, des technologies nouvelles et des télécommunications.
Multiplier les manifestations de masse diversifiées
Cependant, dit-on, l’objectif d’Israël est plutôt d’étendre son influence en Afrique et, “du même coup, à isoler l’Etat de Palestine en lui ôtant toute possibilité de base arrière sur le continent. Mais peut-on décemment, au nom de prétendus avantages économiques, se livrer à du marchandage sur le dos de la liberté palestinienne ?’’.
Seydi Gassama se demande, d’ailleurs comment un pays qui prône en acte, les colonisations, l’apartheid, le terrorisme d’Etat, la violation flagrante et constante des résolutions des Nations Unies sur la Palestine de 1947 à nos jours, “qui se livre à des crimes contre l’humanité et nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, peut-il se voir octroyer aujourd’hui le statut de membre observateur de l’UA, lequel lui a été refusé depuis 2002 ?’’
Ces organisations sont, par conséquent, d’avis que la seule attitude qui vaille, c’est conformément à la tradition de l’UA, de décider par consensus de ne pas admettre Israël en tant que membre observateur. Elles interpellent, à cet effet, la diplomatie sénégalaise, car, rappelle-t-on, notre pays devra assurer la présidence tournante de l’UA au début de l’année prochaine.
Ainsi, à leurs yeux, le Sénégal ne saurait admettre que sous son magistère, soit consacré “la décision infamante de voir l’Etat sioniste d’Israël plastronner impunément aux côtés des autres pays du continent’’. Seydi Gassama rappelle d’ailleurs que le Sénégal a su assez tôt entretenir une relation historique de solidarité avec la cause palestinienne.
Pour ces organisations, il est ainsi temps de renforcer les capacités de mobilisation, afin de multiplier les manifestations de masse diversifiées à travers la promotion du mouvement BDS (Boycott-désinvestissement-sanction), le déploiement de campagne plus forte de protestation et de dénonciation contre les menées criminelles en terre de Palestine occupée.
Pour rappel, le conflit du Moyen-Orient entre l'Israël et la Palestine dure depuis 1948, avec la création de l'Etat d'Israël. Ces tensions géopolitiques sont matérialisées par les affrontements violents dans la bande de Gaza, à Jérusalem ou encore par les déclarations polémiques d'hommes politiques.