NETTALI.COM - Les expéditions sportives sénégalaises se suivent et se ressemblent. De véritables fiascos ces dernières année ! Ce qui veut dire sans risque de nous tromper que nous régressons. Tout se passe en effet comme si nos équipes nationales, en particulier celles de foot et de basket auxquelles nous semblons accorder plus d’importance, ne nous déçoivent que lorsque nous portons trop d’espoirs sur elles.
Le Sénégal n’évolue pas. C’est certain. Peut-être sommes-nous plongés dans un rêve si profond qui nous empêche de voir la faiblesse de nos équipes ? Peut-être sommes-nous en train de nous tromper en pensant que les autres nations régressent, voire stagnent et que nous sommes au-dessus d’elles ? Pourtant beaucoup d’entre elles abattent le travail nécessaire pour progresser. Ils investissent dans des politiques sportives et infrastructurelles planifiées et mûries comme au Maghreb. Dans d’autres cas, des pays n’hésitent plus à recruter des techniciens Sénégalais parce que nous avons, quoi que l’on dise un passé glorieux dans certaines disciplines, telles que le basketball. Le Rwanda a par exemple récemment recruté Cheikh Sarr, un technicien ayant présidé, dans un temps pas si lointain que cela, aux destinées du basketball masculin et féminin sénégalais. On peut aussi citer, au football, le cas de Lamine Ndiaye, avec le « Tout puissant Mazembé » club congolais, qui a été vainqueur de la ligue africaine des Champions en 2010, en étant dans la foulée, le premier entraîneur à mener un club africain en finale de coupe du monde des clubs.
La question est dès lors de se demander ce qui ne fonctionnerait pas. Ya aurait-il une sorte de malédiction qui nous poursuivrait pas ? Aurions-nous simplement affaire à un problème de management du sport ? Nous n’allons certainement pas nous montrer superstitieux comme le sont d’ailleurs beaucoup de nos compatriotes, mais l’affaire semble plutôt relever du second aspect cité.
Peut-être, devrions-nous alors nous montrer plus humbles et revoir, lors des compétitions internationales, nos prétentions à la baisse ? En dehors de la lutte qui est un sport traditionnel, les disciplines auxquelles nous accordons beaucoup d'importance, le football, le basket-ball, l'athlétisme et le judo dans une moindre mesure, ne nous sourient vraiment plus. En coupe du monde de football, par exemple, d’un 1/4 de finales en 2002, nous nous sommes juste arrêtés au 1er tour. Au récent Afrobasket masculin, nous nous sommes contentés d’une 3ème place, là où nous l’avions remporté en 1968, 1972, 1978, 1980 et 1997 avant que l’Angola n’assure son hégémonie à partir de 1999 jusqu’en 2013, cédant par la suite, la place au Nigéria, en 2015 qui se verra supplanté par la Tunisie, championne en 2019 et 2021. S’agissant de l’Afrobasket féminin qui vient de s'achever, nous avons occupé une piètre 4ème place après avoir plané sur le basket africain en 1974, 1977, 1979, 1981, 1984, 1990, 1993, 1997, 2000, 2009, 2015, avant que le Nigéria ne prenne le relai en 2017, 2019 et 2021. UN cycle entre-temps, interrompu par l’Angola, vainqueur en 2011 et 2013. Un championnat d’Afrique 2021 que Moustapha Gaye, ironie de l’histoire, en étant à la fois Directeur technique national et coach de l’équipe, a qualifié d'échec.
En athlétisme et au judo, lors des récents jeux olympiques, nous sommes rentrés bredouilles. Et pourtant si l’on se souvient bien, le Sénégal avait étrenné des médailles : l’argent en 1988 pour Amadou Dia Ba à Séoul ; et pour Amy Mbacké Thiam, à l’athlétisme, le titre mondial du 400 m dames à Edmonton en 2001, la médaille de bronze aux mondiaux de 2003 à Paris, l’or respectivement en 2004 et en 2006 avec le relais 4 x 400 et 400 m en championnat d’Afrique ; au judo avec Ankiling Diabone, triple champion d’Afrique (1982 au Caire, 1983 à Dakar, 1986 à Casablanca) et médaillé d’or aux jeux africains de Tunis en 1987 ; avec également Lansana Coly, champion du monde militaire.
A y réfléchir de plus près, il semblerait bien que l'absence d’une politique sportive digne de ce nom, ne serait pas à occulter. Il ne peut en effet y avoir de réussite sans une bonne alchimie entre la formation, le financement, l'organisation, la politique infrastructurelle et le choix des disciplines à fort potentiel de développement et également des techniciens qui vont présider aux destinées de notre sport. Lorsqu'on pêche pratiquement dans tous ces domaines, comment arriver à gagner des titres ? Participer et participer encore à des campagnes, ne serait-ce que pour exister dans le concert des nations, n’est-ce pas un choix déraisonnable ? Un gaspillage pour des pays aussi pauvres que les nôtres. Ce d’autant plus que le retour d’image n’est pas assuré. Une politique sportive réfléchie, planifiée et adossée à une stratégie claire, aurait certainement pu nous éviter toutes ces déceptions et errements accumulés.
Matar Ba, en tant que ministre des sports, n'est pas à sa place. C’est sûr. Il préfère être jugé par les communicateurs traditionnels, plutôt que par les résultats d’une politique dont on se demande s’il est d’ailleurs capable de l’entreprendre. Avec lui, ça sent le pilotage à vue de loin. Dans la gestion de notre sport, l’on semble plutôt raisonner en termes de campagnes que de stratégie et de planification. Sous son règne, la politique infrastructurelle du football est un désastre. Aucun stade n’est homologué et celui qui nous restait et qui n’est d’ailleurs pas digne d’un stade international, a rejoint la liste des stades non homologués.
La récente élection du président de la fédération sénégalaise de football a aussi montré le visage d’un sport pris en otage par un système et des barons. Résultats des courses, le choix du président de la fédération qui en a découlé, n'est au finish qu'une affaire d'arrangement, de copinage et de consensus. Comment dès lors espérer un développement de ce sport roi si ceux qui sont aux commandes, ont non seulement plafonné, mais pensent toujours que leur ultime objectif est de gagner une coupe d'Afrique, voire de trôner à la tête de la Confédération africaine de football, avant de penser enfin céder la place ? Sans verser dans le pessimisme ou jouer à l’oiseau de mauvais augure, les supporters Sénégalais devraient apprendre à mieux accrocher leur cœur et maîtriser leurs émotions car, il fera beau temps avant qu'ils ne se mettent à nouveau à jubiler. A moins que l’on ne change de paradigmes.
L'autre gros problème de nos équipes, c'est de pêcher au niveau du mental et surtout de la tactique, lorsque les enjeux sont souvent de taille et finissent par les dépasser. Avec des entraineurs tels que Tapha Gaye au basket et Aliou Cissé au foot et dont la spécificité est le management autoritaire, ce sont les initiatives et la responsabilité qui sont cassées et le mental inhibé. Difficile en tout cas de gagner un titre dans ces conditions, surtout lorsqu’on mise en plus sur des équipes sur le papier. Une équipe, eh bien ça se mène non pas seulement en instaurant une discipline de fer, mais il faut un minimum de science et d’aptitude en management des hommes. Le mental, c’est ce qui nous a manqué au football en 2002 face au Cameroun lorsque les Lions indomptables nous battaient aux tirs aux buts. Ironie du sport, le même Aliou, alors capitaine, avait raté un pénalty et entamé le mental des troupes. Le même mental nous a également fait défaut contre l’Algérie de Belmadi, en 2019, avec Aliou Cissé, cette fois-ci en tant qu’entraîneur.
La seule éclaircie de ces dernières années, a été l’équipe nationale du Sénégal qui a remporté la 10ème finale de Can de Beach soccer. Le 3ème titre d’affilée et le 6ème de leur histoire que les Lions dans ce domaine. Des titres que nous avons acquis grâce à la vision et l’abnégation de Chita, précurseur du Beach soccer au Sénégal. Celui-ci a, avec peu de moyens, réussi à réunir des jeunes qui aimaient jouer sur la plage particulièrement des jeunes Lébous. Il a pu ainsi bâtir une équipe avec des jeunes de Ouakam, Yoff, Ngor.... En 2007, le Sénégal participa à sa première can de Beach soccer, la 2ème édition. La génération des Ngalla Sylla, Jean Koukpaki, Al Seyni Ndiaye va perdre en finale avant de remporter la coupe lors de sa seconde participation en 2008. A la coupe du monde, n’eut été ce trop-plein de cartons jaunes cumulés qui a nous a privés de nos 3 meilleurs joueurs, le Sénégal n’aurait peut-être pas perdu contre le Japon.
Macky Sall avait d’ailleurs à cette occasion, pour récompenser les joueurs, remis 10 millions de francs Cfa à chaque “Lion” du Beach soccer, après les avoir reçus en juin, au palais de la République. Un même montant avait été promis aux membres du staff technique. C’était en effet la première fois pour les “Lions” du Beach soccer. Le Président Macky Sall avait également promis d’accompagner davantage le Beach soccer. 4ème du dernier mondial de Beach soccer, les Lions de la plage ont été honorés par la fédération sénégalaise de football (FSF). Une enveloppe de 99 millions FCFA leur a été attribuée. Présidant récemment la cérémonie, Me Augustin Senghor, avait remis aux joueurs les primes d’objectif (la qualification en demi-finale). Au nombre de 15, chaque joueur a reçu la somme de 3 millions de FCFA. Le staff technique composé de 9 membres, a, pour sa part, reçu la somme de 6 millions de FCFA, chacun.
A la vérité, il convient de réaliser que le sport Sénégalais est gangrené comme beaucoup d’autres secteurs, par un manque de volonté politique. Les investissements nécessaires devront en effet prendre en compte une politique de formation, une politique infrastructurelle, mais également miser sur des options réalistes dans le temps qui permettront de bâtir de grandes équipes et faire éclore de solides athlètes. La recherche de profils appropriés pour le management du sport, devrait sans aucun doute être revue car il reste un des chantiers sur lesquels, on ne se penche pas sérieusement. Or, si nous voulons jouer les premiers rôles au niveau international, cela doit changer, le sport de haut niveau ayant ses exigences.