NETTALI.COM - Le Lieutenant Ahmed Bachir Ndiaye du commissariat de Wakhinane Nimzat a accordé un entretien exclusif à EnQuête, pour donner sa version des faits, relativement à la mort du sieur Cheikh Niass. Il dit être en danger, de même que sa famille, alors que le prévenu a rendu l’âme, après son mandat de dépôt. Il précise que ce dernier se portait bien durant sa période de garde-à-vue. Le commissaire déclare qu’il n’est aucunement lié à cette affaire qui risque d’entacher une carrière de 36 ans.
Devant la tournure des événements, depuis l’éclatement de l’affaire Cheikh Niass qui avait été arrêté par les limiers du commissariat de Wakhinane Nimzat, puis placé sous mandat de dépôt et envoyé en prison où il a rendu l’âme, le Lieutenant de police Ahmed Bachir Ndiaye est sorti de sa réserve pour apporter sa part de vérité. L’officier de police dit son étonnement devant le déroulement des choses. Sa mutation est tombée 48 heures après le mort de Cheikh Niass et 5 jours après son déferrement consécutif à sa période de garde-à-vue dans les locaux de son service. A l’en croire, en de pareilles circonstances, la logique aurait voulu qu’on ouvre une enquête administrative pour situer les responsabilités. Le cas échéant, dit-il, il aurait dû recevoir une demande d’explication. Ce qui n’a pas été le cas. “L’enquête administrative, qui peut durer entre un à trois mois, permettrait de situer les responsabilités dans cette affaire. On devait me donner une demande d’explication, avant de m’entendre devant le conseil d’enquête qui constitue, en quelque sorte, le tribunal de la police. Tout ceci n’a pas été fait. Ainsi, si je suis fautif, je pourrais risquer le déploiement ou une radiation. Rien de ceci n’a été fait. Ce qui se passe avec moi est une haine qui ne dit pas son nom. C’est un règlement de comptes. Toute ma famille est en danger, car celle de la victime pense que je suis l’auteur de la mort de leur fils’’.
Ce n’est pas tout, le commissaire de Wakhinane Nimzat (il a été muté, mais, jusqu’à présent il est en service à Wakhinane Nimzat) considère que “les autorités auraient dû attendre les résultats de l’autopsie’’. “Si la victime a subi des tortures, qu’on le situe dans le temps, pour savoir que ce n’est pas au niveau de la police’’, ajoute le Lieutenant Ndiaye. Qui dit ne pas mériter le traitement qui lui est infligé, après pour avoir fait 36 ans de carrière sans faute, gravi toutes les échelons de la police nationale à savoir : inspecteur de police, officier de police, avant d’être admissible au concours de commissariat de police en 2020. Il a été médaillé de la police, depuis 20 ans, chevalier de l’ordre national du mérite. Il a fait 3 missions des Nations unies sur désignation des hautes autorités policières. Coté carrière professionnelle, poursuit-il, il fait 5 régions : Dakar, Thiès, Ziguinchor, Kaolack et Saint-Louis. “Pendant 36 ans de carrière, je n’ai jamais été puni, ni sanctionné. Je n’ai jamais eu de remontrance de la part de mes supérieurs hiérarchiques. Ils m’ont toujours bien noté et félicité. Donc, je ne parviens pas à comprendre cette décision de me muter, sans m’entendre, vu tout mon parcours. Toute ma famille à savoir ma femme, mes enfants, mes amis, mes proches sont tous choqués par cette situation. Je ne suis plus en sécurité pour une affaire dont je ne suis pas concerné. On veut me sanctionner pour une procédure qui ne me concerne pas. Toutes les personnes qui me connaissent professionnellement parlant m’ont manifesté leur soutien’’, renseigne-t-il. Il insiste : “La victime a été bien traitée durant sa période de garde-à-vue. Son frère et son fils étaient là avec lui. Ils lui donnaient à manger et à boire. Il n’a jamais fait l’objet de torture dans nos locaux. Je voudrais que tout le monde sache cela. Il n’a jamais été violenté... Je vous informe aussi que la note a été initiée, le vendredi dans la matinée, et je l’ai reçue vers 15 heures. Vous comprenez aisément la précipitation dans cette affaire’’.
“J’avais la possibilité de rester à l’étranger ou j’ai fait deux ans mais...’’
Concernant sa mutation reçue le vendredi dernier, le Lieutenant Ndiaye, après l’avoir confirmée, confie qu’il compte continuer son travail à la direction de la formation de la police, une entité de l’école de police et de la formation permanente où il a été affecté. Qu’il ne sait pas quand est-ce qu’il va prendre fonction. “Je suis policier. Je ne vais jamais dire du mal de cette corporation. Mais, que cela soit clair, je ne vais pas me taire et laisser cette affaire ternir une carrière de 36 ans. On va me pointer, désormais, comme un meurtrier, comme un assassin, alors que je suis étranger à cette situation. Ce n’est pas à cause d’une décision arbitraire que je vais renoncer à mon amour pour la police nationale. Je vais toujours continuer à être le policier exemplaire. Je soutiendrai toujours la police et les policiers. Je porte la police dans mon cœur. J’avais la possibilité de rester à l’étranger ou j’ai fait deux ans, mais, j’ai choisi de revenir au pays pour servir ma nation’’, dit-il d’une voix calme.