NETTALI.COM - Atmosphère de galère, devrions nous dire ! Les Sénégalais doivent bien prier pour que la flambée des prix des hydrocarbures, récemment annoncée, n’ait pas lieu, puisque l’on a ces derniers temps, assisté à une augmentation des prix des denrées de première nécessité. Ce qui avait d’ailleurs poussé, si on en croit le journal l’As dans sa livraison du mardi 5 octobre, le ministère du commerce à monter au créneau pour interpeller plus de 1500 commerçants et infliger des amendes de l'ordre de 27 millions de F Cfa. Ce qui montre d’ailleurs l’ampleur du désastre et en même temps, le déficit de contrôle des prix qui livre les populations à la merci du diktat des commerçants. On est en tout cas bien loin de l’époque où les contrôleurs économiques étaient craints. Ils ont même pour dire vrai, disparu du paysage.
Il convient, toutefois, de noter que les prix des denrées sont loin d’être la seule hantise des Sénégalais. La difficulté à trouver un toit où s’abriter, est un autre écueil auquel ils doivent désormais faire face dans un secteur de l’immobilier où les bailleurs et les spéculateurs du foncier exercent leur loi sur les prix, au grand dam des locataires et acquéreurs de terrains, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Entre les cautions passées de 2 à 4 mois, les prix arbitraires qui ne respectent pas la méthode de la surface corrigée suivant les dispositions de la loi qui n’obéissent à aucune logique sinon la cupidité et la discrimination de la part de certains bailleurs contre les Sénégalais au profit d’étrangers, l’on est loin de l’époque où Macky Sall vendait sa fameuse loi sur la baisse du loyer, comme un remède contre la vie chère. Ces bailleurs plus futés que jamais, ont trouvé la parade, prétextes fallacieux à l’appui pour expulser les locataires, augmentant au passage les prix pour finir par les ajuster au montant souhaité. Certains vont même jusqu’à réclamer des bulletins de salaire, pourtant une donnée à caractère personnel encadrée par la loi, qu’aucun bailleur ne devrait détenir. Si seulement la plupart d’entre eux payaient l’impôt sur le revenu et les taxes !
Difficile en tout cas de comprendre pourquoi l’Etat n’arrive pas à réguler les prix. A-t-il fui ses responsabilités ? Il y a une raison à cela si l’on en croit Mounirou Ndiaye, l’économiste qui dissertait récemment sur le sujet. Celui-ci pointait d’ailleurs du doigt les problèmes structurels d’ordre institutionnel pour aborder la question de l’inflation qui plombe les revenus des Sénégalais. « Aujourd’hui, on parle de transparence des marchés. Le gouvernement a pris des mesures pour demander aux commerçants de respecter un certain nombre de normes par rapport à la spéculation. Mais savez-vous que l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) ne s’intéresse pas à tous les produits. Elle n’a même pas de compétence pour dévoiler la régulation sur tous les secteurs. Il n’y a que sur certains produits agricoles, tels que le riz, l’oignon, la pomme de terre, etc que l’Arm se focalise. Pour l’autoroute, le sucre, pour tous les produits, l’Arm aurait dû avoir les compétences pour mener des enquêtes sectorielles. Si on avait un bon régulateur présent du point de vue institutionnel avec toutes les prérogatives, tous les moyens, on aurait pu dévoiler la dynamique des coûts. Vous ne pouvez pas demander à un commerçant de baisser ses coûts alors que vous ne maîtrisez pas ses coûts. Il peut déclarer un prix erroné, mais vous ne pouvez pas le savoir. Dans les pays qui se respectent, la régulation, ce sont de grands bâtiments avec beaucoup d’experts. On fait de la régulation comparative entre les pays pour savoir quel est le prix dans tel pays qui peut justifier le prix dans tel autre. Cela permet de dire voilà quels prix on applique en Côte d’Ivoire», faisait remarquer l’économiste à l’émission « Objection », il y a quelques semaines.
Une absence de régulation des prix, une carence étatique, qui veut tout simplement dire que les Sénégalais sont mal barrés. D’où d’ailleurs l’étonnement par rapport au débat suscité, il y a quelques temps par le ministre Amadou Hott. Un débat d’ailleurs inutile et anachronique car, il suffit de voir l'ambiance délétère qui règne dans ce pays pour se demander comment la majorité des Sénégalais pourrait-elle ne pas être pauvre.
Et si Macky Sall a-t-il atteint ses limites objectives ? Plus le temps passe, plus la gouvernance Sall semble avoir moins de prise sur les choses. Le président, serait-il dépassé par les événements ? Ou plutôt préoccupé par son avenir politique ? En tout cas, il ne semble pas vouloir laisser son projet d’émergence lui échapper. Ainsi que l’atteste ce budget ambitieux post 3ème vague Covid 19. Un budget qui grimpe alors que le panier de la ménagère se dégarnit.
Le Sénégal va, en effet franchir pour la 1ère fois, la barre des 5000 milliards de francs pour son budget. En effet, celui de 2022 a été arrêté à plus de 5160 milliards de francs et va donc représenter le double de celui de 2012 qui était de 2 344,8 milliards. Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre du budget a expliqué que les recettes du projet de loi de finances pour 2022, arrêtées à 3 510,7 milliards de FCFA, contre des dépenses projetées à 4 294,7 milliards de FCFA, ne traduisent pas un ralentissement, encore moins un recul par rapport aux bilans des régimes précédents. «Comparé à la LFI de 2021, le budget 2022 connait une hausse des recettes de 284,8 milliards FCFA (+9%) et des dépenses à 324,9 milliards de FCFA (+8%)», lit-on dans son document. Sur la base de ces recettes, Abdoulaye Daouda Diallo veut mettre l’accent sur les projets initiés par le président de la République. Ainsi, le Programme d’urgence pour l’Emploi des jeunes se voit alloué une enveloppe de 150 milliards de FCFA ; 35 milliards pour le Programme Bourses de sécurité familiale ; 20,1 milliards pour la Couverture maladie universelle ; 5,2 milliards pour le PUMA ; 18,4 milliards pour le PUDC ; 18,3 milliards pour le PROMOVILLES ; 25 milliards pour le programme de modernisation de la justice ; 20,8 milliards FCFA pour le Programme d’acquisition d’équipements scientifiques et informatiques destinés aux universités et établissements d’enseignement supérieur.
Un budget en tout cas annoncé par la plupart des journaux, sous l’angle du record. Mais par prudence, il serait de bon aloi d’attendre de voir si les prévisions de recettes vont être atteintes au regard de ce que les budgets 2019 et 2020 ont produit en termes de lois de finance rectificative… Durant ces deux années, les recettes escomptés n’ont pas pu être mobilisées. Situation de Covid oblige ?
En tout cas, dans les grandes lignes qui ont été présentées, il est ressorti que le budget 2022 sera particulièrement orientée vers la relance de l’activité économique, dans le maintien de la cohésion sociale, pour garder le cap sur l’émergence. Un budget 2022 dont il est dit qu’il va s’orienter vers l’amélioration du bien-être des femmes et des jeunes, le développement ses productions agropastorales et la facilitation de l’accès aux services sociaux de base et la mise en place d’une industrie forte et compétitive.
Mais, malgré la crise et les recettes utilisées pour la résorber, la politique, elle, est omniprésente, élections locales obligent. Les noms des candidats de « Benno Book Yaakkar » retenus, tombent au compte-goutte avec le risque que les recalés entrent en rébellion. Dans le même temps, sont enregistrées des candidatures indépendantes qui cherchent à se frayer un chemin seul ou dans le cadre d’une coalition. Ce qui est surtout désolant dans cette atmosphère de tiraillements, c’est le fait de désigner des ministres, Directeurs généraux et députés, désignés comme candidats aux locales, alors qu’il y a suffisamment de gens plus proches des populations avec une meilleure connaissance des localités concernées. N'ont-ils pas suffisamment à faire, ces députés, ministres et DG ? Il est quand même effarant ce cumul éhonté des mandats ! Décidément rien ne change sous nos cieux, si ce ne sont les occupants des postes. Les systèmes qui se succèdent paraissent si immuables et si sourds à l'appel au changement que le sort des population tardera à changer.
Ce sont deux ténors de Benno Book Yaakar, l’ancien ministre Amadou Ba et l’actuel de la santé, Abdoulaye Diouf Sarr qui se livrent une bataille sans merci sur le terrain en vue de la bataille de Dakar. Question de tâter leur pouls. Amadou Ba doit en tout cas nous livrer son secret, car dès qu’il lève le petit doigt, une certaine presse s’emballe. Elle l’annonce à Sandaga, vante « sa côte de popularité inégalable » et le fait qu’il fasse « foule et tabac » avec des photos plans serrés qui laissent croire cela. Abdoulaye Diouf Sarr, lui aussi sur la même logique de visibilité médiatique tous azimuts depuis un certain temps, est annoncé à la Médina où il a attaqué la gestion de l’actuelle équipe municipale. L’on nous annonce aussi que le Pinth de Nara de la Médina vote pour lui. Dans le camp de Ousmane Sonko, le plan de guerre est lancé, avec une option prise selon laquelle chaque parti ou mouvement est appelé à contribuer à l’effort de guerre, selon ses moyens. De même des caravanes avec les leaders dans les localités à fort enjeu électoral, sont prévues.
Bref une atmosphère où l’on joue des coudes, une sorte d’échauffement avant match, alors qu’une certaine opinion est dans l’expectative espérant toujours que le cas des députés, accusés de trafics de passeports diplomatiques, soit enfin regardé à la loupe. L’on nous annonce la saisine de l’Assemblée nationale par le ministre de la Justice. Aïssatou Tall Sall , la ministre des Affaires étrangère nous a bien pompé l’air en nous gratifiant d’une sortie bien tardive, alors qu’elle aurait pu pondre un communiqué depuis belle lurette et lancer une enquête interne pour y voir clair dans son ministère. Elle nous a servi une histoire de séparation des pouvoirs, après s’être, figurez-vous, interrogée sur l’existence de « preuve de trafic de passeport diplomatiques ». Elle se moque de qui celle-là ? Mais pendant ce temps, les autres victimes des passeports, Kilifa et Simon qui ont moins de baraka, sont à Rebeuss.
Toujours sur le terrain judiciaire, Ousmane Sonko cherche à y voir plus clair dans son inculpation et placement sous contrôle judiciaire. Il souhaiterait en finir au plus vite avec cette histoire. Raison pour laquelle ses avocats ont déposé deux requêtes devant le juge du 2e cabinet qui gère l’intérim du Doyen des juges. A moins qu’on ait déjà décidé de jouer la montre jusqu’au dernier moment pour décider de son sort au dernier moment.