NETTALI.COM - Le famille de feu Cheikh Niasse ne croit toujours pas à la mort naturelle de ce dernier. Elle pourra ainsi être édifiée ce vendredi 8 octobre, puisque les résultats de l’autopsie seront dévoilés dans quelques heures.

 Plus d’une semaine après le décès de Cheikh Niasse, dans des conditions floues, les résultats de l'autopsie sont attendus ce vendredi. Mame Cheikh Niasse , transféré  a été transféré à l’hôpital A. Le. Dantec où il est mort d’hyperglycémie.

Une affaire qui a finalement viré à la polémique et emporté le lieutenant Amet Béchir Ndiaye, ex-commissaire de la police Wakhinane- Nimzath. Dans une lettre datée du 04 octobre et adressée au ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique Antoine Diome, ce dernier a d'ailleurs protesté contre la décision de sa hiérarchie de le muter de son poste pour l’affecter à la Direction de la Formation «dans la précipitation sans qu’aucune enquête ne soit ouverte pour situer les responsabilités». Donnant sa version des faits, il a ainsi soutenu qu’aussi bien l’agent qui a interpellé Mame Cheikh Niasse que l’ensemble des éléments du poste de police de Wakhinane-Nimzath qui sont intervenus dans la procédure d’enquête personne, n’ont eu à avoir un mot de trop à l’endroit de l’individu interpellé encore moins le brutaliser. «C’est en excellente santé que l’émigré a quitté le commissariat pour être déféré au parquet sur instruction du procureur », assure-t-il. Malheureusement, se désole le lieutenant Ndiaye, son affectation précipitée au-delà de sa personne risque de “donner foi et conviction à la famille Cheikh Niasse, à l’opinion publique et internationale que la police de Wakhinane-Nimzath est responsable du décès de Cheikh Niasse survenu prés de cinq jours après sa conduite au parquet ».

Côté police et selon le document de l’enquête, tout s’est déroulé en début de matinée, le jeudi 23 septembre 2021, au croisement Serigne Assane de Guédiawaye plus connu sous le nom de «Tournal Serigne Assane». Il était neuf heures, ce croisement par lequel transitent plusieurs véhicules grouillait de monde. Tel un capharnaüm, l’endroit donne quelques vertiges au policier chargé de réguler la circulation. Ici, le code de la route semble rangé sous le siège des véhicules. La priorité n’existe pas. Celui qui ose le plus ou qui est le plus rapide passe le premier. N’empêche, l’agent de police tente tant bien que mal de réguler la circulation, tout en procédant au contrôle de véhicule à l’allure suspecte.

Lorsqu’au volant de son véhicule de marque Volvo de couleur noire, Mame Cheikh Niasse arrive audit croisement, l’agent lui fait signe de se garer sur le bas-côté pour un contrôle de routine. Venu de France en début de semaine, Mame Cheikh, accompagné de son fils âgé de 17 ans et d’un de ses proches du nom de Tapha Diop, s’exécute et attend tranquillement l’arrivée de l’agent de police qui lui réclame son permis et les papiers afférents à la conduite et à la propriété du véhicule, en l’occurrence la police d’assurance et le certificat d’immatriculation et d’expertise technique, appelée carte grise. Hélas, l’émigré qui a quitté sa maison familiale à Yeumbeul-Asecna dans la précipitation, explique à l’agent de police qu’il n’a sur lui que le permis et que la carte grise, il l’a oubliée chez lui. De même que la police d’assurance. Pour en avoir le cœur net, note le document, l’agent de police décide de saisir le permis de conduire et lui ordonne de retourner à son domicile pour amener la carte grise et la police d’assurance que Mame Cheikh Niasse dit avoir oubliées.

L’émigré, âgé de 39 ans, qui a séjourné pendant une quinzaine d’années en France, hésite alors à remettre le permis de conduire et tente de dissuader l’agent de police qui reste de marbre. Face à ce qui a l’air d’un dialogue de sourds, des témoins interviennent et réussissent à convaincre Mame Cheikh Niasse de remettre son permis de conduire à l’agent de police qui récupère le document, tourne le dos à l’émigré et s’en va continuer à réguler la circulation.

C’est alors que Mame Cheikh Niasse revenu au Sénégal pour célébrer le Magal, pique une vive colère, s’extirpe de son véhicule et se dresse sur le trottoir, hurlant à l’endroit de l’agent de police, renseigne la source. Dans le document, il est mentionné qu’il a déclaré : «Je m’en fous de la police sénégalaise, je suis citoyen français et vous ne pouvez rien contre moi», (Mane Falé Wouma police Sénégal). Très vite, un attroupement se forme sur les lieux, puis l’émigré saisit son téléphone et se met à filmer le policier en train de réguler la circulation. La foule médusée alerte l’agent de police qui, toutes affaires cessantes, rejoint Mame Cheikh Niasse sur le trottoir, le somme de se remettre au volant de la Volvo, avant de prendre place à ses côtés pour se rendre au poste de police de Wakhinane-Nimzath situé à un jet de pierres.

Dès son arrivée, précise-t-on dans l’enquête, Mame Cheikh Niasse, très agité, est vite pris en charge par les enquêteurs devant qui, loin de se débiner, il revendique la paternité des propos rapportés par l’agent de police. Lorsque les enquêteurs saisissent son téléphone et fouillent la galerie où ils découvrent la vidéo montrant l’agent de police en train de réguler la circulation, Mame Cheikh Niasse reconnaît l’avoir filmé, mais s’empresse de déclarer : «Je ne l’ai pas fait pour le mettre dans la toile, mais c’est juste pour me protéger afin qu’il ne raconte pas autre chose sur moi.»  Dans la vidéo, Mame Cheikh Niasse est trahi par sa voix qu’il a malencontreusement enregistrée, lorsqu’il hurlait à l’endroit du policier : «Mane Falé Wouma Police Sénégal, vous ignorez à qui vous avez à faire.»

Des faits et gestes qui ont constitué les délits d’outrage à agent de police dans l’exercice de ses fonctions, collecte illicite de données à caractère personnel et non-présentation de pièces afférentes à la conduite et à la propriété d’un véhicule automobile. Rapportés au Procureur, le maître des poursuites au tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye donne ainsi ordre au chef du poste de police de Wakhinane-Nimzath de placer Mame Cheikh Niasse en garde à vue, compte tenu de la gravité des faits. C’était le jeudi 23 septembre 2021. Entendu à son tour, sur procès-verbal, l’agent de police effectue sa déposition et relate dans les moindres détails son face à face houleux avec Mame Cheikh Niasse.

Le téléphone de type Iphone qui a servi à filmer l’agent de police a été saisi et placé sous scellé, de même que le véhicule Volvo immobilisé à l’entrée du poste de police, en attendant que la famille du défunt présente les pièces afférentes à sa conduite (la carte grise et la police d’assurance).

Au terme de sa garde à vue, Mame Cheikh Niasse, déféré au parquet pour les délits cités ci-dessus, a été placé sous mandat de dépôt, avant d’être transféré à l’hôpital A. Le. Dantec où hélas, la grande faucheuse l’a emporté.