NETTALI.COM – Le gouvernement a, durant ces dernières années, initié des projets pour désenclaver la Casamance. Cela est perçu comme une manière d’éclipser Ousmane Sonko, dans la région sud du pays. Enquête, à travers sa livraison de ce samedi, pose le débat.
Si l’inauguration du pont sénégambien, censé désenclaver le sud du Sénégal, ne lui aura pas permis de freiner la déferlante Sonko, le régime de Macky Sall entend mettre les bouchées doubles dans la mise en œuvre des projets de développement de la Casamance : travaux du pont de Marsassoum, de la boucle du Boudié, de celle de Kalounayes ; réhabilitation de la route Sénoba - Bignona et des ponts de Tobor, Emile Badiane, Baïla et Diouloulou ; la modernisation des aéroports de Ziguinchor et de Cap Skirring, et le développement de l’agropole Sud. Cette série d’ouvrages doit assurer le désenclavement complet de la région de Ziguinchor, dans la perspective du 20e anniversaire du naufrage du “Joola’’. Par ailleurs, la tournée présidentielle à Sédhiou et à Ziguinchor, dont la date reste à déterminer, aura pour but de donner un coup de fouet à ce “Plan Marshall’’ pour la Casamance en général.
D’après El Malick Ndiaye, secrétaire national à la communication du Pastef/Les patriotes, l’ancrage local de Sonko est déjà une réalité politique dans la ville de Ziguinchor et dans toute la région. A l’en croire, la stratégie gouvernementale pour contrer l’influence de Sonko dans la région naturelle de la Casamance constitue la preuve irréfutable qu’il est devenu un élément incontournable sur la scène politique casamançaise. “Nous savons que les agissements du président Macky Sall et de ses lieutenants en Casamance ne visent qu’à faire chuter Sonko dans son fief. C’est leur objectif. Mais, malheureusement, les Ziguinchorois et plus largement les Casamançais restent fidèles à Sonko. Sur ce, nous travaillons chaque jour à étendre les structures et la notoriété du Pastef, à travers la partie sud du pays’’, indique-t-il.
Pour Moussa Diaw, enseignant chercheur en sciences politiques, la voie vers un destin national passe par une bonne assise politique pour Ousmane Sonko, dans la mesure où le leader des patriotes doit donner des gages dans sa capacité à gouverner et à gérer les affaires publiques. D’après lui, cet apprentissage doit d’abord s’effectuer sur le plan local, avant de s’élargir sur le plan national. “Il est important pour Sonko d’avoir une base politique et de gérer une grande ville comme Ziguinchor. Il pourra y constituer des réseaux solides dans cette ville qui pourrait, dans une échéance proche, constituer une rampe de lancement pour aller conquérir les suffrages sur le plan national. C’est toujours bon, pour un politique, d’acquérir une légitimité locale. Un leader a besoin d’une équipe qui lui permet d’assurer une gouvernance locale qu’il pourra élargir sur le plan national, au moment venu’’, déclare l’universitaire.