NETTALI.COM - Les populations des villages impactés par le projet du pôle urbain Dagga Kholpa sont dans une colère noire. Elles ne comprennent pas l’attitude de l’Etat du Sénégal dans la mise en œuvre de son projet du pôle qui a pris une grande partie de leur assiette foncière. Constituées en collectif, ces populations exigent de l’Etat de leur présenter des garanties préalables à la mise en œuvre du projet.
Les villages de Dagga, Kholpa, Boukhou, Diass, Mbayard, Kawsara, Toglou Wolof et Kandam sont ceux qui sont impactés par l’érection du pôle urbain Dagga Kholpa, initié par décret n°2013- 1038 du 25 juillet 2013 couvrant une superficie de 2 870 hectares. Ce décret a été renforcé par un décret de répartition signé le 4 juin 2021 par le président de la République Macky Sall. Dans ce dernier document, plus de 3 000 hectares sont réparties entre des projets de l’Etat, des zones de recasement dont celui des Lébous de Ouakam et de Yoff, des projets privés et des zones d’extension de certains villages…
Dans ce sens, les populations des villages impactés se sont organisées en collectif pour la défense des intérêts des villages impactés par le pôle urbain Dagga-kholpa. Elles ont exprimé leur opposition farouche à la réalisation de ce projet dans les termes définis par les décrets concernés.
Dans un mémorandum parcouru par Enquête, le collectif explique : “Force est de constater que la réalisation du pôle a rencontré la réticence des populations de la commune de Diass qui n’adhèrent pas à ce projet. Ces dernières sont en passe de subir une injustice, suite à l’attribution de leurs terres à ce projet, marqué par des irrégularités notoires sur le plan administratif.’’
Dans ce sens, lit-on dans le document, “le collectif déplore cette attitude regrettable de l’État et des autorités en charge du projet et s’indigne profondément contre la non-implication de la population dans le processus de pilotage et de mise en œuvre du pôle urbain Daga Kholpa. Les populations des villages impactés, jusque-là ignorées, ne sauraient accepter, sans garanties préalables, un projet aux conséquences certaines sur les conditions de vie économique et socioculturelle de la population.
Par conséquent, le collectif et l’ensemble des mouvements et associations de la commune de Diass rejettent à l’unanimité ledit projet au vu de ses impacts négatifs’’. En effet, précise le collectif, ce projet est le symbole du renforcement de la mainmise de l’Etat sur les terres de Diass. “Une importante partie des terres de la commune de Diass est occupée par les projets de l’État : l’aéroport Blaise Diagne de Diass (4 500 hectares déjà clôturés dont 80 % dans la commune de Diass) et 4 000 autres hectares bloqués par l’AIBD comme zone de sauvegarde. Ce qui fait un total de 8 500 hectares rien que pour l'aéroport. La Zone économique spéciale intégrée (718 ha), une grande partie du futur port de Ndayane, soit 600 hectares, le site des gros-porteurs (100 ha), la base de vie de Saudi Ben Laden Group (100 ha), la centrale photovoltaïque de Kawsara (40 ha), la centrale électrique (9,5 ha), etc.’’, détaille le document. A cela s’ajoutent, “des entreprises privées qui occupent aussi de vastes portions de nos terres dont la Siagro (plus de 20 hectares), Van Oers Senegal (plus de 1 000 ha). Nous dénombrons une vingtaine de carrières qui occupent à elles seules plus de 2 000 ha dont les Ciments du sahel, la cimenterie Dangote, la société Sofamac, etc. Sans oublier les 50 ha de Quality fruit Sénégal, etc.’’, à en croire les responsables du collectif, ces projets “privent les villages de la commune de toute possibilité d’extension pour satisfaire la demande de logement des administrés sans compter les potentielles activités agricoles en voie de disparition.
L’implantation d’un pôle urbain (dans une commune vaste que de 106 km2, avec une population de plus de 60 000 habitants), viendra accentuer leur désarroi.
De plus, pensent-ils, “le pôle urbain Daga Kholpa entrainera l’expropriation et la perte de moyens de subsistance de milliers de paysans, se retrouvant sans aucune mesure d’accompagnement et de compensation à notre connaissance. La survie de centaines de familles dépend, faudrait-il le rappeler, de l’exploitation de ces terres. En outre, ces terres représentent l’appartenance à une tradition, symbolisent l’affirmation de notre identité culturelle saafi, assurent la sécurité alimentaire et garantissent l’accès à un logement adéquat à la communauté, surtout pour les générations futures’’.