NETTALI.COM- 20 ans de réclusion criminelle, c’est la peine qu’encourt l’accusé, Abdou Karim Pouye, attrait à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour assassinat de son jeune frère en mai 2018. Il sera fixé sur son sort le 13 décembre prochain.
15 mai 2018 ! Un drame familial s’est produit chez les Pouye. Abdou Karim Pouye a commis l’irréparable en tuant son frère consanguin, Cheikh Adramé Pouye, suite à une bagarre qui s’est éclatée entre eux. En effet, il ressort de la genèse des faits que c’est vers 21h que les éléments de la brigade de Diamniadio ont reçu un appel informant que le nommé Abdou Karim Pouye avait porté un coup mortel à Cheikh Pouye, son frangin. Un transport sur les lieux a permis d'arrêter le mis en cause et de saisir l'arme du crime. Les premiers éléments de l'enquête renseignent que tout est parti d'une dispute entre l'accusé et Rokhaya Ciss. Il s'en est suivi une bagarre entre l'accusé et son frère. C'est cette bagarre qui a conduit à la mort de Cheikh.
L’accusé a reconnu les faits en soutenant que les rapports avec sa famille se sont détériorés après la mort de son père. « On m'insultait souvent au sein de ma famille. Même dans la rue, les gens savaient que je suis né hors mariage, c’est-à-dire un enfant naturel », raconte-t-il. S’agissant des faits proprement dit, il a semblé évoquer la légitime défense pour se tirer d’affaires. « J'ai envoyé El Hadji Pouye pour qu'il parle avec Rokhaya. Cette dernière m'a insulté en me rappelant que je suis né hors mariage. On a appelé Cheikh et, quand il est venu, il m'a frappé. Il m'a même étranglé et j'ai riposté. Il est allé chercher une machette et je suis allé prendre un couteau. Je me suis défendu », souligne-t-il tout en précisant qu’il n’a jamais eu de problème avec Cheikh. « C'est en tombant que Cheikh s'est blessé avec mon couteau », se défend-il.
Une version battue en brèche par les différents témoins. Mansour Dione l’a même enfoncé. A l’en croire, l’accusé était armé d’un couteau et ne cessait de proférer des menaces à l'endroit des membres de sa famille. « Il a laissé la victime couchée au sol et gisant dans une mare de sang. Il a rendu l'âme bien avant son évacuation à l'hôpital », dit-il. Rokhaya Ciss, épouse d'un des petits-frère de l'accusé a abondé dans le même sens en accusant ce dernier. « Il a dit qu'il allait me tuer. Lorsqu'il a commencé à me frapper, les gens sont venus nous séparer. Cheikh est sorti pour nous séparer. C'est ainsi que Abdou est allé chercher un couteau. Je n'osais pas l'insulter parce qu'il était armé. C'est après la mort de son papa qu'il est devenu belliqueux », souligne-t-elle.
Son époux a embouché la même trompette en dépeignant l’accusé comme quelqu’un qui était devenu agressif d’un seul coup et personne le comprenait.
L’avocat de la partie civile qualifie l’affaire de dramatique et délicate. Pour lui, cette famille a subi une plaie qui sera difficile de guérir. « Il a fait croire qu'il s'agit de légitime défense mais, ce propos a été battu en brèche par les témoins qui ont soutenu que la victime n'avait pas de machette. Il devait avoir le courage et la dignité d'assumer ses actes. L'aveu de ses actes auraient même permis de réparer cette déchirure que la famille a connu », a plaidé Me Babacar Ndiaye. Qui, estimant que les faits ne souffrent l'ombre d'aucune controverse dans la mesure où les déclarations des témoins établissent tout le contraire de ce qu'a dit le mis en cause, a demandé 200 millions de francs CFa pour la réparation du préjudice.
La représentante du parquet a demandé que l’assassinat soit écarté et requalifié en meurtre d’autant plus que c’est dans le feu de l'action qu'il est allé chercher un couteau. Elle a requis 20 ans de réclusion criminelle.
La défense a plaidé la disqualification des faits en meurtre avant de demander à la chambre de revoir le montant du préjudice réclamé par la partie civile.
La sentence sera connue le 13 décembre prochain.