NETTALI.COM – Abdoul Mbaye pointe "l’échec" du chef de l’Etat qui a récemment décidé de restaurer la Primature. L’ex-Premier ministre en est d’autant plus convaincu que, selon son argumentaire, aucun objectif n’a atteint pour redresser l’économie sénégalaise, pendant tout ce temps couvert par ce que l’on a pu appeler le Fast-track.
Invité du "Grand Jury" de la Rfm ce dimanche, Abdoul Mbaye, qui a été premier chef de gouvernement sous la présidence de Macky Sall, réagit à la restauration de la Primature.
Il réfute l’argument, défendu notamment par le Pr. Ismaïla Madior Fall, selon lequel la Primature a été restaurée pour alléger le fardeau, sur les épaules d’un Macky Sall qui va assurer la présidence de l’Union africaine dès 2022. "C’est ridicule comme argument", dénonce M. Mbaye, qui se demande, sur une note d’ironie, si, dans ce cas, au terme du mandat de Macky Sall le poste va encore être supprimé. "Le président de la République se rend compte qu’il s’est trompé tout simplement… Le président de la République ne peut pas s’occuper de la mise en œuvre de sa propre vision, de sa propre politique par des ministres qu’il déresponsabilisés. Le fast-track est impossible", déduit ce haut membre du Congrès de la renaissance démocratique (Crd).
Selon Abdoul Mbaye toujours, le chef de l’Etat n’a pas beaucoup de capacité d’anticipation. "C’est pourquoi, il y a ces allers et retours sur les décisions qu’il prend. Je crois qu’aujourd’hui, il faut apprécier la question sur le moment. Il se rend compte de ses capacités qu’il avait surestimées", ajoute l’ancien chef du gouvernement.
"Si Macky Sall revient au poste de Premier ministre, c’est qu’il constate son échec, un échec total et que nous avons souligné à la fin de l’année dernière dans un texte que nous avons intitulé +Macky Sall et ses alliés dans l’impasse+", se laisse convaincre. Parlant d’alliés du chef de l’Etat, il fait allusion à l’ouverture à Idrissa Seck et autre personnalités ayant rejoint la mouvance présidentielle.
A en croire l’ex-Pm, c’est d’autant plus "un échec", qu’avec la mise en œuvre des injonctions du Fonds monétaire international pour réduire le déficit budgétaire qui se situe à 6%, soit 1000 milliards F Cfa, le déficit des paiements extérieurs et les subventions, aucun objectif n’a atteint.
A la question de savoir si cet "échec" est relié aux contrecoups néfastes de la crise sanitaire, Abdoul Mbaye croit savoir que cette "impasse" a été annoncée avant l’avènement de la pandémie. Pour lui, il s’agit des conséquences "d’une mauvaise gestion".