NETTALI.COM – Le juge Demba Kandji ouvre ses carnets secrets. Pour la première fois il se prononce publiquement sur le procès de Khalifa Sall. L’alors président de la Cour d’Appel de Dakar dit ne rien regretter.
En juillet 2018, au procès en appel de Khalifa Sall, il est arrivé un jour où le public fut évacué de la salle d'audience du tribunal de Dakar. Hué par les affidés de l’ex-maire de ville, le juge Demba Kandji avait alors quitté la salle. Le président de la Cour d’appel avait ordonné une interruption de 10 minutes. Dans les colonnes de Sud Quotidien, ce mardi, celui qui est devenu médiateur de la République en remplacent de feu Alioune Badara Cissé, revient sur ces évènements.
Demba Kandi déclare avoir accueilli ces huées « avec sérénité ». « J’ai toujours été serein. Tout cela fait partie de la vie d’un magistrat », philosophe-t-il.
Quid des accusations de parti-pris portées à son encontre surtout après les décisions rendues sur l’affaire Khalifa Sall ? Le magistrat éclaire : « Je l’ai bien vécu. Ce qui est bon c’est la conscience qu’on a, quand on rentre chez soi. Ce qui est bon pour un magistrat, c’est se relire quarante ans après et ne pas se renier. Moi quand je relis ma décision, je sais ce que j’ai fait. J’invite les gens à me relire, à relire toutes les décisions que j’ai rendues. Quand on juge, on est jugé. Ce que le magistrat fait, reste. Ce sont des écrits ; qu’on me relise ! Ce ne sont pas que des déclarations verbales comme ça, maintenant à tête reposée, qu’on nous relise ! ».
Toutefois, Demba Kandji a voulu respecter l’obligation de réserve sur ce dossier et sur d’autres. « Vous savez que ce n’est très facile pour moi, même en ce moment, de parler de ces dossiers parce que nous autres magistrats, sommes liés par un serment dont nous ne pouvons pas être déliés. Nous sommes tenus par le serment que nous avons prêté, «ad vitam æternam». La procédure que j’ai eue à conduire, je ne peux pas en parler. Ce sera quand même une faute. Parfois on peut glisser facilement mais mon serment de magistrat me lie. Le dernier aliéna de celui-ci dit, «il (le magistrat) ne peut être délié de ce serment». C’est à cause de ça que je n’ai pas voulu moi en parler et c’est ce que je reproche certains de ma génération qui se permettent de parler de choses qui leurs sont interdites quand ils sont en activité », confie-t-il encore à Sud Quotidien.