NETTALI.COM - Malgré de "très bonnes performances des terminaux portuaires en Afrique" au troisième trimestre, le groupe Bolloré entend céder ses activités historiques - et rentables - de logistique en Afrique. Il est entré en négociations exclusives jusqu'à la fin mars avec l'italo-suisse MSC. Recentrage ou projets de croissance externe à venir ? L'annonce a en tout cas rassuré les actionnaires sur l'indice parisien.
L'action Bolloré grimpait de plus de 10% mardi dans les premiers échanges à la Bourse de Paris après l'offre de l'armateur italo-suisse MSC qui propose de racheter les activités de logistique en Afrique du groupe de Vincent Bolloré pour 5,7 milliards d'euros.
"Le groupe Bolloré annonce avoir reçu une offre du groupe MSC, acteur majeur du transport et de la logistique par conteneurs, pour l'acquisition de 100% de Bolloré Africa Logistics, regroupant l'ensemble des activités de transport et logistique du groupe Bolloré en Afrique, sur la base d'une valeur d'entreprise, nette des intérêts minoritaires, de 5,7 milliards d'euros", écrit l'entreprise.
Alors que l'armateur français CMA CGM et le danois Maersk devaient également étudier le dossier, Bolloré a finalement consenti à MSC (Mediterranean Shipping Company) une exclusivité jusqu'à fin mars 2022 pour négocier, a précisé le groupe. A l'issue de l'audit, l'italo-suisse pourra remettre, le cas échéant, "une promesse d'achat", précise-t-il dans un communiqué mardi.
A 09H10, le titre s'envolait de 10,24% à 4,78 euros dans un marché en hausse de 1,02%. A la mi-journée, le titre évoluait toujours à +9%.
Plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020
Activité historique du groupe diversifié, la branche Bolloré Africa Logistics possède des infrastructures dans plus de 20 pays sur le continent africain, notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.
Plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d'affaires, avec 2,1 milliards d'euros réalisés en 2020, sur un total de 24,1 milliards pour le groupe. Elle emploie plus de 20.000 personnes, selon Bolloré.
La vente d'une activité rentable
Canal+ a d'ailleurs été la principale contribution au chiffre d'affaires avec 2,5 milliards d'euros (+14%) au troisième trimestre. Aussi, son chiffre d'affaires a bondi de 25% à 5 milliards d'euros grâce à la croissance de ses principales activités de logistique, distribution pétrolière, et communication avec Vivendi.
Sa branche Transport et logistique a progressé sur la période de 34% à 1,9 milliard d'euros. Le groupe a indiqué bénéficier des "très bonnes performances des terminaux portuaires en Afrique."
Aussi, plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d'affaires, avec 2,1 milliards d'euros réalisés en 2020. Elle emploie plus de 20.000 personnes, selon le groupe.
La logistique pétrolière voit également ses revenus augmenter de 52% à 610 millions d'euros, une croissance due à "la hausse des prix des produits pétroliers et des volumes", explique-t-il.
Croissance externe ou simplification ?
Pour autant, maintenir l'activité logistique coût cher. Une note d'analyste publiée en octobre soulignait l'important besoin en "capitaux nécessaires pour cette activité".
Le groupe pourrait utiliser aussi le produit de la vente pour accroître sa part de marché dans la logistique mondiale (il est aujourd'hui neuvième), ou "poursuivre la simplification de ses structures et notamment procéder à un rachat d'actions", au bénéfice de la Compagnie de l'Odet (la holding de la famille Bolloré), avance Oddo BHF.
Les affaires africaines
Ses activités en Afrique n'ont pas été sans zones d'ombre. Accusé par la justice française d'avoir apporté son aide à des campagnes électorales en échange de l'attribution de concessions portuaires au Togo et en Guinée, le groupe a accepté en début d'année une convention comprenant une amende de 12 millions d'euros et une surveillance par l'Agence française anticorruption.
La juge avait cependant refusé d'homologuer la reconnaissance préalable de culpabilité acceptée par Vincent Bolloré (qui a laissé en 2019 les manettes du groupe à son fils Cyrille) et deux autres responsables. Leur dossier a été renvoyé à l'instruction.
(Avec AFP)