NETTALI.COM - Coordonnateur pôle Gouvernance de l’ONG 3D (Démocratie, développement local et droits humains), Cheikh Tidiane Cissé apporte des éclairages sur le niveau d’études d'un maire.
" La loi a, effectivement, prévu que pour être maire, il faut savoir lire et écrire. Quand on faisait la réforme, certains avaient même proposé de corser cette disposition, de prévoir qu’il faut savoir lire et écrire dans la langue officielle. Mais il y a eu des manœuvres qui ont fait que ce bout de phrase a finalement été abandonné. Mais il reste que la loi prévoit bien qu’il faut savoir lire et écrire. C’est un minimum. A mon avis, il faut un certain nombre de critères pour élire un maire. Au Niger par exemple, ils ont sérié le niveau d’études en fonction des collectivités concernées. Par exemple, pour être maire à Niamey, il faut au moins le Bac. Pour être maire, il faut au moins avoir le BFEM. Je pense que ce sont des réformes à encourager. Parce que nous avons des collectivités territoriales qui ont besoin de maires avec un certain niveau d’études", déclare Cheikh Tidiane Cissé dans EnQuête.
Il poursuit : " Pour une gouvernance territoriale efficace, il faut des maires qui soient à la hauteur, qui savent au moins lire et écrire. Je dirais mieux. Il faut des maires avec des études très poussées, surtout dans certaines collectivités. Par exemple, la ville de Dakar ne peut pas être dirigée par n’importe qui. Il faut avoir le niveau. On ne peut promouvoir un développement territorial sans des maires bien instruits. L’expérience montre effectivement que certains maires n’ont pas l’expertise pour booster le développement de leur territoire".
Quid de la réalité de la gestion municipale ? L'expert répond: " Si vous observez l’ensemble des collectivités du Sénégal, vous ne verrez pas une collectivité qui s’est développée avec, par exemple, un maire analphabète. Cela demande un minimum de niveau intellectuel, de connaissance, d’expertise et d’expérience et de qualification. Présider aux destinées d’une collectivité, il faut au moins savoir les enjeux des politiques publiques. Avec les anciennes communautés rurales, la plupart étaient dirigées par des analphabètes. Du coup, la gestion budgétaire est assurée par un assistant communautaire qui fait toujours appel aux compétences du percepteur municipal, du préfet ou d’autres compétences pour assurer sa mission. Autre exemple, un maire qui n’a aucune vision du développement, qui ne maitrise pas les outils de planification, ne peut pas diriger à bon escient une collectivité territoriale."