NETTALI.COM  - La coupe d'Afrique des nations (Can) ne se déroule pas dans les meilleures conditions pour les "Lions" du Sénégal. Entre blessures, cas de Covid-19 et programmation des matchs, des voix s'élèvent pour s'interroger sur l'utilité des dirigeants de la Fédération sénégalaise de football (Fsf). 

Le Sénégal a-t-il des dirigeants capables de faire entendre sa voix au sein des instances de la Confédération africaine de football (Caf)? Me Augustin Senghor et sa bande sont-ils capables de peser sur les décisions de la Caf ? En tout cas, de nombreuses questions se posent sur les compétences réelles des dirigeants sénégalais, surtout que les "Lions" ne sont pas du tout gâtés en cette première semaine de compétition. La preuve, le Sénégal a joué ses deux premières rencontres (contre le Zimbabwe et la Guinée) à 13 heures. Et la forte chaleur qui règne actuellement au Cameroun, n'a pas aidé l'équipe d'Aliou Cissé dont les joueurs évoluent en Europe dans des conditions climatiques totalement différentes. Une "injustice" qui a fini par énerver Sadio Mané. "Ce n’est pas évident. C’est malheureux de jouer deux fois de suite à 13 heures, alors que certaines équipes n’ont pas joué à cette heure-là. Ce n’est pas équitable. On n’est pas contents", a dénoncé la star de Liverpool à la fin du match nul (0-0) face à la Guinée.

Ne cherchant pas d'excuse, Mané ajoute : "Ce n’est pas une excuse, mais il y a des choses à améliorer. C’est une période difficile pour nous. Nous faisons avec les moyens que nous avons. Ca n’a pas été notre meilleur match, on le reconnaît. Maintenant, on veut oublier ce match et penser au prochain."

Pour beaucoup d'observateurs, cette sortie est plus adressée aux dirigeants sénégalais qui, selon les connaisseurs du football africain, pouvaient bel et bien peser de tout leur poids pour épargner aux "Lions" de jouer deux fois de suite sous cette forte chaleur.

A cela, il faut ajouter les cas de Covid-19 notamment dans la tanière. "Pourquoi le Sénégal n'a pas fait comme le Maroc alors que l'Etat a débloqué un budget conséquent ? ", s'interroge un journaliste sénégalais présent au Cameroun. A cause du Covid, le Maroc a en effet préféré voyager avec tout ce dont sa sélection a besoin, y compris des lits et un personnel pour gérer l'hôtel où séjournent les "Lions de l'Atlas".

Du côté du Sénégal, non seulement de telles mesures n'ont pas été prises, mais la présence de personnes telles qu'El Hadji Diouf commence à agacer certains. Diouf s'est même permis de participer à une soirée de gala avec ses amis Diomansy Kamara, Kalidou Fadiga et Alassane Ndour. N'est-ce pas un danger en cette période de Covid-19 ? D'ailleurs, pour ce qui est des tests Covid-19, un joueur comme Kalidou Koulibaly a montré sa colère de ne pouvoir jouer parce qu'il avait été testé positif. Menaçant même de quitter la tanière. Le joueur de Naples a exigé d'être testé une nouvelle fois avant le match contre la Guinée. Ce que la Fsf n'a pas pu obtenir.

Prétexte : ce n'est pas ce que prévoit le protocole. Le même protocole est pourtant dénoncé par une sélection comme celle du Burkina. "La vérité, c'est que depuis Mawade Wade, on n'a plus de dirigeants capables de taper sur la table et de se faire respecter par la Caf", regrette un observateur. Résultat : A cause du Covid-19 et du protocole de la Caf, le Sénégal joue sans son gardien de but, un des trois meilleurs du monde, sans Kalidou Koulibaly, un des meilleurs défenseurs du monde, sans Idrissa Gana Guèye qui vient de guérir du Covid après raté le derby face à la Guinée, sans le très  prometteur Bamba Dieng... Et rien n'assure que des joueurs comme Sadio Mané pourront jouer toute la Can.

Et comme si cela ne suffisait pas, il y a le cas Pape Gueye, le jeune milieu de l'Olympique de Marseille suspendu par la Fifa alors qu'il est en pleine compétition avec les "Lions". Les dirigeants sénégalais ne savaient-ils pas qu'une décision le concernant était attendue du côté de la Fifa? Avait-on besoin de prendre un tel risque ? Des questions qui sont pour l'heure sans réponse. Reste à espérer que la saisine du Tribunal arbitral du sport (Tas) prévue par l'Olympique de Marseille permettra au jeune Pape Guèye de poursuivre l'aventure avec les "Lions". En effet, une saisine du Tas rendrait suspensives les sanctions prises par la Fifa qui a suspendu le joueur et interdit de recrutement l'Olympique de Marseille, suite au contentieux l'opposant à Watford.

Les mêmes dirigeants sénégalais sont aussi pointés du doigt dans la gestion du cas Ismaïla Sarr sélectionné malgré une blessure qui l'éloigne des pelouses depuis des semaines. Malgré tout, le ministre des Sports, Matar Ba, le président de la Fsf, Me Augustin Senghor, et Abdoulaye Sow, ministre, vice-président de la Fédé et candidat à la mairie de Kaffrine, trouvent le moyen de battre campagne pour garder leurs fauteuils. Maire de Fatick, Matar Ba veut rempiler tout comme Augustin Senghor à Gorée. Un Sacré gros bordel en somme.

L'équation Aliou Cissé !

Sans occulter l'effet chaleur dont s'est plaint Sadio Mané, s'agissant des matchs joués deux fois de suite à 13 heures par les Lions, il convient de souligner que ces derniers subissent cet inconvénient climatique au même titre que les joueurs des équipes qu'ils rencontrent. N'aurait-il pas fallu trouver le moyen de faire des stages dans des zones où ces mêmes températures ont cours. Le Rwanda par exemple.

Si on ajoute à toutes les incuries de nos dirigeants, l'indigence du niveau de jeu de l'équipe nationale, le manque d'engagement des joueurs et les passages à vide des Lions lors de la 1ère mi-temps contre la Guinée et ce pénalty arraché à la dernière minute lors du 1er match, difficile de savoir le projet de jeu d'Alioune Cissé. Sans automatisme, ni fluidité dans le jeu, une attaque marquée par une absence notoire de tirs cadrés et ce jeu sans cesse à reculons, les Lions ne sont à ce stade de la compétition que l'ombre d'eux-mêmes. Le statut de favori sans doute justifié par les bons joueurs sur le papier et cette place de 1er qui ne signifie en réalité du tout si ce n'est le résultat de matches gagnés face à des équipes faibles, ne leur sied pas du tout. A la vérité, la tanière donne l'impression d'une équipe de "Dokh Dadjé" (de joueurs de quartiers qui se regroupent pour constituer une équipe).

Il n' y a décidément plus rien à attendre d'Aliou Cissé. Il a fini de prouver qu'il n'est pas à sa place. Il n'est ni bon tacticien, ni bon communicant et encore moins ce psychologue qui aurait pu insuffler cette culture du combat combinée à une expression du beau jeu. Cette qualité de combattant, n'est-ce pas celui qui lui a toujours valu des lauriers, tout "ouvrier" de l'équipe qu'il était. Il n'aura réussi qu'une chose, à anesthésier ses joueurs.

Et si l'on remonte l'histoire des prestations des Lions, on se rend bien compte que le jeu a toujours été moyen, le Sénégal ne gagnant que sur des coups d'éclat de joueurs. Ses changements poste par poste qui interviennent en général vers les fins de match et son jeu très stéréotypé, prouve à suffisance qu'il a du mal à changer de tactique, lorsque la situation le requiert. Déficit de science, devrait-on dire !

Si le Sénégal va loin dans cette Can, il la vaudra certainement à une prise de responsabilités de ses joueurs, mais pas au génie de Cissé. Il nous faudra aussi et surtout beaucoup de chances. Jouer la finale n'est plus un objectif. C'est gagner la coupe qui l'est. Mais avec le spectacle qu'on voit, ce sera un objectif bien difficile hélas.  Miraculeux sans doute.