NETTALI.COM - Credit Suisse, le numéro deux du secteur bancaire helvétique, encaisse un nouveau choc avec la démission de son président, le Portugais Antonio Horta-Osório, éclaboussé par des révélations autour des règles de quarantaine qu'il avait enfreintes.
La démission de M. Horta-Osório, qui avait promis de remettre la gestion des risques et les responsabilité personnelles au coeur de la culture de la banque après une série de scandales, entre en vigueur avec "effet immédiat", a indiqué la banque dans un communiqué.
Credit Suisse a confié le poste à Axel Lehmann, qui avait rejoint le conseil d'administration en octobre à l'issue d'une assemblée générale extraordinaire en tant que responsable du comité de gestion des risques.
Le conseil d'administration a dit respecter la décision de M. Horta-Osório, mettant en avant la "vaste" expérience de M. Lehmann, présenté comme le candidat idéal pour mener à bien "la transformation stratégique et culturelle de la banque".
Ancien cadre dirigeant de la banque concurrente UBS, ce banquier suisse, né en 1959, a également exercé près de vingt ans au sein de l'assureur suisse Zurich Insurance. Pour officialiser sa présidence, le conseil d'administration proposera sa candidature lors de la prochaine assemblée générale prévue pour le 29 avril.
Lehmann renonce pour cette raison à sa candidature chez l'assureur Helvetia, dont il devait reprendre la présidence en 2023, a annoncé la compagnie d'assurance suisse dans un communiqué séparé.
La démission de M. Horta-Osório intervient huit mois et demi seulement après son arrivée aux commandes.
Il avait été élu fin avril 2021, en pleine tourmente, alors que la banque avait été secouée en mars par la faillite de société financière britannique Greensill, dans laquelle quelque 10 milliards de dollars avaient été engagés par le biais de quatre fonds, puis par l'implosion du fonds américain Archegos, qui avait coûté plus de 5 milliards de dollars à la banque.
- Culture de la "responsabilité personnelle" -
Auréolé d'une solide réputation pour avoir redressé avec succès la banque britannique Lloyds, il avait d'emblée promis de remettre la gestion des risques au coeur de la culture de la banque.
Mais en décembre, son image a été ternie par des révélations dans la presse autour des règles de quarantaine qu'il avait enfreintes.
Le tabloïd suisse Blick avait révélé qu'il était revenu de Grande-Bretagne à bord d'un jet privé et n'avait pas respecté les règles de la quarantaine imposées par la Suisse aux voyageurs en provenance de certains pays après l'apparition du variant Omicron.
Selon le tabloïd, il aurait cherché à savoir s'il pouvait "être libéré de la quarantaine" ou si celle-ci "pouvait au moins être raccourcie". Malgré une fin de non-recevoir de la part des autorités cantonales et fédérales, il avait repris l'avion pour se rendre dans la Péninsule ibérique, avait affirmé le tabloïd.
Horta-Osório avait présenté ses excuses mais d'autres révélations sur les quarantaines avaient suivi. Le conseil d'administration avait lancé une enquête.
"Je regrette qu'un certain nombre de mes actions personnelles ait conduit à des difficultés pour la banque et compromis ma capacité à représenter la banque à l'interne et à l'externe", a-t-il déclaré dans la communiqué. "Je pense par conséquent que ma démission est dans l'intérêt de la banque", a-t-il ajouté, tout en mettant en lumière le réalignement stratégique qu'il a mis en place depuis son arrivée à la tête de la banque.
A 09H17 GMT, l'action perdait 2,03% à 9,35 francs suisses, à contre-tendance du SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en hausse de 0,41%.
António Horta-Osório a perdu ses soutiens au bout de "juste huit mois", a réagi Michael Foeth, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, soulignant que ces révélations autour du non-respect des règles de quarantaine avaient créée un "problème de crédibilité" pour quelqu'un qui avait mis la culture de "responsabilité personnelle" au coeur de la transformation de la banque.
Avec AFP