CONTRIBUTION - Pour la première fois depuis son accession au pouvoir, la coalition du Président Macky SALL vient d’être sanctionnée négativement à Kaolack, en perdant les élections locales du 23 janvier 2022. La liste Benno Bok Yakaar, dirigée par Mohamed NDIAYE RAHMA, n’a obtenu que 13000 voix (23%) contre 36000 (66%) bulletins favorables à la coalition « AND NAWLE » portée par Sérigne Mboup soit un écart de 23000 voix.
Cette défaite éhontée peut effectivement être considérée comme une déroute : tous les bureaux de votes de la commune à l’exception du centre de vote de Kabatoki qui regroupe cinq bureaux sont tombés dans l’escarcelle de la coalition AND NAWLE.
Il faut rappeler que le Président de la République avait remporté l’élection présidentielle avec plus de 70% des suffrages en 2019, près de 58% lors des législatives de 2017, et plus de 60 % pendant le referendum de 2016.
Ce résultat inédit (23%) nous invite à étudier de près la raison de cette déroute.
Dès le début des investitures, les kaolackois s’étaient indignés du choix de la tête de liste pour la commune, au vu de toutes les questions qu’elles avaient suscitées :
- Pourquoi ce changement de candidat en ignorant les militants qui ont toujours gagné les élections et ont contribué à implanter le parti à Kaolack ?
- Comment confier une commune comme Kaolack, avec ses ressources humaines de qualité, à un politicien sans expérience?
- Et surtout doit-on cautionner l’immoralité en politique ?
Cette dernière interrogation a beaucoup pesé sur la balance. Car un candidat qui a utilisé son épouse comme escalier pour son ascension personnelle et qui veut « récupérer » son poste de maire par de grandes manœuvres de diabolisation et de liquidation politique est capable d’utiliser la mairie à d’autres fins. Ce comportement aux antipodes de l’éthique, il existe une éthique en politique, et du gentleman agreement aura ainsi coûté la victoire à la coalition BBY dans le Saloum avec la perte de 8 des 14 communes qui étaient toutes dirigées par la mouvance présidentielle, (Kaolack, Kahone, Sibassor, Ndiedieng, Thiaré, Ndoffane, Dya et Ndiebel).
En plus des tares de la tête de liste, l’implication de jeunes marabouts avec des sorties inopportunes, loin du rôle attendu d’eux ainsi que les menaces et violences qui ont suivi la campagne électorale ont participé à cette cuisante défaite.
Le sens de ce scrutin est donc à analyser, pour apporter les correctifs urgents afin de remobiliser la base, eu égard à la proximité des élections législatives que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, au vu de leur enjeu crucial.
Une défaite a toujours des responsables. Dans ce cas précis ce sont ceux qui ont porté la liste de notre coalition en affirmant urbi et orbi avoir la légitimité et le leadership à la place des responsables historiques de la coalition dont le parcours sans faute au plan politique avait permis à la mouvance présidentielle de régner sans partage dans le Saloum depuis 2012 qui doivent assumer leur échec patenté du 23 janvier dernier. Non le Président Macky Sall est toujours dans le cœur des populations du Saloum, c’est plutôt Mamadou Ndiaye Rahma qui a été honni.
Il ne s’agira point d’une chasse aux sorcières, mais d’une analyse froide de la situation car désormais on sait ceux qui pèsent dans la ville de Mbossé, Ces élections locales ont le mérite de nous rappeler que la vraie légitimité politique est celle qui émane du peuple.
Les accusations de vote sanction brandies par les perdants qui refusent d’endosser la responsabilité de leur déroute historique est ridicule.
Si l’on se rappelle que tous ces ténors de la scène politique locale s’étaient fermement dressés contre la candidature du maire sortant sous le prétexte fallacieux qu’elle était impopulaire, et que si elle était reconduite tête de liste leurs voix réunies lui barreraient la route de la Commune. Comment pourrait-on accepter aujourd’hui que ces tigres en papier, revenus en lambeaux de leur combat, osent l’accuser de vote-sanction ?
Ou alors serait-ce un aveu implicite de leurs médisances dont ils devront répondre. Car elles ont couté à la coalition de la majorité présidentielle une victoire qui lui était assurée, avec la candidature du maire sortant, mais contre laquelle ils se sont dressés contre vents et marées.
Le temps est le meilleur des juges. Nous restons dignes et magnanimes. Car ce qui compte, après tout, ce sont les retrouvailles républicaines à défaut d’être fraternelles. Les défis qui nous attendent sont immenses alors retroussons nous les manches !
Mayécor NDAO, enseignant à Kaolack